Petit tour d’horizon subjectif -auquel on vous invite à participer en ajoutant vos bons plans et vos infos en commentaires.
A vif – au Théâtre de la Croix-Rousse
Le rappeur Kery James a décidé de poser cash la question de la responsabilité de l’Etat dans la situation des banlieues françaises. Pour cela, le décor est posé : celui du débat d’idées au travers de la reproduction du concours d’éloquence du barreau.
Le poète compose lui-même un avocat, nommé Souleymann Traoré, un élève brillant qui vient de la banlieue, face au comédien Yannik Landrein qui joue Yann Jaraudière, issu quant à lui d’un milieu que l’on peut situer à l’opposé, né dans une famille aisée.
Et c’est Souleymann qui va prendre le parti de répondre non, dans cette joute théâtrale éclairante.
Du 5 au 9 mars au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e).
Ultra-Girl contre Schopenhauer
Le photographe Cédric Roulliat situe à Lyon, ville qu’il habite, des rencontres improbables. Une super-héroïne aux cuissardes de vinyle rouge sort des pages de la bande dessinée qui la fait vivre pour retrouver Edwige, la traductrice en charge de travailler sur ses histoires pour un éditeur. Qui est Ultra-Girl et pourquoi un morceau de musique convoque-t-il Schopenhauer ?
Les réponses se cachent dans un décor léché, celui que Cédric Roulliat, toujours attentif aux détails, aux couleurs, a monté avec art.
Programmé par le Théâtre des Célestins, la pièce se jouera dans celui du Point du Jour, pour ne pas vous perdre.
Du 6 au 12 mars au Théâtre du Point du Jour (Lyon 5è).
Festival Transfer – à l’Epicerie moderne et au Transbordeur
Un événement qui se mouille un peu en faisant un boulot de défrichage, c’est suffisamment rare pour le relever. Le festival Transfer fait le grand écart dans l’univers multiple de la pop, en la présentant sous toutes ses coutures, ultra mélodique, nostalgique, électrique ou encore furieusement rock. De nombreux groupes représentent ici ce qui se fait de plus moderne en matière de musique pop sur la scène internationale.
On note la présence des norvégiens Pom Poko (oui oui, leur nom nous rappelle bien le dessin animé du Studio Gibli, avec les petits animaux qui ont une peau de couilles super-extensible). On trouve aussi le lyonnais Raoul Vignal, tout en langueur. Entre autres.
Programmé par Mediatone, le festival mise sur des propositions diverses et cohérentes.
Les 7, 8 et 9 mars. Les concerts ont lieu au Transbordeur et à l’Epicerie moderne. Infos par ici.
Expos de Caroline Bach et Patrick Weidmann – à la galerie le Bleu du ciel
« Dites-nous comment survivre à notre condition », par Caroline Bach et « Produit intérieur brut », par Patrick Weidmann, sont deux expositions à voir à la galerie le Bleu du ciel.
Caroline Bach s’est rendue sur les lieux de plusieurs usines en grève mais aussi sur les traces de Bataville, un complexe économique d’origine tchèque où l’ouvrier vit dans le même espace que les usines de production de chaussures. Une conception du travail, « aujourd’hui obsolète ».
Patrick Weidmann, quant à lui, a voyagé dans le monde entier à la rencontre des objets de consommation issus d’une société capitaliste et ultra-consommatrice. Ou le tourisme par intérêt artistique et social.
Vernissage le jeudi 7 mars en présence des deux artistes. Expo du 8 mars au 25 mai 2019 au Bleu du ciel (Lyon 1er).
Arnaud Rebotini joue 120 BPM avec un ensemble orchestral – à l’Auditorium de Lyon
L’intitulé seul de cette soirée transmet la vibe. Arnaud Rebotini, Monsieur « la classe des sons analogiques » et « la classe de la moustache propre », vient célébrer les 20 ans de l’association Arty Farty (programmatrice du festival lyonnais qu’on ne présente plus ici, Nuits Sonores).
Il jouera donc, en « avant-première mondiale » (ce n’est pas nous qui en faisons trop, notez bien), la musique qu’il a composée pour « 120 battements par minute », en même temps que des extraits du film de Robin Campillo seront projetés dans la salle de concert. Mais surtout, un ensemble orchestral spécialement invité doit pouvoir donner à ce live un corps encore plus puissant et lyrique.
Ou l’on se dit que l’Auditorium est un endroit finalement assez idéal pour la musique électronique et son déploiement le plus inventif.
Pour tous les autres events relatifs à cet anniversaire très lyonnais -pour lequel les festivités démarreront dès le vendredi 15 mars- les infos sont en ligne.
Concert d’Arnaud Rebotini le 17 mars de 18h à 22h, à l’Auditorium de Lyon (3e). Infos et billetterie par là.
