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A Lyon, plusieurs centaines de « gilets jaunes » parmi les milliers de « gilets rouges »

[Article mis à jour régulièrement] Deux mois après une première journée de grève et de manifestations dans sillage des « gilets jaunes », la CGT et ses alliés appelaient à une nouvelle journée d’action nationale sur le pouvoir d’achat. A Lyon, le cortège est parti aux alentours de midi de la place Bellecour pour rejoindre la préfecture du Rhône, au niveau du quai Augagneur. Entre 4300 et 7000 (selon la police ou la CGT) ont participé à la manifestation.

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Manifestation intersyndicale au départ de la place Bellecour, mardi 5 février 2019. ©MG/Rue89Lyon

Une manifestation sauvage de « gilets jaunes » s’est organisée par la suite. Environ 400 personnes ont circulaient tout l’après-midi dans le centre-ville de Lyon sans incident, tandis qu’un groupe d’environ 150 étudiants ont rejoint le campus des quais de l’université Lyon 2 pour envahir la présidence et y tenir une AG. L’idée était de réagir à l’intervention, ce mardi vers 7 heures, des CRS pour libérer les entrées du campus de Bron brièvement bloqué.

Interdiction de passer par les petites rues du centre-ville

Le parcours intersyndical devait initialement passer par le centre-ville mais la préfecture a notifié à la CGT qu’elle empêcherait ce passage, la veille de la manifestation. Ce qui a fait vivement réagir l’Union départementale dans un communiqué :

« Nous prenons acte que l’on nous interdit de manifester en centre-ville et notamment rue du Président E. Herriot.
Cette interdiction est la conséquence directe de la future loi [anticasseurs, ndlr] sera soumis au vote le 5 février 2019. Nous sommes surpris d’une telle décision, d’autant plus qu’à Lyon toutes les manifestations déclarées par la CGT ou l’intersyndicale 69 se sont toujours bien déroulées.
Nous dénonçons cette interdiction qui ne peut qu’envenimer le climat social dans notre département et qui entrave le droit de manifester ».

La précédente manifestation du 14 décembre avait rassemblé à Lyon entre 2700 et 3000 personnes (selon la police ou la CGT).

Depuis début décembre, des syndicalistes ont rejoint les samedis de mobilisation des « gilets jaunes » et sont présents à leurs assemblées, particulièrement à Lyon.

Mais dans les cortèges des gilets, on aperçoit davantage les couleurs de Solidaires (les syndicats SUD) que celles de la CGT qui n’appelle pas à manifester tous les samedis, préférant mobiliser sur ses journées d’action tout en boycottant le Grand débat national.

Du côté des « gilets jaunes », cette journée de grève et de manifestation du 5 février a été relayée sur les pages Facebook. Et des figures du mouvement, comme Eric Drouet, ont appelé à une « grève générale » ce mardi.

Retrouvez le fil de la manifestation officielle qui s’est poursuivie par une manifestation sauvage

Environ 400 « gilets jaunes » parmi les chasubles rouges

Dans le cortège, il y avait encore deux tiers de cégétistes. On comptait également, outre les militants de Solidaires et de la FSU qui participent à l’intersyndicale, des militants de FO alors même que la confédération n’appelait pas à manifester.
Derrière la banderole de tête, Floriane a surmonté son drapeau FO d’un gilet jaune. Elle nous expliquait pourquoi :

« Le soutien aux « gilets jaunes » a été voté dans notre section FO Vinatier (le principal hôpital psychiatrique de Lyon, ndlr). Du coup j’ai pu accrocher le gilet. »

La tête de cortège avec Floriane, syndicaliste FO, qui arborait un gilet jaune sur son drapeau. ©MG/Rue89Lyon
La tête de cortège avec Floriane, syndicaliste FO, qui arborait un gilet jaune sur son drapeau. ©MG/Rue89Lyon

