Benoît Crebassa habite depuis deux ans au 15 de la rue de Gerland. Cette résidence récente d’une soixantaine de logements abrite un beau jardin au milieu des quatre bâtiments qu’entoure une haute barrière.
Ce samedi 6 avril, vers 17h30, il regardait un film avec sa compagne quand il a entendu du bruit dans l’impasse qui longe son bâtiment. Intrigué, il est allé à la fenêtre et a vu des individus poursuivis par des policiers en civil. Lesquels ont tiré « au moins un coup » de Lanceur de balle de défense (LBD).
Il n’a pas été particulièrement surpris. Lui qui se présente comme un « militant non-violent » est un habitué des manifestations. Il s’est dit que cela devait avoir un rapport avec l’« acte XXI » des « gilets jaunes ».
En voyant un jeune sauter la barrière, il a décidé de descendre pour « se rendre compte ».
Devant l’entrée du bâtiment, trois policiers entouraient un jeune homme.
« C’était un adolescent, raconte Benoît Crebassa. Je leur ai dit de partir, qu’ici, c’est une résidence privée, qu’ils n’avaient rien à faire là ».
Il poursuit :
« Un policier s’est précipité sur la porte et m’a mis une claque sur la joue qui a fait voler mes lunettes. J’ai reculé mais il a continué d’avancer et m’a fait tomber dans le sas qui mène au local à poubelles. Là, j’ai pris trois coups de matraque, deux sur le bras et un autre sur le genou. »
Un certificat médical que nous avons pu consulter indique des hématomes sur l’avant-bras gauche, le genou droit et une ITT d’un jour.
Ce salarié de 35 ans d’une entreprise de travaux sur cordes s’est également vu reconnaître un arrêt de travail de cinq jours.
Benoît Crebassa va porter plainte dans les prochains jours :
« C’était une expédition punitive. Ces policiers avaient la haine. Et je l’ai subie. »
Grenades lacrymogènes et coups de matraque au milieu du jardin
Un voisin de Benoît révisait ses examens avec le casque sur les oreilles. C’est la fumée des grenades lacrymogènes qui l’a importuné.
Il est allé sur son balcon. Il témoigne anonymement :
« Il y avait de la fumée mais je pouvais distinguer une dizaine de policiers courir après une vingtaine de personnes. C’était le bordel. Tout le monde courait de partout dans le jardin de la résidence. »
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