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Le silence du cardinal Barbarin condamné par la justice : chronologie d’un scandale d’Eglise

[Article régulièrement mis à jour] Six mois de prison avec sursis. C’est la peine à laquelle le cardinal Philippe Barbarin, évêque en exercice de Lyon, vient d’être condamné ce jeudi 7 mars. A l’issue de débats très vifs et émouvants tenus devant la 17e chambre correctionnelle de Lyon, le procureur n’avait requis aucune condamnation à l’encontre du cardinal et de cinq de ses collaborateurs. Dans la matinée, les avocats de l’évêque ont annoncé faire appel de cette condamnation.

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Jugé pour non dénonciation d’atteintes sexuelles infligées à un mineur, le prélat âgé de 68 ans avait déclaré durant le procès n’avoir « jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles ». Philippe Barbarin évoquait ici les agressions reprochées au père Preynat dont il avait été informé très tôt, bien avant qu’une victime saisisse la justice en 2015.

Le cardinal Barbarin : « Je vais remettre ma démission »

Dans la foulée du rendu de la décision de justice, le cardinal a fait une annonce devant un parterre de journalistes, depuis le diocèse de Lyon à Fourvière. Il a déclaré :

« J’ai décidé d’aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission ».

C’est à dire qu’il souhaite s’adresser au Pape afin de quitter sa fonction d’évêque et patron du diocèse de Lyon. Reste au pape François de l’accepter ou non.

Pour rappel, l’audience du procès en janvier dernier avait permis aux victimes, réunies pour la plupart au sein de l’association La Parole libérée, de témoigner et d’accuser le silence très lourd de la part des instances religieuses.

Le parquet avait ordonné dès mars 2016 une enquête préliminaire qui avait pour but de faire la lumière sur les accusations de « non-dénonciation » d’atteintes sexuelles, et de « mise en péril de la vie d’autrui » durant le temps où le père Preynat a continué d’exercer. Cette enquête avait été classée sans-suite par le procureur de la République de Lyon du fait de la prescription. Ce qui avait amené La Parole libérée a saisir directement la justice.

« Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas transmettre à la justice »

Dans leur jugement, les juges ont séparé trois périodes concernant le cardinal Barbarin :

  • avant 2010, l’infraction de « non dénonciation n’est pas constituée »
  • pour 2010, année où le cardinal a convoqué le père Preynat qui n’a pas nié ses agissements, l’infraction est constituée mais les faits sont prescrits
  • à compter de juillet 2014, date à laquelle une des victimes du père Preynat a écrit directement au cardinal, l’infraction est constituée

Par conséquent, le cardinal est déclaré coupable de « non dénonciation de mauvais traitements, privations ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de 15 ans commise depuis depuis juillet 2014 et jusqu’au 5 juin 2015″. C’est deux dates correspondent, pour la première, au mail envoyé par Alexandre Hezez au directeur de cabinet du cardinal, dans lequel il explique ce que le père Preynat lui a fait subir; et pour la seconde à la plainte que celui-ci a fini par déposé contre le père Preynat. Cette séquence est racontée dans le film de François Ozon, « Grâce à Dieu ».

Les juges précisent :

« Alors même que ses fonctions lui donnaient accès à toutes les informations et qu’il avait la capacité de les analyser et les communiquer utilement, Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas transmettre à la justice. »

Relaxe pour cinq collaborateurs de l’évêque de Lyon

Cinq collaborateurs du cardinal de Lyon ont aussi été jugés pour non dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.

Les juges de la 17e chambre correctionnelle ont également reconnu que pour l’évêque auxiliaire Thierry Brac de la Perrière l’infraction de « non dénonciation » était constituée mais il n’est pas condamné du fait de la prescription.

Pour les quatre autres, le tribunal a considéré que l’infraction n’était pas constituée, notamment pour l’ancien directeur de cabinet de l’évêque, Pierre Durieux, et pour la psychologue du diocèse, Régine Maire.

Depuis le début de la révélation de l’affaire Preynat en 2015, le cardinal Barbarin a multiplié les interventions publiques maladroites, déclarant notamment en mars 2016 que « la majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits, mais certains peut-être pas ». Avant de demander pardon.

Le curé Bernard Preynat reconnaît depuis longtemps les agressions pédosexuelles commises avant 1991 sur des scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon. Le délai de prescription ayant changé (passé désormais de vingt ans à partir de la majorité de la victime), son cas pourra donc être jugé, à une date qui n’est pas encore connue.


#cardinal Barbarin

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