Le 21 juin, la vidéo d’un facteur de La Poste violemment embarqué par la police municipale de Lyon avait fait grand bruit sur les réseaux sociaux.
Dans la vidéo, on voit plusieurs passants dont David Kimelfeld, président de la Métropole, et Michel Noir, ancien maire RPR de Lyon, qui prend la défense de ce livreur de colis de La Poste.
Placé en garde à vue, le facteur est poursuivi pour outrage à agent et violences volontaires « avec arme par destination à savoir un stylo ». Il doit comparaître en novembre prochain devant le tribunal correctionnel de Lyon.
Parallèlement, Christophe P., dont le job consiste à livrer quotidiennement des colis en voiture, est visé par une procédure disciplinaire engagée en août par la direction Ain-Rhône de La Poste.
Dans le cadre de cette procédure de licenciement pour faute grave, La Poste a retenu plusieurs griefs : « stationnement du véhicule de service en infraction sur la voie publique, comportement agressif et violent vis-à-vis des forces de police municipale, refus d’obtempérer aux ordres, injures aux forces de police, soustraction des lunettes d’un policier et blessure d’un policier ».
Toujours selon nos informations, la direction de La Poste s’est notamment appuyée sur la vidéo pour monter ce dossier disciplinaire.
Une commission de discipline qui statue sur un licenciement pour faute
Après un entretien préalable au licenciement le 29 août, devait mardi se tenir une commission de discipline pour décider du sort de Christophe P. Ainsi le veut la procédure de La Poste.
Mais ce lundi 15 octobre, Jean-Marc Holyda, directeur opérationnel de La Poste Ain-Rhône, a expliqué au représentant du personnel que ce rendez-vous serait décalé.
Et pour cause, la direction de La Poste Ain-Rhône veut finalement attendre la décision de justice. Un bon point, selon Rémi Guillaume, représentant départemental de SUD-PTT qui a assisté Christophe P. lors de son entretien préalable au licenciement :
« On respecte au moins la présomption d’innocence. Mais cela veut aussi dire que la commission ne se réunira ni en octobre, ni en novembre ni en décembre car le jugement va être mis en délibéré. Et en attendant, Christophe, qui n’a pas été mis à pied, ne sait pas s’il va être licencié. »
« Acharnement de La Poste »
Mais ce revirement de situation n’enlève rien à « l’acharnement de La Poste » dénoncé par SUD-PTT.
Au cœur de l’été, en août, la direction avait attendu « quatre jours avant la fin de l’échéance légale de deux mois » pour engager la procédure disciplinaire auprès de Christophe P., note le syndicaliste Rémi Guillaume.
Le 29 août, se tenait l’entretien préalable au licenciement de Christophe P.
De cet entretien, il est ressorti que Christophe P. serait sûrement licencié pour faute grave et que cette décision serait prise en « commission consultative paritaire » (qui tient lieu de conseil de discipline dans la procédure de La Poste).
Aujourd’hui, Rémi Guillaume balaye l’ensemble des griefs (énoncés plus haut) que la direction avance pour licencier le facteur :
« Cette affaire a pris une proportion qu’elle n’aurait jamais dû prendre. S’agissant du stationnement, Christophe était garé sur un terre-plein de façon à ne pas gêner la circulation, comme cela se pratique au quotidien. »
Quant aux accusations de violences sur agent, le syndicat SUD-PTT, qui se « pose la question du délit de faciès », est tout aussi définitif :
« Les images vidéo et les témoins sont pourtant unanimes. Christophe a été violenté, il n’est pas l’agresseur ! »
« Le comportement de notre facteur n’était pas conforme aux attendus fixés par La Poste »
Si La Poste est aussi prudente dans cette affaire, c’est que l’image de l’entreprise auprès du public et des salariés, est en jeu.
Des élections professionnelles au sein de La Poste Ain-Rhône doivent également se tenir prochainement et l’issue de cette affaire pourrait jouer sur le résultat des urnes depuis qu’un syndicat contestataire comme SUD-PTT s’est emparé de l’affaire. Et fait du bruit autour.
Ce mardi 16 octobre, le syndicat organise un rassemblement de soutien à 14h devant la Grande poste de Lyon, place Antonin Poncet. Ce rendez-vous devait initialement faire écho à la commission consultative paritaire, prévue le même jour puis finalement reportée.
[Mise à jour lundi 15 octobre à 21h]
La direction « Services, Courrier, Colis » Auvergne-Rhône-Alpes nous a envoyé ce communiqué :
Le comportement de notre facteur n’était pas conforme aux attendus fixés par La Poste comme le respect du code de la route ou de sa prestation de serment. Les faits mis en lumière amèneront demain à tenir la commission consultative paritaire qui a pour objet d’évaluer la gravité de ces faits et de fixer, une fois tous les éléments pris en compte, la sanction appliquée, le licenciement n’étant qu’une parmi toutes les sanctions possibles.
[Mise à jour mardi 16 octobre à 18h]
Dans un nouveau communiqué, La Poste annonce officiellement « avoir décidé, en amont de la Commission Consultative Paritaire [qui tient lieu de commission de discipline à La Poste, ndlr], qui devait se réunir ce jour de reporter l’instance disciplinaire ». Et de répéter ce qui avait été dit aux représentants du personnel :
« En effet le facteur a aussi été convoqué devant le Tribunal Correctionnel pour répondre de ses actes. Il sera ensuite entendu par la Commission Consultative Paritaire et la décision de sanction disciplinaire sera prise à l’issue par La Poste ».
Aucune date n’a été fixé pour cette future commmission de discipline.
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