Un mois après le début des actions des « gilets jaunes » et après de multiples atermoiements, la CGT et les syndicats du pôle contestataire voulaient donner une réponse commune à ce mouvement social. Ces « gilets jaunes » qui ont réussi à faire reculer le gouvernement d’Emmanuel Macron que la multiplication des journées d’actions intersyndicales (lire ici, là ou encore là) n’avaient pas affecté.
Avec 3000 manifestants annoncés, ce n’était pas un grand rendez-vous social. Bien au contraire. Pour rappel, le 9 octobre dernier, lors de la dernière journée d’action intersyndicale contre « une politique idéologique visant à la destruction de notre modèle social », 6500 personnes selon la CGT (et 4200 selon la police) avaient défilé entre la place Jules Ferry (6e arr.) et la place Bellecour.
Ce vendredi, une fois de plus, c’est la CGT qui fournissait les deux tiers des troupes. Solidaires, la FSU et quelques syndiqués de FO Fonction publique complétaient la palette syndicale. Du côté des partis politiques, on notait les drapeaux de la France insoumise, de Lutte ouvrière ou du NPA.
Que du grand classique dans les participants. Idem du côté des slogans.
« Un Smic largement revalorisé »
L’intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires, CNT, UNEF et UNL) appelait à faire grève et à manifester sur des souhaits des « gilets jaunes » qui recoupent ses revendications.
Balayant les annonces du président de la République de lundi dernier (« de l’affichage plutôt que d’une réelle volonté de mieux répartir les richesses »), l’appel de l’intersyndicale demandait :
• « Un Smic largement revalorisé avec répercussion sur l’ensemble des grilles de salaires mais aussi l’augmentation des pensions et minima sociaux
• « Une TVA 5,5% pour les produits de première nécessité , notamment le gaz et l’ électricité »
• « Une fiscalité plus juste tenant compte des revenus, avec en premier lieu le rétablissement de l’impôt sur la fortune, la suppression des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises »
• « La prise en charge obligatoire des transports par les employeurs »
• « Des moyens pour avoir des services publics qui répondent aux besoins et restent en proximité »
Arrivée tranquillement devant le siège régional du Medef, le secrétaire général de l’union départementale de la CGT, João Pereira Afonso, prenait le micro pour reprendre ces propositions et brocarder, une fois de plus, Emmanuel Macron. Ces rapports avec le patronat qui était visé :
« Aucune contribution n’est imposé aux patrons alors qu’on leur fait déjà 244 milliard d’euros de cadeaux. »
La CGT avait ainsi choisi ce parcours pour mettre le coup de projecteur sur le Medef, « le grand oublié de ce mouvement social ».
Lycéens, « gilets jaunes », étudiants : convergences a minima ?
La manif était également sous le signe de « la convergence de toutes les luttes », puisqu’il était également demandé l’arrêt des « contre-réformes de l’Education nationale » contre lesquelles les lycéens et dans une moindre mesure les étudiants manifestent depuis deux semaines. Résultat : environ 500 étudiants et lycéens. Soit beaucoup moins de monde que vendredi dernier (entre 2300 et 3500 manifestants dont une immense majorité de lycéens).
« Les lycéens ont peur, justifiait Noémie, une lycéenne de Condorcet à Saint-Priest. Toute la semaine dernière, on s’est fait gazer. Et puis il y a tous ceux qui ne veulent pas louper trop de cours ».
Toute cette semaine, les lycées de l’agglomération lyonnaise affichait une mobilisation en baisse et quasiment pas de blocage ce vendredi pourtant annoncé comme une grande journée par l’UNL. La forte présence policière aux abords de certains établissements expliquait aussi certainement cela.
Peu d’interpellations aussi. Selon la police, deux lycéens à proximité d’Ampère-Bourse ont été arrêtés ce vendredi matin pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre.
Quant à l’université Lyon 2, elle a été fermée pour une deuxième journée consécutive à la suite du vote du blocage par une AG d’étudiants.
Du côté des « gilets jaunes » du Rhône, certains appelaient à « converger » et à manifester aux côtés des syndicats. Ce n’est pas une première. A Paris le 1er décembre, une centaine de chasubles fluo avaient rejoint le cortège de la CGT chômeurs. Et samedi dernier des « gilets jaunes » avait également marché pour le climat. Résultat : une poignée de chasubles fluo dans le cortège.
Alain Bret, un « gilet jaune, motard en colère et retraité cégétiste » comprenait qu’il se retrouve un peu seul :
« Les gilets jaunes repoussent les syndicats. Ça a mis du temps de faire accepter avec sa casquette de syndiqué à la CGT ».
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