Les nouveaux tarifs des transports en commun lyonnais sont entrés en vigueur il y a quelques jours début janvier. Nécessairement moins incitatifs, alors que les pics de pollution se multiplient à Lyon liés entre autres aux usages de voitures.
Adoptée en novembre dernier lors du comité syndical du SYTRAL, gestionnaire des TCL, la nouvelle grille tarifaire pour 2019 et 2020 prévoit une « simplification des tarifs », en fonction des tranches d’âge. Ainsi, les jeunes non étudiants de moins de 26 ans peuvent désormais bénéficier de tarifs réduits, et les jeunes retraités à partir de 60 ans de l’offre senior.
En résumé, le panel des bénéficiaires des offres est plus large, mais les tarifs de ces offres ont eux augmenté.
Pour citer la plus grosse hausse, le City Pass mensuel passe lui de 60,50 euros en 2018 à 64 euros en 2019 et 65 euros en 2020. A noter aussi que le prix des tickets vendus à l’unité n’augmente pas, à l’inverse des autres tickets. Il avait déjà subi une hausse en 2019 et reste à 1,90 euros -presque 2 euros.
Droite et gauche contre la hausse
Seuls 4 élus de la Métropole ont voté contre cette hausse tarifaire des TCL lors du comité syndical du SYTRAL (autorité décisionnaire du SYTRAL). Mais globalement et fait assez rare, à droite comme à gauche, on n’a pas manqué de tacler la décision.
Alors qu’il ne s’y était pas opposé au moment du vote, Pierre Hémon, d’Europe Ecologie Les Verts, a soutenu la pétition lancée par son groupe politique il y a un mois pour dire non à cette augmentation et adressée à la présidente du SYTRAL, Fouziya Bouzerda.
Motif : l’augmentation ne se justifie plus après le revirement du gouvernement sur la hausse des taxes sur le carburant.
En outre, ils demandent le gel des tarifs des abonnements jeunes. La pétition n’a rassemblé à l’heure actuelle que 1 640 votes.
Un retournement de situation qui n’a pas échappé au groupe Les Républicains. Dans un communiqué, ils dénoncent « l’incroyable revirement de certains », précisant leur vœu fait au Président de la Métropole lors du conseil du 10 décembre, de demander au SYTRAL d’annuler la hausse des tarifs des TCL jugée « choquante ».
Choquante car, comme l’a précisé Stéphane Guilland, chef du groupe d’opposition (LR) au conseil municipal, lors du comité syndical du SYTRAL, les deux années de hausse sont votées en une seule fois, de quoi éviter d’assumer une décision compliquée à la veille des élections de 2020 :
« C’est une entorse tout à fait légale et légitime, je vous l’accorde, mais c’est une entorse au principe d’annualité budgétaire et cela me gêne un peu quand même que, aujourd’hui, vous nous demandiez d’approuver des taux qui s’appliqueront après le renouvellement de notre assemblée. »
Stéphane Guilland a également dénoncé l’augmentation de la contribution des citoyens alors même que celle de l’Etat et des collectivités diminue (64 242 953 € de subventions en moins de 2016 à 2020 pour le SYTRAL de la part de la Métropole, selon son calcul).
Faire face à l’augmentation du prix du gazole et de l’énergie
La présidente du SYTRAL, Fouziya Bouzerda, qui déclarait en septembre que le réseau des TCL n’était pas cher au regard des services offerts, a défendu les nouveaux tarifs par l’augmentation du coût du gazole et de l’énergie :
« En coût de carburants, et juste avec l’augmentation du prix du gazole, on a payé 22,3 millions d’euros en 2018, contre 19 millions en 2017. »
Fouziya Bouzerda a par ailleurs jugé hors de propos la pétition d’Europe Ecologie Les Verts qui se justifie par le gel de la taxe sur le carburant. Elle explique que, dans tous les cas, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) n’est pas payée par Keolis, étant remboursée intégralement. C’est donc bien l’augmentation des prix de l’énergie qui justifierait la hausse des tarifs des TCL, et non pas celle des taxes.
Dans un communiqué de novembre, le SYTRAL a également fait valoir le renforcement en cours des fréquences des métros, tramway et bus face à la fréquentation en hausse (+20% depuis 2010) ainsi que l’augmentation de la capacité du réseau dans les prochaines années, représentant un investissement de 700 millions d’euros.
Outre le renforcement de l’offre du réseau des TCL, cette nouvelle année sera marquée par l’arrivée de la 3G / 4G et de rames climatisées à l’essai, avant un déploiement de la climatisation sur l’ensemble de la ligne B automatisée en 2020. Un nouvel argument pour justifier la hausse des tarifs ?
Toujours pas de transports en commun gratuits
Evoquant le mouvement des « gilets jaunes » et dans un contexte où le coût des transports en commun n’incite pas à les emprunter davantage, la question de leur gratuité reste sur le tapis.
A Paris, à quelques mois des élections municipales, Anne Hidalgo a dégainé : les transports en commun parisiens seront gratuits pour les enfants de 4 à 11 ans. Et cela, à partir de septembre 2019, pour la prochaine rentrée des classes. Jusque là, ils étaient gratuits pour les 0-4 ans -comme à Lyon.
Samedi 5 janvier, Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement et première opposante à gauche de Gérard Collomb, réitérait son souhait de voir les transports en commun lyonnais gratuits, aux côtés d’autres personnalités politiques de gauche, lors du forum national de la gratuité du service public à Lyon.
Une trentaine de villes ou agglomérations proposent déjà des transports en commun gratuits, dernièrement c’est Dunkerque qui a instauré la gratuité totale de ses transports -à l’automne 2018.
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