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Après Parcoursup pour les lycéens, le système Affelnet laisse des collégiens sur le carreau

Si Parcoursup a fait parler de lui en attribuant ou non des places aux lycéens dans les établissements du supérieur, on connaît moins son discret petit frère, Affelnet, qui détermine l’accès des collégiens au lycée. Ce système d’orientation informatisé semble lui aussi poser de gros problèmes. Illustration dans l’académie de Lyon.

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Photographie de la façade du groupe scolaire Chevreul-Lestonnac.

Au collège Henry Barbusse de Vaulx-en-Velin, des enseignants du secondaire sont atterrés. Via une intersyndicale regroupant la CNT, le SNES et SUD, ils s’indignent dans un communiqué de l’absence de propositions, pour 29 de leurs élèves, pour intégrer une seconde professionnelle. Mickaël Goyot, syndicaliste en charge de la presse issu de la CNT Éducation, nous explique :

« Si Affelnet ne leur donne pas de résultat d’ici à la rentrée prochaine, ceux qui ont moins de 16 ans redoubleront, ceux qui ont plus de 16 ans devront se tourner vers la MLDS, la Mission de Lutte de Décrochage Scolaire. Mais un élève de troisième passe souvent son année à attendre d’arriver au lycée pour avoir un peu plus d’autonomie. C’est compliqué pour eux de redoubler parce qu’on ne leur propose rien après. »

Parmi les 29 élèves du collège Henry Barbusse sans solution à la fin du premier tour d’Affelnet, neuf d’entre eux ont trouvé une place dans le privé pour poursuivre leurs études, douze autres ayant moins de 16 ans ont redoublé leur troisième, et 8 continuent d’être sans affectation, et se retrouveront à la rentrée prochaine en situation de décrochage scolaire s’ils ne trouvent pas de place entre temps.

Cette solution, les élèves ont encore une occasion de la trouver : le 10 juillet seront publiés les résultats du second tour des affectations d’Affelnet.

Ceux qui n’auront toujours rien à l’issu de ce second tour peuvent encore contacter leur établissement pour que leur dossier soit étudié fin août au sein d’une commission d’affectation. Si les réponses sont toujours négatives, les collégiens devront s’adresser directement à la direction des lycées professionnels. Ils devront alors compter sur des désistements pour trouver une place vacante, en allant faire du porte-à-porte dans les lycées.

Du côté du rectorat de Lyon, la réponse donnée à l’alarme des syndicats se concentre sur la réorientation des élèves. Si les filières qu’ils ont demandées ne les ont pas acceptés, ils devront se tourner vers d’autres qui n’affichent pas déjà complet.

Des élèves finiront-ils perdus dans la nature après la troisième ? Au rectorat, on promet que chaque élève est suivi de façon à ce qu’il trouve une solution. Pascale Perret, directrice ajointe charge de la communication de l’académie de Lyon, tente une explication :

« Les élèves sont accompagnés individuellement pour trouver des solutions, et faire de nouveaux choix vers des filières où il reste des places. Nous nous assurons que l’inspection académique ait connaissance de leur cas, et qu’ils ne se retrouvent pas seuls face à la machine. »

D’autres collégiens, dans d’autres établissements de l’académie de Lyon seraient également concernés par ce flou artistique.

Photo d'illustration, groupe scolaire Chevreul-Lestonnac à Lyon (7è). ©PP/Rue89Lyon
Photo d’illustration, groupe scolaire Chevreul-Lestonnac à Lyon (7è). ©PP/Rue89Lyon

Le baby boom du milieu des années 2000 aggravera-t-il le problème ?

Avec environ 793 000 naissances en France en 2003 (selon l’Insee), les effectifs actuels d’élèves en fin de troisième se situent au creux de la vague démographique des années 2 000. L’Éducation nationale prévoit une « forte augmentation des effectifs en collège pour les rentrées 2018 et 2019, de respectivement 34 000 et 36 000 élèves, qui se stabilisera à partir de 2013. »

Une augmentation qui pourrait aggraver la situation des élèves s’orientant en lycée professionnel. Aucune création de places n’est prévue dans la réforme de l’enseignement professionnel annoncée le 28 mai 2018 par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.

Que les collégiens et leur famille prennent note, certaines filières seront bouchées davantage encore.

Par exemple, la filière Gestion-Administration, l’une des plus répandue en France avec 75 000 étudiants, pourrait voir ses effectifs réduits. La raison invoquée ? Un faible taux d’insertion dans l’emploi :

« Avec seulement 34% d’insertion professionnelle 7 mois après la fin de la formation, on ne peut pas se permettre de créer des places dans cette formation. Elle est peu adaptée à la demande des employeurs, et il est prévu dans la réforme de se concentrer sur des spécialisations adaptées au contexte local, pour faciliter cette insertion » ajoute Pascale Perret.

Si la filière Gestion-Administration ne convient pas au marché de l’emploi, les collégiens voulant suivre une voie professionnelle devront s’orienter vers d’autres filières du tertiaires, ou de la production industrielle. Que ça leur plaise ou non.


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