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Jusqu’à 40 000 étudiants supplémentaires à Lyon en 2030 : comment faire face ?

Le nombre d’étudiants devrait fortement augmenter à Lyon d’ici 2030 ; la question de savoir comment les accueillir se pose dès aujourd’hui. En juin dernier, lors des assises du Schéma de Développement Universitaire (SDU), on a tenté d’offrir de premières réponses.

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Le siège de l'Université de Lyon, situé rue Pasteur. Le bâtiment accueille également un IUT de Lyon 3 et une résidence universitaire. Il a été inauguré en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l'Education nationale. ©PP/Rue89Lyon

L’Université de Lyon et la Métropole ont émis plusieurs hypothèses, en matière d’enseignement notamment.

Lyon compte actuellement 155 000 étudiants, et ce nombre pourrait atteindre en 2030 entre 180 000 et 195 000, soit une croissance prévue de 15 à 25 %. Cette arrivée massive est principalement due au baby-boom du début des années 2000. Dans l’enseignement primaire et secondaire, on remarque déjà une augmentation du nombre d’élèves par classe de 5 à 7%.

Le 11 juin dernier, les assises du Schéma de Développement Universitaire étaient organisées par la Métropole de Lyon et par l’Université de Lyon. La rectrice de l’académie de Lyon, des représentants de la Région Auvergne Rhone-Alpes, ainsi que les directions de plusieurs établissements et deux syndicats étudiants étaient conviés pour discuter des propositions émises par l’Université de Lyon, « pour anticiper la croissances des effectifs étudiants ».

En amont des discussions, la rectrice s’est félicitée des futurs effets de la loi « Orientation et réussite des étudiants » (dite loi ORE). Bien que la plateforme Internet Parcoursup peine à trouver une place pour chacun des étudiants, Marie-Danièle Campion estime que cette loi sera de nature à limiter les effets de l’explosion du nombre d’étudiants.

Les discussions se sont également déroulées dans un contexte où aucune construction de locaux n’est prévu par le ministère de l’enseignement supérieur malgré un budget en augmentation.

Ce que déplorait José Carlos de Hoyos, vice-président de Lyon 2 :

 «La première chose à faire est d’augmenter le budget de l’université. S’il y a plus d’étudiants, il nous faudra le personnel, les enseignants, le matériel et les locaux pour les accueillir ».

Comment faire pour absorber la forte augmentation du nombre d’étudiant à l’horizon 2030 sans la construction d’amphis supplémentaires ?

C’est à cette question que l’Université de Lyon et la Métropole du Grand Lyon ont tenté de répondre, en proposant quelques pistes de solution discutées lors de ces assises. Nous les passons en revue.

Ces idées sont issues d’un atelier et seront encore discutées pour une finalisation du Schéma de Développement Universitaire mi-2019.

1. Viser l’orientation « définitive » des étudiants dans le supérieur

La loi ORE comprend un volet dédié à l’orientation, avec la création, par exemple, de deux semaines dédiées à l’orientation des lycéens, et qui s’ajoute à la décision du ministre de l’éducation de transférer les employés des centres d’information et d’orientation vers les Régions. L’objectif est de faire chuter le taux d’abandon et d’échec en première année de licence.

Aux assises du SDU du 11 juin, les différents acteurs ont proposé des mesures allant dans le sens de la réforme. Avec, par exemple, l’ouverture d’un guichet de soutien et de réorientation aux étudiants en difficultés, là encore, pour éviter leur redoublement ou leur décrochage.

Un autre bureau a été envisagé, à l’inverse pour faire de la prospection du côté des entreprises pour pouvoir offrir aux étudiants des informations relative à leur insertion sur le marché du travail en fin de cursus. Et ainsi éviter que ces derniers reprennent des études après avoir fait face à un manque d’emplois dans leur domaine d’étude.

