Dans « De mémoire« , Yamina Benahmed Daho fait le récit sans cesse renouvelé, la description clinique de cette agression sexuelle, par la voix de la victime et narratrice.
Le fait de violence, un grave moment de bascule dans sa vie d’étudiante, doit être raconté dans une boucle oppressante (qui dure quatre années), la mémoire du corps s’activer, pour répondre aux différents interlocuteurs -du médecin au juge- de la chaîne judiciaire. Des enjeux familiaux trouvent aussi leur place dans le coeur du roman, ceux de gens exilés venus d’Algérie.
Entretien avec Yamina Benahmed Daho, écrivaine qui vit à Lyon, pour aborder les ressorts d’un récit de l’intime. Elle sera le dimanche 10 mars à la Fête du Livre de Bron, en dialogue avec Fabienne Jacob sur le corps et le langage.
Rue89Lyon : La mémoire du corps et le rapport qu’une femme peut avoir avec lui sont des sujets qui vous intéressent particulièrement, abordés, de manière très différente toutefois, dans votre livre « Poule D ».
Yamina Benahmed Daho : Dans « Poule D« , je racontais la vie d’une équipe de football féminin. Au-delà du récit d’apprentissage comique qui était à l’origine de l’écriture, cela m’intéressait de décrire le corps de femmes au travers d’un sport généralement réservé aux hommes.
Il y avait là un déplacement qui me semblait pertinent pour raconter le corps non seulement physique mais aussi social, politique et intime des femmes. J’abordais dans ce livre le corps vivant, dynamique, pas nécessairement performant mais en tout cas en mouvement.
Dans « De mémoire », le corps est pour ainsi dire à l’arrêt. Il a subi une violence qui le contraint à l’immobilité. La narratrice s’appuie sur la mémoire sémantique de son corps pour retrouver des impulsions qui lui permettront de se le réapproprier, intimement et socialement.

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