Dans la manifestation, syndicalistes et environ 400 « gilets jaunes » se côtoyaient. Plusieurs nous déclaraient qu’ils aimeraient bien voir ces deux mouvements s’unir.
C’est le cas de Dominique, retraitée de l’inspection du travail, militante CGT, qui est allée à un rassemblement des « gilets jaunes » :

« Au début j’étais réticente sur ce mouvement mais j’y suis allée pour voir et discuter. Ce sont des femmes et des hommes qui souffrent et partagent nos revendications. »

Marie-Charlotte faisait le même constat :

« On doit être plus intelligent que le gouvernement et converger. »

Elle est « gilet jaune » depuis le début et non syndiquée. Photographe professionnelle, elle couvre toutes les manifestations à titre militant.

« On en parle entre nous. Certains ont peur d’être récupéré, mais, au fond on a les mêmes revendications. D’ici un mois les deux convergeront. » prédit-elle.

« Il faut amplifier les deux mouvements »

Régis et Brigitte en couple, tous deux retraités du milieu médical et à la CGT sont « gilets jaunes » du Nord-Isère depuis le début du mouvement.

« On est content que notre syndicat se bouge enfin après 2 mois. On aimerait qu’il appelle au soutien. Avant d’être militant, on est tous citoyens ! » assénait Régis.

Brigitte nuançait en ajoutant :

« C’est sûr que nous, gilets jaunes, on est plus radical, plus politique. On demande la démission de Macron et le RIC https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/16/six-questions-sur-le-ric-referendum-d-initiative-citoyenne-qui-seduit-les-gilets-jaunes_5398368_4355770.html.»

C’est un des points soulignés par certains, moins emballés par une union des luttes.
Ancien syndiqué retraité de l’industrie, Éric porte lui maintenant un chasuble jaune. Dans les manifestations du samedi depuis novembre, il ne souhaite pas que les syndicats rejoignent le mouvement des samedis mais souhaiterait « des discutions communes ». Mais il reconnaissait :

« Avec les syndicats, il y plus d’ambiance. Le samedi ça manque de banderoles et de slogans. »

Lasseine, ouvrier du bâtiment, chasuble rouge de la CGT sur le dos, parle des divergences dans les revendications :

« Quand j’entends le « travail au Français » je ne peux pas soutenir les « gilets jaunes ». Nous avons des revendications communes que la CGT porte depuis longtemps, mais certains sont trop extrémistes. »

En fin de manifestation, le secrétaire général de l’union départementale de la CGT, João Pereira Afonso, se montrait prudent sur la convergence actuelle et refusait, suivant les consignes confédérales, d’appeler à rejoindre le mouvement le samedi.

« Notre champ d’action est l’entreprise et la fonction publique. Bon nombre de camarades manifestent le week-end. Il faut amplifier les deux mouvements. C’est le cumul des deux qui peut faire bouger le gouvernement et le patronat.

« Une augmentation de tous les salaires et des pensions »

L’intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires et CNT) appelait toujours à faire grève et à manifester sur des revendications qui recoupent en partie les demandes des « gilets jaunes » :

  • « Une augmentation de tous les salaires (Smic, point d’indice …) et pensions ainsi que des minimas sociaux »
  • « Une réforme de la fiscalité : une refonte de l’impôt sur le revenu pour assurer une plus grande redistribution des richesses »
  • « La suppression des aides publiques aux entreprises (CICE et exonérations diverses) qui ne servent pas l’emploi »
  • « Le développement des services publics »
  • « La restauration des cotisations salariales injustement substituées par la hausse de la CSG »

A ces revendications originelles, l’intersyndicale ajoute « le respect des libertés publiques telles que le droit de manifester remis en cause par le gouvernement ». Une manière de s’opposer à la future loi anticasseurs qui doit être votée ce mardi en première lecture par les députés.

Manifestation intersyndicale au départ de la place Bellecour, mardi 5 février 2019. ©MG/Rue89Lyon
Manifestation intersyndicale au départ de la place Bellecour, mardi 5 février 2019. ©MG/Rue89Lyon

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