Depuis le 2 avril, une grève dure s’était installée. D’un côté, les éboueurs demandaient une augmentation de 300 euros et de nettes améliorations des conditions de travail. Aidés par des « gilets jaunes » et des syndicalistes de Solidaires (le regroupement des « SUD »), ils bloquaient le dépôt de Vénissieux, retardant le départ des quelques camions qui tournaient encore.
De l’autre côté, la direction de Pizzorno proclamait qu’elle ne céderait pas, considérant les « revendications irréalistes ». Elle n’hésitait pas à recourir à des intérimaires en nombre pour tenter de collecter les ordures malgré une majorité de grévistes.
Mais en un jour, jeudi 18 avril, tout s’est débloqué. Sous une triple pression :
- Les déchets s’entassaient dans les rues du 3e, 6e et 8e arrondissement de Lyon, de Villeurbanne, de Vaulx-en-Velin et de Bron. Sous l’effet d’une grève qui ne faiblissait pas et qui concernait, selon les chiffres, entre 60 et 80 personnes sur environ 120 personnes à la collecte. A quelques exceptions près, seuls des intérimaires travaillaient.
- La Métropole de Lyon qui avait confié ce marché de la collecte des ordures à Pizzorno a rappelé régulièrement l’entreprise à ses obligations, lui demandant « d’assumer ses responsabilités et de trouver une issue à la grève dans les plus brefs délais ». Faute de quoi, des « pénalités financières » devaient être instaurées à partir de jeudi.
- Alors que la direction de Pizzorno avait assigné dix grévistes devant le tribunal de grande instance, la justice a donné raison aux éboueurs. Pour le juge lyonnais, le piquet de grève ne constituait pas une « entrave à la liberté de travail ». Sans évacuation autorisée par la justice, le blocage du dépôt de Vénissieux pouvait donc continuer.
Après un 17e jour de grève, forts de cette décision de justice, les représentants de Solidaires ont pu entamer de nouvelles négociations avec un rapport de force favorable. Et après cinq heures de discussion, la direction de Pizzorno a fini par lâcher.
Une prime mensuelle et une amélioration des conditions de travail pour les éboueurs de Pizzorno
Pizzorno n’a pas souhaité communiquer sur les raisons de la reprise du travail ce vendredi matin.
Selon nos informations, le protocole de fin de conflit signé jeudi entre le syndicat Solidaires et la direction prévoit des avancées significatives pour les éboueurs.
Les grévistes, qui revendiquaient 300 euros d’augmentation, ont obtenu une « prime de qualité Métropole de Lyon » de 65 euros brut par mois. Elle s’ajoute au 2,1% d’augmentation des salaires qui résulte d’un accord signé le 15 mars dernier.
Par ailleurs, six jours de grève seront payés et les éboueurs pourront poser quatre jours de congés pour remplacer des jours de grève. Les retenues de salaire seront lissées jusqu’en septembre 2019.
S’agissant des conditions de travail, plusieurs améliorations ont été actées, notamment :
- Les éboueurs ne seront plus obligés de monter dans la benne pour la nettoyer. Une question de « dignité », plaidaient-ils.
- Un interphone pour les ripeurs sera installé sur les « 34 camions de la collecte » afin de communiquer plus facilement avec le chauffeur.
- Les frais des « sorteurs » de poubelles seront pris en charge à hauteur de 50%.
- De meilleurs gants, « ceux utilisés par le Grand Lyon » et de meilleures chaussures seront utilisées.
Toujours selon nos informations, la direction de Pizzorno a tenu à faire préciser dans le protocole de fin de conflit que ces mesures ne concerne que l’agence de Vénissieux. Le groupe redoute naturellement un effet de contagion. Et ces augmentations salariales et autres améliorations des conditions de travail pourraient donner des idées aux autres salariés.
Selon la Métropole de Lyon, Pizzorno s’est engagée à « conduire des opérations de rattrapage vendredi et samedi » pour un retour à la normale en fin de semaine.
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