Ciné-rencontre avec Maguy Marin et David Mambouch, « L’Urgence d’Agir » – au cinéma Le Mourguet
C’est une rencontre précieuse que le ciné Mourguet propose autour d’un documentaire dédié à la chorégraphe Maguy Marin, dont le point de vue engagé et le propos politique ont guidé une oeuvre de renommée internationale, intelligente et émouvante. Le film a été réalisé par David Mambouch, comédien, metteur en scène. Et fils de Maguy Marin. On ne dévoile rien de particulièrement « pipole » puisque ce lien familial est aussi l’un des sujets du documentaire.
Particulièrement centré sur la pièce fondatrice « May B » de Maguy Marin, le film plonge dans l’acte de création et dans (quelques uns de) ses secrets de manière exceptionnelle. Le film est projeté à partir du 6 mars dans les salles de cinéma, dont le Comoedia à Lyon.
Mais le 18 mars, c’est au ciné Le Mourguet qu’il sera possible de discuter avec Maguy Marin et David Mambouch, à l’issue de la projection de « L’Urgence d’Agir ».
Le 18 mars à 20h, au Cinéma Le Mourguet à Sainte-Foy-les-Lyon.
Mon Coeur – au Théâtre de la Croix-Rousse
« Plus on met des choses au jour et moins la société va mal », a déclaré Pauline Bureau à Rue89Lyon, dans une interview (à paraître prochainement sur le site). La metteuse en scène s’est penchée sur un récit propre de l’affaire du Mediator, ce scandale sanitaire né de la prise de parole de la lanceuse d’alerte et pneumologue Irène Frachon.
Dans cette pièce, tiré d’un fait d’actualité concernant principalement les femmes, victimes premières de ce « scandale sanitaire », les personnages doivent incarner la prise de parole dans le silence et l’ignorance, ainsi que la révélation.
Un spectacle fort et pertinent -d’autant plus que le procès de cette affaire retrouve le devant de la scène, judiciaire cette fois, en octobre prochain.
Du 26 au 29 mars, au Théâtre de la Croix-Rousse.
La Fête du Livre de Bron
« La Vie sauvage », un sous-titre qui appelle au voyage pour cette édition 2019 de la désormais incontournable Fête du livre de Bron. Au voyage, à la découverte mais aussi à l’insurrection et à une forme de plongée dans les abysses interdits de l’ »incivilisation » (sic), voilà une invitation tentante tant ces mots évoquent des romans et ouvrages cultes mais aussi un désir d’ailleurs, de décalage par rapport à une société moderne ultra « équipée ».
Cette année, les jolis noms de la littérature contemporaine française se succèdent et on note la présence de Dominique A pour ses ouvrages littéraires. De la successfull Delphine de Vigan. De la toujours passionnante Sophie Divry, lyonnaise engagée dans un propos féministe bien construit. De Fabcaro, bédéiste à l’humour cinglant, qui sait aussi le déployer en prose.
D’Oliver Gallmeister, l’un des éditeurs les plus intéressants de la scène littéraire américaine actuelle.
On retrouvera également l’auteure de « De mémoire », Yamina Benahmed Daho, que nous avions interviewée à l’occasion de la sortie de son roman début février. Elle entrera en discussion avec Fabienne Jacob sur les thèmes du corps et du langage.
Une programmation jeunesse se déploie autour de spectacles, d’ateliers et de lectures. Y aller ? Oui, pour sûr.
« La Vie sauvage », Fête du livre de Bron du 6 au 10 mars. A l’hippodrome Lyon-Parilly.
Festival Quais du polar
Ouh la la, l’affiche brille de mille feux. Quand le nom a fuité dans la presse en début d’année, on a déjà eu de quoi frétiller un peu : Brian De Palma est programmé pour cette édition 2019 de Quais du Polar. La présence du réalisateur (on énumère pour rappel Scarface, Les Incorruptibles, Mission impossible…) fait l’occasion de rencontrer sa co-autrice et épouse Susan Lehman ; ils ont ensemble signé « Les serpents sont-ils toujours nécessaires » (Rivages noir).
Mais difficile de passer sous silence les noms de Michael Connelly, institution du roman noir et du policier s’il en est. De Jørn Lier Horst, pour la toujours productive Norvège. De la journaliste (Libé), investigatrice et écrivaine Patricia Tourancheau. De la canadienne Shari Lapena. De Maxime Chattam : son autobiographie pour le site du festival Quais du polar pose en partie le personnage, le voilà se définissant comme « grand gourou d’une secte occulte visant à dominer le monde par la lecture ». Il n’en est pas si loin.
Le festival propose des rencontres et tables rondes décidément de haute volée. Une discussion est ouverte sous le titre de « France-Algérie, deux pays frères », pour évoquer la « soif de fictions, de paix et de compréhension, avec bien sûr la Guerre d’indépendance et la difficile mémoire post-coloniale ». Riche, vous dit-on.
Quais du polar. Du 29 au 31 mars.
