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Dans l’attente d’un relogement des familles occupent la place Sathonay

Près de dix jours après leur expulsion d’un bâtiment du 1er arrondissement situé quai Saint-Vincent, une partie des familles moldaves et roumaines sans domicile fixe se trouve toujours à la rue. Elles se sont installées non loin de là sur la place Sathonay avec le soutien de collectifs dans l’attente d’un relogement. 

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Un homme sans domicile fixe/place Sathonay-©KD/Rue89Lyon

Lundi 27 août. En début d’après-midi à l’entrée de la Place Sathonay dans le 1er arrondissement, trois femmes empilent les assiettes jetables qui ont servi un peu plus tôt à partager le plat de pâtes préparé par quelques bénévoles présents sur les lieux. Un peu plus loin, deux enfants rient aux éclats en pleine partie de foot avec Manuel, un membre du collectif « Ouvrons les yeux » qui leur vient en aide. Sur cette place, on dénombre 30 des 72 personnes sans domicile fixe expulsées à deux reprises des lieux qu’elles occupaient.

Après une première expulsion le 2 août dans le quartier de Vaise (Lyon 9e), elles avaient élu domicile la semaine dernière dans un immeuble situé quai Saint-Vincent. Elles en ont été délogées mardi 21 août. Aujourd’hui, c’est en face de la mairie du 1er arrondissement que des personnes âgées, des enfants et des femmes munies de valises, de sacs et de couvertures se sont installés dans l’attente d’un éventuel relogement.

Un membre du collectif "Ouvrons les yeux" joue avec les enfants /place Sathonay-©KD/Rue89Lyon
Un membre du collectif « Ouvrons les yeux » joue avec les enfants /place Sathonay-©KD/Rue89Lyon

La Métropole met en avant le délabrement du bâtiment

L’immeuble dont ces familles ont été expulsées appartient en indivision à un propriétaire privé et à la Métropole de Lyon. Selon le collectif « Ouvrons les yeux » le propriétaire serait sur le point de le vendre entièrement à la Métropole, ce qui aurait accéléré le processus d’expulsion.

La Métropole de son côté ne confirme pas l’information. Elle a motivé sa demande d’expulsion par une procédure de péril. Il s’agit d’une mesure de sécurité, prise suite à une expertise concluant à la dangerosité de l’immeuble. Des fragilités d’un plancher au 1er étage et d’une poutre au 3e  auraient été constatées. La Métropole indique également que l’état de délabrement du bâtiment n’est pas récent :

« depuis 2006 plusieurs tentatives d’accompagnement des différents propriétaires pour réhabilitation sont restées sans suite ».

25 personnes relogées à Saint-Priest par la préfecture

Suite à l’expulsion survenue mardi 21 août, l’obligation d’hébergement d’urgence relevait de la compétence de la préfecture. Elle a ainsi dépêché sur place un représentant de la cohésion sociale pour reloger certaines familles. 25 personnes ont été placées dans des centres d’hébergement à Saint-Priest.

Des femmes enceintes, des mineurs et quelques personnes âgées ont été en priorité provisoirement logés dans ces centres pour une dizaine de jours avant peut-être de se retrouver une fois de plus à la rue. Du côté des bénévoles, on s’active auprès des autorités pour trouver une école, un gymnase ou un bâtiment abandonné comme solution d’hébergement pour les personnes sans solution de relogement.

 « La Métropole et la préfecture se renvoient la balle »

Famille roumaines et moldaves sans domicile fixe/Place Sathonay-©KD/Rue89Lyon
les familles roumaines et moldaves sans domicile fixe/Place Sathonay-©KD/Rue89Lyon

Présente auprès de ces familles depuis un mois Marine, membre du collectif « Ouvrons les yeux » s’interroge sur la responsabilité des autorités dans la gestion de cette situation :

« Nous avions le soutien de la maire du 1er arrondissement au début. Après l’expulsion, une fois les familles sur la place Sathonay et donc devant la mairie les choses ont changé. Ils ne sont pas contents de notre présence. On nous charge maintenant de demander à ces personnes de partir. Mais partir où ? »

Avant de poursuivre sur un ton incisif :

« la Métropole, la préfecture et la Mairie tiennent le même discours. Ils nous disent qu’ils ne peuvent rien faire pour aider en se rejetant la responsabilité. Nous sommes très en colère et surtout dans l’illégalité parce qu’on ouvre des squats pour aider ces gens ».

De son côté, Nathalie Perrin-Gilbert, la maire du 1er arrondissement, fait part de son agacement. Tant face aux difficultés de prise en charge des personnes à la rue que face à certains propos ou actions des collectifs qui leur viennent en aide  :

« Depuis le début, je fais le maximum pour aider ces familles. Pendant et après l’expulsion j’ai cherché des solutions auprès de la Préfecture, de la Métropole et du Conseil municipal. Je n’ai malheureusement pas le pouvoir de décider d’ouvrir une école ou un gymnase. Aucune mairie d’arrondissement à Lyon n’est habilitée à le faire ».

Agacée, elle précise également qu’elle n’a pas exigé le départ de ces familles de la place Sathonay. Elle assure avoir indiqué au collectif présent sur les lieux que » l’endroit n’était pas adapté pour des raisons de sécurité ».

La question du relogement ou de l’expulsion des étrangers sans domicile fixe reste un sujet sensible à Lyon. Les places d’hébergement manquent régulièrement. Notamment une fois la fin du plan froid et la fermeture des places supplémentaires ouvertes dans le cadre de ce dispositif.

En mai dernier, le relogement de personnes hébergées dans un squat avait été source de tension entre le maire de Lyon et le président de la Métropole.  La Ville de Lyon avait demandé l’expulsion avant que la Métropole ne demande que les personnes réintègrent le squat.


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L’ex-squat de la rue Léon Bourgeois à Bron (au bord du parc de Parilly). ©DR Jean-Paul Vilain, président de la CUM : « C’est typiquement le cas d'un bâtiment propriété de l'Etat (Maison ONF) qui a été longtemps en vente sans trouver d'acheteur. Il y a 3 ans, la CUM avait demandé à la Préfecture de le réquisitionner pour y installer des migrants SDF. Refus de la Préfecture, en lien avec la commune de Bron. On nous expliquait que ce n'était pas possible car il y avait un soit-disant projet de construction de « résidence sociale ». Ce bâtiment a été ensuite squatté pendant plus de deux ans par des familles albanaises qui ont fini par être expulsées à l'automne 2017. Ce lieu est à nouveau "sécurisé" et vide depuis ce moment alors que soit-disant la Métropole et la Maison de la Veille Sociale (MVS) cherchent partout des places d'hébergement ».

Photo : DR Jean-Paul Vilain, président de la CUM : « C’est typiquement le cas d'un bâtiment propriété de l'Etat (Maison ONF) qui a été longtemps en vente sans trouver d'acheteur. Il y a 3 ans, la CUM avait demandé à la Préfecture de le réquisitionner pour y installer des migrants SDF. Refus de la Préfecture, en lien avec la commune de Bron. On nous expliquait que ce n'était pas possible car il y avait un soit-disant projet de construction de « résidence sociale ». Ce bâtiment a été ensuite squatté pendant plus de deux ans par des familles albanaises qui ont fini par être expulsées à l'automne 2017. Ce lieu est à nouveau "sécurisé" et vide depuis ce moment alors que soit-disant la Métropole et la Maison de la Veille Sociale (MVS) cherchent partout des places d'hébergement ».

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Photo : Pierre Petitcolin

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