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Dans le sillage des « gilets jaunes », un mouvement lycéen contre les réformes de l’Education nationale

Dans la métropole de Lyon, depuis ce vendredi, des élèves tentent de bloquer chaque matin leur lycée. Des affrontements s’en suivent quasi systématiquement avec la police. Pour ce seul mardi, 24 lycéens ont été interpellés. Le mot d’ordre national de « revanche lycéenne » est particulièrement suivi à Lyon. Du jamais vu depuis 2010.

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Dans le sillage des « gilets jaunes », un mouvement lycéen contre les réformes de l’Education nationale

« Revanche lycéenne », c’est à l’origine l’appel d’un unique syndicat lycéen. Depuis vendredi, l’UNL encourage, partout en France, à bloquer les établissements.

Dans le département du Rhône, entre une dizaine d’établissements (selon le Rectorat) et une quinzaine (selon l’UNL) sont concernés par des blocages ou des tentatives. Et les lycéens mobilisés sont entre 1 000 et 5 000, selon les mêmes sources (chiffres de ce mardi 4 décembre – voir le recensement de l’UNL).

Ce mouvement lycéen est à connecter avec celui des « gilets jaunes », comme l’explique Laura Pfister, en terminale au lycée Lumière et vice-présidente nationale de l’UNL :

« On s’inscrit dans cette colère populaire des « gilets jaunes ». Il y a des attaques sociales, des attaques concernant l’Education nationale, il faut y répondre. On profite de cette effervescence ».

Parcoursup, SNU, réformes du lycée général et du lycée pro…

Comme chez les « gilets jaunes », il est légitime selon eux « de prendre la rue et de se faire entendre », de montrer que « la jeunesse est en colère ».

« Depuis un an et demi, elle est attaquée, bafouée, oubliée, humiliée, une simple variable d’ajustement pour le gouvernement », nous dit l’appel de ce mouvement.

Plus spécifiquement, l’UNL demande :

  • L’abrogation de Parcoursup, de la sélection à l’entrée de l’université,
  • La suppression de la réforme du baccalauréat et du lycée,
  • La suppression de la réforme des lycées professionnelles,
  • L’annulation du projet du Service National Universel (SNU),
  • Un budget à hauteur des enjeux.

La réforme du lycée et du bac qui entrera en application à la rentrée 2019 tient le haut du pavé dans l’attention de cette lycéenne de Lumière (8e arr.) :

« En faisant un lycée à la carte et en renforçant le contrôle continu au bac, on va creuser le fossé entre les lycées d’élite et les « lycées-poubelles ». Si je suis au lycée du Parc, j’aurai plus de spécialités. Je pourrai donc prétendre à plus de filières et mon bac au Parc vaudra plus qu’à Lumière ».

Des pompiers finissent d'éteindre un feu de poubelle devant le lycée Lumière (Lyon 8ème). ©LB/Rue89Lyon
Des pompiers finissent d’éteindre un feu de poubelle devant le lycée Lumière (Lyon 8ème). ©LB/Rue89Lyon

« Il faut comprendre la violence »

Le mode opératoire de ce mouvement reste le « blocus ». A savoir bloquer un maximum d’établissements pour se faire entendre par le ministère.

Depuis vendredi, ces blocages s’accompagnent de violences : mobiliers vandalisés, poubelles brûlées, etc. Et la police qui intervient et reçoit des jets de projectiles.

L’activité anti-émeute de la police va en s’intensifiant : usage de gaz lacrymogène, de flashball ou de la matraque, devant les lycées généraux de Bron, Saint-Priest, Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou dans le 8ème arrondissement de Lyon. Avec, en prime, la sortie de l’hélicoptère de gendarmerie pour suivre les déplacements de lycéens.

Par exemple, devant le lycée Condorcet à Saint-Priest, le rectorat a relevé 300 élèves (800 selon l’UNL), avec des feux de poubelles, et des « casseurs » qui s’en sont pris à la police.

