Au terme d’une journée marathon, les prévenus ont écopé de peines allant de 3 mois de prison avec sursis à 7 mois ferme, en majorité assorties d’une interdiction de manifester.
Lundi matin, la DDSP du Rhône (Direction Départementale de la Sécurité Publique) a envoyé un communiqué de presse sur le « mouvement des gilets jaunes ». La démarche est exceptionnelle. Rarement la police ne fait ce genre de communication spéciale. Surtout, elle est intervenue quelques heures avant le début des audiences.
Dans ce communiqué, la DDSP a fixé le contexte de la manifestation de samedi :
« Les forces de l’ordre ont fait face à une violence particulièrement forte avec notamment le tir tendu de pierres à l’aide de frondes et de coktails molotov. 8 policiers de la BAC et un motard étaient blessés lors de ces violences ».
De lundi après-midi, de 14h à 22h, après 48 heures de garde à vue, douze prévenus ont défilé à la barre, lors d’une audience de comparutions immédiates qui n’a connu que des « gilets jaunes », à une exception près.
Ce sont des hommes âgés de 18 à 56 ans, venus majoritairement de la grande région lyonnaise. La plupart, « gilets jaunes » de la première heure, étaient à la marche organisée pour soutenir leurs « camarades blessés et décédés » depuis le début du mouvement.
Certains manifestaient pour la première fois à Lyon, d’autres occupent habituellement les ronds-points de leurs communes. Aucun n’est militant de longue date. Pour l’immense majorité, ce sont des salariés modestes et sans casier.
Les charges retenues contre eux sont diverses (violence contre des policiers, rébellion,…). Neuf d’entre eux sont poursuivis pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violences volontaires », charge qualifiée de « divinatoire » par la défense.
La procureure Dominique Sauves a requis des peines allant de 4 mois avec sursis à 9 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, généralement assortis d’interdiction provisoire de se rendre à Lyon et de retrait de permis de quelques mois.
L’avocate de cinq des prévenus, Amandine Fabrègue, faisait se commentaire lors d’une de ses plaidoiries :
« J’ai peur que la cour soit prise en otage par un gouvernement qui n’arrive pas à endiguer un mouvement social. »
Après 10h de procès, les jugements sont énoncés dans une salle sous surveillance d’une dizaine de policiers en tenue de maintien de l’ordre.
Les peines finalement prononcées par la présidente, Claire Jacquin, vont de 3 mois avec sursis à 7 mois ferme sans mandat de dépôt. L’un des prévenus est relaxé.
Les peines ont majoritairement été accompagnées d’une interdiction de manifester à Lyon d’une durée de 3 à 6 mois.
La présidente : « Une solution très simple pour éviter l’émeute : ne pas venir »

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