En juin dernier, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu son rapport sur les Etats généraux de la bioéthique. La plupart des contributions ont porté sur la question de l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, et plus seulement à celles en couple hétérosexuel et stériles.
Le CCNE a rendu un avis favorable, faisant suite à une promesse du candidat Macron qui se disait « favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et les couples de femmes ». Il précisait vouloir « attendre l’avis du CCNE ».
Maintenant que l’avis a été rendu, le président Macron est plus prudent et redoute une mobilisation des anti-PMA. Il souhaite désormais un « un débat apaisé » pour éviter le retour de la Manif pour tous dans la rue.
En juillet dernier, après un gros cafouillage au sein de la majorité LREM, le porte-parole du gouvernement a réaffirmé qu’un projet de loi sur la bioéthique serait présenté avant la fin de l’année, et débattu au Parlement en 2019. Il devrait aborder la question de la PMA pour toutes les femmes.
Structurer les oppositions contre la PMA
Manif pour tous et autres opposants à la PMA se préparent donc à affronter le gouvernement. Et ils le font particulièrement à Lyon. Ce samedi, l’association Cosette et Gavroche, à l’origine de la première manif contre le mariage pour tous à Lyon, organise une rencontre nationale intitulée « Les Etats généraux de la bioéthique Acte II ».
Deux objectifs à cette journée. Dans un premier temps, continuer de développer les arguments contre une future loi qui « permettrait de fabriquer des orphelins privés de père et de racines paternelles dans l’unique but de satisfaire des désirs de femmes ».
A la tribune de ce « colloque », on retrouve des médecins, des juristes, des théologiens et des membres actifs de la Manif pour tous, dont sa présidente Ludovine de la Rochère.
Mais les 300 personnes qui sont attendues à l’hôtel Mercure de Perrache ont déjà débattu et redébattu de « l’intérêt supérieur de l’enfant » depuis les manifs contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe.
L’objectif principal de ces « Etats généraux de la bioéthique Acte II » est donc, surtout, de « préparer la suite des événements au cas où le gouvernement voudrait imposer une loi ».
En clair, il s’agit de passer au stade supérieur de la mobilisation, en reprenant les mêmes recettes qui avaient réussi à la Manif pour tous.
Tout d’abord, « structurer toute une opposition » pour se préparer à un projet ou proposition de loi qu’ils envisagent « pour fin 2018/début 2019 ». Après cette première rencontre, l’idée est de créer un « comité d’éthique populaire », particulièrement sur le sujet de la PMA.
Ensuite, ces opposants « pensent à organiser une manif », en espérant reproduire les même que celles organisées en 2012 et 2013.
« On est prêts et on a l’habitude. On veut essayer de convaincre pour que le projet ne voit pas le jour », déclarait Bénédicte Louis, cofondatrice de Cosette et Gavroche, lors d’un point presse. L’association avait été créée en 2012 précisément contre la loi Taubira.
Pour ces opposants, une manif pourrait être organisée « avant la mise à l’ordre du jour parlementaire ».
La mobilisation contre la PMA : une affaire de familles de droite
Pour leur mobilisation, les opposants à la GPA peuvent compter, particulièrement à Lyon, la droite conservatrice alliée à l’extrême droite.
C’est aussi une affaire de famille. Le fidèle de De Villiers, Patrick Louis, le mari de Bénédicte, copréside le conseil scientifique de l’ISSEP l’école de Marion Maréchal. Cette dernière annonce, dans Le Monde, vouloir continuer à exister dans le débat public notamment sur la PMA, « porte ouverte », selon elle, aux « pratiques eugénistes ».
Quant à la fille de Bénédicte et Patrick Louis, Anne Lorne, conseillère régionale (LR), à quelques pas de l’ISSEP, elle affirme dans les colonnes de La Croix :
« Le potentiel est là pour une mobilisation plus forte qu’en 2013, le sujet de la PMA étant plus sensible ».
L’ancienne coordinatrice de la mobilisation lyonnaise contre le mariage pour tous est prête à reprendre du service.
Il y a un an, son patron, Laurent Wauquiez, avait réaffirmé son opposition à « la PMA pour des personnes du même sexe ».
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