Bastien Quesada, responsable fédéral de l’UNL et élève à Condorcet, raconte :

« C’est parti en émeute. Le centre-ville était quadrillé par la police et les CRS nous empêchait de prendre le tram pour aller en ville. Les policiers nous ont chargés et gazés. »

La préfecture du Rhône annonce 24 interpellations mardi et trois policiers blessés (cinq interpellations et un blessé lundi).

Plusieurs lycéens sont également blessés, notamment deux à la Martinière-Monplaisir, après avoir reçu un projectile. Mais là, aucun chiffre officiel. Dans ces deux cas, l’UNL met en cause l’usage de flashball.

Plus globalement, le syndicat lycéen condamne une « violence étatique » et « comprend la violence de certains lycéens ». Laura Pfister nous dit :

« Il faut comprendre, peut-être pas entendre, cette violence. Il y a une réponse autoritaire de l’Etat qui nous gaze et nous matraque. La violence des lycéens répond aussi à une violence sur l’Education nationale, sur les familles. Au gouvernement de trouver une réponse politique et d’écouter ».

Après les étudiants, les lycéens dans la rue

Au printemps 2018, à quelques exceptions près, notamment au lycée Saint-Just, les lycéens lyonnais n’ont pas débrayé et étaient les grands absents du mouvement étudiant contre Parcoursup et la sélection à l’université.

Aujourd’hui, l’inverse se produit. Depuis trois jours, devant les lycées ou dans les rues de Lyon, comme lundi, pour des tentatives de manif sauvage, on ne compte qu’une poignée d’étudiants. Pour l’instant, pas d’initiative annoncée étudiante qui viendrait alors « converger » avec celle des lycéens.

Dans les facs, l’heure est plutôt à la construction d’une mobilisation contre la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers.

Rencontré ce mardi matin, un étudiant du syndicat Solidaires étudiants est venu en « soutien des lycéens » de la Martinière et de Lumière. Ce syndicaliste étudiant constate un « problème de temporalité » :

« Les luttes lycéennes se font sur le temps court et ne dure pas. Du coup, c’est plus dur à se raccrocher pour nous les étudiants qui nous mobilisons sur un temps plus long mais qui mettons plus de temps pour nous mettre en route ».

Tag sur le mur d'entrée du lycée Martinière-Monplaisir (Lyon 8ème) le mardi 4 décembre. ©LB/Rue89Lyon
Tag sur le mur d’entrée du lycée Martinière-Monplaisir (Lyon 8ème) le mardi 4 décembre. ©LB/Rue89Lyon

Du jamais vu depuis 2010

Avant ce mouvement de 2018, les lycéens étaient descendus en nombre dans la rue contre la « loi travail », au printemps 2016. Les élèves du secondaire étaient même plus visibles que ceux du supérieur.

C’est eux notamment qui ont systématiquement ouvert les manifestations, en tête du cortège de tête.
 Il y avait toutefois moins de lycées mobilisés que lors de la semaine d’octobre 2010 (une dizaine contre une vingtaine), lorsque les jeunes ont manifesté quelques jours contre la réforme des retraites.

Comme en octobre 2010, les lycéens de 2018 se mobilisent de manière autonome et n’attendent pas le jour d’une manifestation intersyndicale pour bloquer leur lycée et rejoindre un cortège lyonnais.

Autre point commun, en octobre 2010, Lyon avait été marqué par six jours de scènes d’émeutes qui se sont terminées par une « garde à vue à ciel ouvert ». En décembre 2018, ces mêmes scènes d’émeutes se sont réitérées. A une différence près : jusque là, ces violences se déroulent dans les quartiers périphériques de Lyon et en banlieue, et non au centre-ville.

Feu de Velo'V et de trottinettes à proximité de l'université Lyon 3, sur le parcours de lycéens lyonnais le mardi 4 décembre. ©LB/Rue89Lyon
Feu de Velo’V et de trottinettes à proximité de l’université Lyon 3, sur le parcours de lycéens lyonnais le mardi 4 décembre. ©LB/Rue89Lyon

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