Ses propos tenus en 2015 lui valent donc de la prison avec sursis quatre ans après. En janvier 2015, à l’occasion du 70e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, il avait publié des messages à caractère antisémite. « Joyeux anniversaire Auschwitz. 70 ans de business ça commence à faire » avait ainsi été diffusé sur les comptes Twitter et Facebook du GUD Lyon, dont le Bastion Social est la nouvelle vitrine.
Ce commentaire accompagnait une illustration. Elle consistait en un détournement de l’étiquette des bouteilles d’Oasis où l’on peut lire l’inscription « Shoasis ». On y voit des ananas portant des étoiles jaunes et des pyjamas rayés évoquant ceux des prisonniers des camps avec l’inscription du portail du célèbre camp de concentration « Arbeit macht frei ». « Teneur garantie : 6 millions au Zyklon B » en sous-titre.
Plus d’amende mais six mois de prison avec sursis à la place
À l’audience en juin 2018, il s’était défendu en invoquant l’humour, le second degré et sa liberté d’expression. Elle avait été l’occasion de dévoiler un peu plus le personnage. La perquisition menée à son domicile de l’époque avait été largement détaillée. Cartes postales à l’effigie d’Adolf Hitler, de la Wehrmacht, textes réécrivant l’histoire d’Oradour-sur-Glane, issus de collaborateurs ou écrits de Léon Degrelle ou encore l’Ave Europa un chant à la gloire de la Panzerdivision avaient été retrouvés chez lui.
Deux mois plus tard, il était finalement condamné pour incitation à la haine raciale et à 20 000 euros d’amende ainsi que 3000 euros au titre des dommages et intérêts à l’égard de la partie civile, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), et au remboursement des frais de justice de cette dernière pour 1500 euros.
Il avait décidé de faire appel de ce jugement.
La cour d’appel de Lyon a rendu son arrêt ce jeudi 28 mars 2019. Elle confirme la condamnation en première instance pour incitation à la haine raciale ainsi que la prescription de l’accusation pour apologie de crime contre l’humanité. Concernant la peine, elle a eu en revanche la main plus lourde. Elle s’est alignée sur les réquisitions du procureur en première instance, en condamnant Steven Bissuel a six mois de prison avec sursis avec une mise à l’épreuve de deux ans. Il devra en outre verser 1500 euros à la Licra au titre des frais de justice.
Les ennuis s’accumulent pour le Bastion Social depuis la condamnation
Au moment des faits, Steven Bissuel avait 21 ans. Il était le leader du GUD Lyon. Au moment de son jugement, il avait pris du galon et était le leader national et local du Bastion Social, la nouvelle mouture du GUD. Au moment de cette condamnation en appel, il n’a officiellement plus de responsabilité au sein de l’organisation nationaliste. Il a en effet été remplacé peu de temps après le jugement en première instance dans cette affaire par le leader de la section strasbourgeoise du Bastion Social.
Depuis cette condamnation, Steven Bissuel est en retrait de l’organisation nationaliste. Cette dernière vit d’ailleurs des temps plutôt mouvementés. À Lyon, son local a été interdit au public par la mairie de Lyon en novembre 2018, même s’il reste encore utilisé. Ce dernier week-end de mars, c’est le local de Chambéry qui va fermer. En février, le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé avoir demandé au ministère de l’Intérieur d’engager les mesures visant la dissolution du Bastion Social.
Plusieurs membres du mouvement nationaliste ont été récemment condamnés. Le Bastion Social avait annoncé la création d’un fonds d’aide à ses membres condamnés et pour certains incarcérés. Deux d’entre eux, de la section de Marseille, sont actuellement en prison. Ils ont été condamnés à six mois de prison le 27 juin dernier pour avoir roué de coups un gendarme et un de ses amis guadeloupéen lors d’une séance de collage nocturne dans le 5e arrondissement de Marseille. À Lyon, un hooligan proche du Bastion Social a été condamné à dix-huit mois de prison. Il était impliqué dans le passage à tabac d’un policier en marge du match OL-CSKA Moscou aux abords du Groupama Stadium à Décines.
Enfin, Steven Bissuel reste mis en examen pour des violences en marge d’un concert « antifasciste » en avril 2018 à Lyon. Il a toujours interdiction de se rendre dans le 5e arrondissement de Lyon entre 22h et 6h.
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