Rencontre littéraire avec Richard Gaitet, Guillaume Jan et Julien Blanc-Gras
Trois écrivains sur le grill, tous édités chez Paulsen dans leur remarquable collection Démarches. Richard Gaitet, Guillaume Jan et Julien Blanc-Gras ont chacun produit des récits d’aventuriers, à partir de leurs expériences respectives au grand air -le principe de cette collection.
Parmi eux, Richard Gaitet a grimpé le Mont-Blanc et raconte cette ascension (« Tête en l’air », récit justement sous-titré « Un blanc-bec au mont Blanc ») avec une plume hilarante et le talent de celui qui mène un projet de taille… presque par surprise.
Jeudi 14 mars à 19h, à la Librairie Raconte-moi la terre (Lyon 2e).
Une semaine sur mars – aux Subsistances
Les Subsistances réunit une bonne partie de sa non moins bonne programmation de mars sous la bannière d’un festival intitulé « Une Semaine sur Mars ! ». On retrouve quelques artistes fidèles au lieu (qui a d’ailleurs trouvé sa nouvelle tête directrice en la personne de Stéphane Malfettes).
Parmi eux, la compagnie des Lumas qui plonge avec De l’Eve à l’eau dans l’autofiction en racontant un certain monde paysan ; celui qu’ont connu Éric Massé et Angélique Clairand.
On a souvent envie d’entrer dans ces lieux fermés, voire interdits. Comme dans cette loge de gardienne d’école, qui voit passer les troupes d’élèves. La compagnie Théâtre déplié nous permet de mettre le nez dedans et d’entendre les conversations étonnantes qui y naissent (« perdu connaissance« ).
Une Semaine sur Mars ! Aux Subsistances, du 18 au 24 mars.
Festival Les Chants de mars du 23 au 30 mars
On avait déjà eu une sorte de coup de foudre pour son rythme, son timbre, sa ganache, avant même qu’elle ne reçoive une « Victoire de la musique » dans la catégorie « révélation scène ». Clara Luciani, programmée au festival Les Chants de mars, a même dû être changée de salle pour pouvoir accueillir un public plus large car tout à coup plus informé du talent de cette jeune auteure-interprète. Son tube « La Grenade » ne vous quittera plus, quand vous l’entendrez.
Go au Transbo pour la voir, avec, en première partie, un lunaire Martin Luminet. Ils chanteront tous les deux le jeudi 28 mars.
Mais il y aura aussi Radio Elvis, la veille, sur scène, mercredi 27 mars. Et bien d’autres dont une date d’ores et déjà complète, on vous le signale, pour Clarika.
Les Chants de mars – du 23 au 30 mars.
Les écrans du doc – au Toboggan
Le temps est venu du documentaire. Un temps plus long, plus étendu, plus patient.
Le festival « Les Ecrans du doc » poursuit son traitement de l’actualité avec intelligence et pertinence. Les thèmes abordés en 2019 sont -justement- notre rapport à l’information, les défis environnementaux, les aspirations de la jeunesse (de la France à l’Egypte), l’histoire et la justice des peuples d’Espagne, d’Italie et du Chili. Plongée également dans l’histoire des luttes, de mai 68 à aujourd’hui.
On attend avec impatience L’Epoque, présenté en avant-première : une jeunesse filmée par Matthieu Bareyre, qui traverse la période post-attentats de 2015 jusqu’aux élections présidentielles de 2017.
« L’Illusion verte » de Werner Boote révèle les mécanismes du greenwashing. On vous a prévenu que c’était dense ?
Un festival dont Rue89Lyon est partenaire.
Du 19 au 24 mars au Toboggan à Décines.
Biennale du Design de Saint-Etienne
Qu’est-ce que les créateurs, dessinateurs d’objets, disent de notre époque ? Chaque édition de la Biennale du design de Saint-Etienne remet cette question en jeu et proposent des réponses étonnantes, actuelles, renouvelées.
Me You Nous, en 2019, fait le point sur nos lieux de vie (« Stefania » s’interroge sur le concept de la ville de demain), sur la bienveillance mais aussi notre rapport à la mort. De jeunes designers trouvent là une scène d’exposition unique et résonnante.
Biennale du Design de Saint-Etienne 2019. Du 21 mars au 22 avril.
L’intelligence de la main, l’éthique du bien faire
Le joli programme d’un temps de discussion sur les métiers artisanaux, manuels, dont le pitch est ainsi présenté par la Villa Gillet :
« En Occident, l’activité manuelle est souvent perçue comme opposée au monde des idées et des concepts. À l’heure où les trajectoires professionnelles sont de moins en moins linéaires, le choix d’un métier d’art peut répondre à une quête de sens. Arthur Lochmann et Hugues Jacquet viendront «
Arthur Lochmann est traducteur, auteur et charpentier ; Hugues Jacquet est socio-historien, auteur de « L’Intelligence de la main ». Tous deux expliqueront comment le geste technique et créatif est générateur, à l’évidence, d’intelligence.
Le 27 mars à partir de 19 heures. Par la Villa Gillet, soirée programmée à la Chambre des métiers et de l’artisanat (Lyon 2e).
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