1er mois à 1€

Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Réveillon de la Saint-Sylvestre dans le Vieux Lyon : une agression aux cris de « sales arabes »

Deux jeunes gens, habitants de Vénissieux, se sont faits agresser dans le Vieux Lyon, bastion lyonnais de l’extrême droite, dans la nuit du 31 décembre, aux cris de « sales arabes, rentrez chez vous ». Fait peu courant en matière de délit raciste, l’une des victimes a décidé de témoigner dans les médias.

Photos

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Capture d'écran de la vidéo de Mouâd Maï. ©DR

Pour laisser venir la nouvelle année, Mouâd M., 21 ans, se baladait à Lyon avec un de ses amis. Venus de Vénissieux, ils voulaient célébrer les premières heures de 2019 dans les rues du centre ville lyonnais. De retour d’Hôtel de Ville (1er) vers 3 heures du matin, ils allaient récupérer leur voiture garée sur les quais de Saône dans le Vieux Lyon (5e) quand ils ont aperçu, au niveau de l’imposant bâtiment de la Cour d’appel, une personne « en boule, à terre » se faire frapper, entourée par un groupe d’une quinzaine de personnes.

« On est allés les voir pour leur dire d’arrêter. Ils se sont retournés et ont tout de suite commencer à nous insulter sur ce mode : « sales arabes, rentrez chez vous, on va vous tuer ». Pendant ce temps-là, ils ont relâché la personne qui était à terre. »

Dans la foulée, le groupe d’agresseurs s’en est pris aux deux amis.

« Ils nous ont sauté dessus. J’avais 5 ou 6 personnes sur moi. J’ai pris principalement des coups de poing au visage. Heureusement, je ne suis pas tombé. Idem pour mon collègue ».

Les agresseurs ont fini par s’éloigner dans les petites rues du Vieux Lyon.

« Voyant qu’on résistait, ils n’ont sas doute pas voulu risquer de voir arriver la police », estime Mouâd M..

Sonné, le jeune homme raconte qu’il a quand même pu « dégainer son téléphone » et filmer la fuite des agresseurs (voir la photo ci-dessous).

Capture d'écran de la vidéo de Mouâd M. ©DR
Capture d’écran de la vidéo de Mouâd M. ©DR

Enquête ouverte pour violences en raison de la race dans le Vieux Lyon

Ce sont les deux victimes qui ont décidé de faire intervenir les forces de l’ordre.

« Les clients du pub d’à côté n’ont pas bougé, ni même appelé la police. Du coup, les policiers sont arrivés beaucoup trop tard pour arrêter nos agresseurs ».

Dès le lendemain, Mouâd M. et son ami ont porté plainte au commissariat de Vénissieux. Une enquête a été ouverte pour « violences en réunion suivies d’incapacité n’excédant pas 8 jours, commises en raison de la race ».

Elle a été confiée à la brigade de sûreté urbaine du commissariat du 5e arrondissement de Lyon.
Pour l’instant, il a été reconnu à Mouâd M. 10 jours d’interruption temporaire de travail ; et 4 jours pour son ami.

Mouâd M. souffre principalement d’une fracture de la main et d’un traumatisme crânien.

« Je n’étais pas au courant que les ratonnades étaient de retour »

En regardant les pages Facebook des groupuscules de l’extrême droite radicale, Mouâd M. dit avoir reconnu quelques uns de ses agresseurs. Il n’y a pour l’instant eu aucune interpellation au sein de cette mouvance.

Des militants du GUD devenu Bastion social sont déjà responsables de nombreuses agressions racistes (lire ici ou ) ou dirigées contre ceux qu’ils considèrent comme « gauchistes » (lire ici ou ), commises notamment dans cet arrondissement.

Le Vieux Lyon est en effet toujours un quartier que les nationalistes et les identitaires considèrent comme leur fief.

Mouâd M. ne se voit pas retourner dans le Vieux Lyon :

« On entendait parler de ces agressions. Mais je pensais que c’était un ou deux fascistes, pas plus. Là, c’est un groupe de quinze personnes qui s’en prend à une puis à deux personnes. Je n’étais pas au courant que les ratonnades étaient de retour ».

« Je travaille contre la violence et contre le racisme »

Encore « sous le choc », Mouâd M. répond aux questions des journalistes qui le contactent après la publication d’un premier entretien sur le site du journal Expressions de Vénissieux.

Témoigner à visage découvert lui a paru presque aller de soi au regard de son engagement. Habitant des Minguettes, cet étudiant en commerce international préside l’association Jeunes et Conscients qui compte « environ 200 bénévoles ». Il raconte à Rue89Lyon :

« Notre but est de responsabiliser les jeunes des quartiers à travers des actions humanitaires, culturelles, sociales et sportives. On fait des maraudes pour aider les sans-abri mais je travaille aussi contre la violence et contre le racisme ».

Il souffle :

« C’est tout l’opposé de ce qu’ils m’ont fait subir et de ce qu’ils font subir aux autres ».


#Extrême-droite

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

À lire ensuite


Shitstorm pour une boulangerie près de Lyon et ses pâtisseries « Mamadou »
Un avocat devant le palais de Justice de Lyon qui abrite, entre autres, le tribunal de grande instance (TGI) © Pierre Maier / Rue89Lyon

Photo : Pierre Maier / Rue89Lyon

Partager
Plus d'options