2. Revaloriser et généraliser l’alternance

Aujourd’hui réservées aux filières technologiques et professionnalisantes, les études en alternances pourraient être une option proposée aux étudiants de filières générales. Celles-ci ont trois avantages pour les universités :

  • Les étudiants travaillent la moitié de leur cursus et donc libèrent les locaux une partie de l’année.
  • Leur insertion dans le marché du travail est facilité par le réseau et l’expérience offerte par ces formations.
  • Les entreprises accueillant des alternants prennent en charge à la place de l’État le coût de leur formation, ce qui génère des économies pour l’université encadrante.

Pierre Berat, conseiller régional LR et président de la commission enseignement supérieur et recherche de la Région, fait le lien entre la généralisation de l’enseignement professionnalisant et l’orientation des étudiants :

« Il faut empêcher les années perdues pour désengorger les universités. Pour cela, il nous faudra faire évoluer les formations existantes en rapport avec les attentes du monde du travail, et en monter de nouvelles, notamment des licences professionnelles ».

3. Favoriser la formation continue

La validation des acquis d’expérience (VAE), qui permet aux personnes ayant accumulé de l’expérience d’acquérir un diplôme ou un certificat sur la base de cette expérience, sera encouragée en particulier pour les bachelier professionnels ou technologiques.

Cela pourrait consister en une inversion de l’ordre traditionnel, avec des études qui suivraient le travail. Cette proposition, présentée par la rectrice de l’académie de Lyon, fonctionnerait pour l’étudiant avec une première période de travail suivie d’une période d’étude qui confirmerait les acquis de l’étudiant.

Le siège de l'Université de Lyon, situé rue Pasteur. Le bâtiment accueille également un IUT de Lyon 3 et une résidence universitaire. Il a été inauguré en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l'Education nationale.
Le siège de l’Université de Lyon, situé rue Pasteur. Le bâtiment accueille également un IUT de Lyon 3 et une résidence universitaire. Il a été inauguré en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale.

4. Repenser l’enseignement universitaire

L’enseignement à distance et les « Mooc » (Massive Open Online Course, cours en ligne ouvert et massif en français), qui fonctionnent par la retransmission en texte ou en vidéos des cours donnés à l’université, sont aussi une piste de réflexion pour répondre à l’augmentation des effectifs à l’université. Ils pourraient remplacer une partie des cours donnés en amphithéâtre aux étudiants de première et deuxième année.

Des changements dans l’organisation de l’année universitaire ont aussi été proposés, avec par exemple l’expérimentation d’un troisième semestre pendant l’été pour permettre des cursus accéléré et optimiser l’usage des locaux.

Stéphane Pillet, vice-président de l’université de Lyon 3 est sceptique :

« Pour l’instant ce n’est pas possible légalement, et cela demanderait une réflexion et une réorganisation du travail universitaire au niveau national ».

5. Mutualiser les moyens, et développer l’usage des lieux non-universitaires

En l’absence de nouveaux locaux, des cours pourraient prendre place dans d’autres lieux liés à l’enseignement supérieur. Les exemples cités lors des débats étaient des restaurants ou des bibliothèques universitaires, ou encore des collèges et des lycées pendant les vacances scolaires.

Une idée déjà mise en pratique dans le cas d’écoles primaires, comme nous l’indiquait Guy Corazzol :

« Dans certaines écoles on va transformer une salle qui servait à une association dans le périmètre scolaire et on va la transformer pour en faire une salle de cours.

Cette solution était proposée en lien avec une possible mutualisation des locaux, des enseignements et des équipements de l’UDL pour optimiser leur capacité d’accueil.

6. Délocaliser une partie des lieux d’enseignement

Bien que le budget de l’enseignement supérieur ne prévoit pas de construction de nouveaux locaux, l’idée a été lancée de renforcer les antennes des universités lyonnaises en dehors de l’agglomération.

Certaines antennes sont déjà présente hors de l’agglomération. C’est le cas par exemple de l’un des sites de l’Institut Universitaire Technologique de Lyon 1 ou encore d’une branche de la faculté de médecine spécialisée dans la formation en maïeutique, tous deux situés à Bourg-en-Bresse.

Cette démarche permettrait selon l’UDL d’éviter la surconcentration dans la métropole de l’offre d’enseignement supérieur.


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