Une fois de plus, le préfet du Rhône cajole les commerçants. Pour justifier la prise d’un tel arrêté restreignant fortement une liberté fondamentale, la préfecture du Rhône évoque, dans un communiqué de presse, l’« efficacité » de cette mesure d’interdiction de manifestation :
« Les dégradations ont significativement baissé, les manifestations ont pu se tenir (bien que 3 individus aient été interpellés pour violences, dont un en possession d’une massue) et l’activité commerciale du centre-ville a peu été impactée ».
Les contrevenants pouvant être sanctionnés d’une amende de 135 euros, l’effet dissuasif d’une telle mesure a incontestablement marché.
La préfecture oublie toutefois de préciser que les deux manifestations (celle des « gilets jaunes » et celle contre la loi anti-casseurs), étaient déclarées. Ce qui, pour « les gilets jaunes » constituaient une exception.
Heureusement qu’en matière d’ordre public, des manifs déclarées se déroulent mieux que les manifs sauvages.
Dans un communiqué publié mercredi, des membres de l’assemblée de Lyon des « gilets jaunes » pointent, au contraire, la responsabilité de la police dans les « troubles » survenus samedi 13 avril au bas des Pentes de La Croix-Rousse. Et dénoncent « le dysfonctionnement des services de maintien de l’ordre” :
“les forces de l’ordre ont décidé de détourner inopinément le parcours prévu semant la panique et causant, par ce fait, des incidents (…) Les forces de l’ordre ont notifié à la tête du cortège pacifique que la manifestation ne pourrait finalement pas emprunter le tracé initial via la rue Puits-Gaillot et la Place des Terreaux en raison d’un “manque de place. Cette notification intervenant au dernier moment – à l’instant même où le cortège arrivait au point de bifurcation – sema instantanément le trouble. (…) Nous saluons le sang-froid collectif des manifestants qui, ne cédant pas à la panique – après, nous le rappelons, deux changements de parcours inopinés et un gazage violent – poursuivit sa manifestation dans la bonne humeur et avec détermination”
Le porte-parole de la préfecture du Rhône rejette cette vision du maintien de l’ordre, le samedi 13 avril :
« Quand la manifestation est entrée dans les rues étroites du centre-ville, des casseurs ont commencé à jeter des projectiles sur les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Il s’agit d’un usage proportionné de la force. Il n’y avait pas de volonté de dévier le parcours. »
Un périmètre d’interdiction quasi identique pour les « gilets jaunes » lyonnais
A l’heure où nous publions cet article, pour l’acte XXIII des « gilets jaunes », aucun parcours n’a été déposé en préfecture.
Ce samedi 20 avril, toute manifestation sera interdite entre 12h et 20h dans un périmètre compris entre le nord de la place Bellecour et le sud de la place des Terreaux; et entre la rue de la République à l’est et les rues de Brest/Chenavard à l’ouest. Les deux places de la Presqu’île resteront accessibles.
Comme la semaine dernière, donc. A deux exceptions près : la rue Joseph Serlin et la rue Colonel Chambonnet sont exclues du périmètre.
Afin de concilier ordre public, liberté de manifester, liberté d’aller et venir et liberté de commercer, le préfet a décidé d’interdire les #manifestations du samedi 20 avril 2019 de 12h à 20h dans le périmètre ci-dessous⬇️ pic.twitter.com/WS536OkX8y
— Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) April 18, 2019
Interdiction de manifester à Lyon ce samedi : les commerçants de l’hypercentre cajolés

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