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L’hiver arrive, la grande sélection des sans-abri continue

Depuis le 1er novembre, le plan froid entre très progressivement en application à Lyon. Seules les personnes « avérées à la rue » pourront y avoir accès. Une notion qui va laisser de nombreux sans-abri sur le carreau.

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Matelas de sans-abri sous le pont SNCF de Jean Macé, à Lyon 7e, en novembre 2018. ©LB/Rue89Lyon

Bis repetita. Pour cet hiver 2018/2019, le plan froid (qui prévoit chaque année une augmentation des places d’hébergement d’urgence jusqu’au 31 mars) est un copier-coller de celui de l’année précédente, d’après la présentation faite aux associations le 26 octobre dernier.
Même coût : 3,6 millions d’euros. Même nombre de places annoncées : 1200 (dont 880 en structures et hôtel et 320 en gymnase en cas de grand froid).
C’est toujours la caserne Chabal (à Saint-Priest, avec 120 places) et le Chêne/Bison futé (à Bron, 60 places) qui seront les principaux foyers de cet hiver. A noter que pour diminuer le nombre d’hôtels (270 places prévues contre 558 l’année dernière), l’Etat cherche des bâtiments pour accueillir 300 SDF. L’ouverture des places est toujours aussi progressive. Actuellement, il n’y aurait qu’une soixantaine de places ouvertes.
Comme d’habitude, on sait ces mesures hivernales insuffisantes, si on compare le dispositif annoncé aux chiffres du 115 (numéro d’appel pour les personnes à la rue).
Pour la semaine du 29 octobre, sur les 3197 personnes qui ont réussi à joindre le 115 et qui demandent un hébergement (taux de décrochés de 64%), 2662 personnes n’ont pas eu de réponse.
C’est la politique migratoire (le nombre important de demandeurs d’asile et d’étrangers sans-papiers à la rue) et, dans une moindre mesure, la politique de santé (le manque de solutions pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques) qui explique que l’hébergement d’urgence n’arrive pas à faire face aux besoins. En été mais aussi en hiver.

La priorité à certaines familles, rien de fléché pour les sans-abri isolés

Dans ce contexte de pénurie de places, on s’attend, une fois plus, au grand tri pour pouvoir accéder à ce dispositif hivernal.
Comme l’année dernière, la priorité est donnée aux familles, comme le précise la circulaire du 9 octobre 2018 du ministère de la cohésion des territoires envoyée à tous les préfets :

« Vous devrez vous assurer que les capacités temporaires ouvertes durant l’hiver bénéficient à l’ensemble des publics en détresse sans aucun autre critère de priorisation que celui de la vulnérabilité, conformément à l’article L345-2-2 du code de l’action sociale et des familles. Une attention particulière sera accordée aux familles ».

Mais ce ne sont pas toutes les familles qui auront une place. L’année dernière, comme chaque hiver depuis une dizaine d’années, la préfecture du Rhône a pratiqué une « mise à l’abri » en fonction de critères :

« C’est prioriser en fonction de la vulnérabilité des personnes, s’il y a des enfants de moins de 3 ans, des femmes enceintes, des personnes malades, des familles », expliquait le préfet de l’époque Stéphane Bouillon.

Des critères qui ont tendance à se durcir. Lors de sa présentation à la presse, le nouveau préfet Pascal Mailhos, n’a pas voulu en dire plus, annonçant prochainement une « communication spécifique ».
Ce plan froid « calibré majoritairement pour les familles » n’a rien prévu de spécifique pour les personnes seules, les « isolés », dans le jargon des professionnels de l’urgence social.
Jérôme Colrat, directeur d’Alynea (qui gère le Samu social de Lyon) est très inquiet.

« Cela fait plusieurs hivers de suite, qu’on annonce un millier de places supplémentaires mais qu’il n’y a pas de structure spécifique pour les isolés. Le message qu’on fait passer est qu’il n’y a rien pour eux. C’est extrêmement choquant que ceux qui ont dix ans de rue restent à la rue. Cela crée des tensions et démobilisent les équipes. »

Lors d’une enquête « Flash » réalisée l’année dernière par la fédération nationale des Samu sociaux (présidée par Jérôme Colrat), 70% des SDF interrogés étaient convaincus qu’il n’y avait rien pour eux et, par conséquent, n’appelaient plus le 115.
Cette situation est d’autant plus problématique que le nombre d’hommes isolés, notamment des jeunes migrants, a tendance à augmenter ces deux dernières années.
En octobre dernier, à partir des remontées des différentes maraudes sur dix jours, la Maison de la Veille sociale (MVS) notait qu’il y a une majorité d’hommes isolés rencontrés (295) dans les rues de Lyon.

La particularité lyonnaise : la notion de sans-abri « avérés à la rue »

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