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A Lyon, un rassemblement contre la politique d’hébergement qui laisse des centaines de sans-abri à la rue

Malgré les places ouvertes dans le cadre du plan froid, plusieurs centaines de sans-abri n’ont pas accès à un toit cet hiver à Lyon. Des professionnels de l’hébergement se sont regroupés en collectif pour, une fois de plus, dénoncer cette politique. Un premier rassemblement est prévu ce mardi 5 mars à 18h, devant la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS).

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Matelas de sans-abri sous le pont SNCF de Jean Macé, à Lyon 7e, en novembre 2018. ©LB/Rue89Lyon

Mêmes causes, mêmes effets. Pour cet hiver 2018/2019, le plan froid (qui prévoit chaque année une augmentation des places d’hébergement d’urgence jusqu’au 31 mars) était un copier-coller de celui de l’année précédente.

Nous avons pu annoncer que ces mesures hivernales étaient insuffisantes, en rapprochant le nombre de places à ouvrir avec les chiffres du 115 (numéro d’appel pour les personnes à la rue).

Au 115, 73% des personnes sans réponse ses derniers jours

Aujourd’hui, alors que les 880 places du plan froid sont ouvertes, il y a toujours plusieurs centaines de sans-abri dans les rues de l’agglomération lyonnaise.

Pour la semaine du 25 février au 3 mars 2019, sur les 2283 personnes qui ont réussi à joindre le 115 et qui demandent un hébergement (taux de décrochés de 64%), 1676 n’ont pas eu de réponse (73%). Ce chiffre est sensiblement le même que celui de l’année dernière.

« Une précarisation des personnes en situation irrégulière »

En parallèle de la mobilisation continue de profs et parents d’élèves réunis au sein du collectif « Jamais sans toit », une cinquantaine de professionnels de l’urgence sociale ont créé un nouveau collectif intitulé « hébergement d’urgence en danger ». Objectif : « réagir face à des constats alarmants ».

Ces travailleurs sociaux sont issus d’associations comme Notre-Dame-des-sans-abri, l’Armée du Salut, Alynea ou encore France Horizon. Ils et elles pointent la baisse des budgets des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) alors même qu’Emmanuel Macron essaye de redorer son image en effectuant une maraude auprès des SDF.

Dans un communiqué, ces professionnels dénoncent une autre logique à l’œuvre : la fin de l’inconditionnalité de l’accueil, à savoir la possibilité d’accéder à un hébergement que vous soyez en situation régulière ou pas. C’est l’article L.345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles qui le dit  mais la jurisprudence du Conseil d’Etat l’a largement détricoté. Ces professionnels le constatent sur le terrain :

« Le délai pour obtenir une place d’urgence (sans condition de ressources et de régularité de séjour) est actuellement de 1 an et demi à 3 ans ! En ce qui concerne les places en insertion (personnes en situation régulière), c’est un délai de plus de 8 mois en moyenne ».

Les personnes en situation irrégulière de plus en plus exclues de l’hébergement d’urgence

Et les évolutions actuelles vont renforcer cette attente. Le collectif produit un chiffre : fin 2018, sur l’agglomération lyonnaise, ce serait 962 places « urgence » (sur les 3858, ndlr) qui auraient été transformées en places « insertion ». Et de conclure :

« Ce sont autant de places auxquelles les personnes en situation irrégulière n’auront plus accès. Cela signifie une précarisation des situations déjà très fragiles de ces personnes ».

Pour eux, c’est le revers de la politique du « logement d’abord » (le fait que toute personne à la rue doit pouvoir accéder à un logement sans passer par les centres d’hébergement) :

« Ce changement politique vis-à-vis des sans-abri pourrait être intéressant s’il n’excluait pas les personnes sans papiers, si son budget ne reposait pas sur la baisse des financements des CHRS, si les loyers étaient accessibles, et si l’accompagnement social était financé ».

Et puisque ce n’est pas le cas, ces « travailleurs et travailleuses sociales » demandent, entre autres, que « l’inconditionnalité et la continuité de l’hébergement » soit réellement appliquées.


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