C’est un nouvel épisode dans la prise en charge plus que chaotique des migrants qui se prétendent mineurs et qui ne sont pas pris en charge par la Métropole de Lyon.
Résumé d’un mois d’expulsions.
Le 29 mai dernier, la Ville de Lyon a fait expulser un squat de mineurs isolés dans le 7e arrondissement, le jour d’une réunion de concertation sur le sujet organisé par la Métropole de Lyon.
Se rendant compte du problème, le cabinet du président de la Métropole a hébergé 35 mineurs non accompagnés (MNA) à la résidence de la Sarra, un centre d’hébergement ouvert pour le plan froid et dont une partie des résidents a été remise à la rue la semaine précédente. Ils devaient y rester le temps de leur évaluation.
Il y a cinq jours, des squatteurs d’un bâtiment appartenant à Grand Lyon Habitat ont été expulsés. Ce bâtiment devait servir à héberger une quarantaine de mineurs isolés étrangers.
« Une fin de prise en charge »
Le service de la Métropole (la Méomie) et l’association missionnée depuis avril (Forum réfugiés), qui doivent les héberger en urgence et faire une première évaluation de leur âge, sont saturés. En attendant d’être reconnus mineurs, ces migrants sont à la rue (lire notamment l’enquête de Médiacités). Certains trouvent des squats, d’autres sont hébergés chez des habitants.
En novembre dernier, la Métropole de Lyon avait procédé à l’expulsion d’une soixantaine de jeunes migrants africains qui dormaient près de la gare Part-Dieu.
Ce mardi matin, vers 7 heures du matin, les services de la préfecture appuyés par la police ont procédé à l’évacuation du foyer de la Sarra (5e arrondissement) où des mineurs résidaient depuis près d’un mois.
Les services de la préfecture du Rhône ne sont pas intervenus à la suite d’un jugement ordonnant une expulsion. Ils ont signifié une « fin de prise en charge » aux personnes qui ont quitté le foyer « d’eux-mêmes », selon la porte-parole de la préfecture. La présence des forces de l’ordre a été suffisamment dissuasive, aux dires des témoins.
Sur les 35 jeunes, 18 ont été reconnus mineurs à la suite des évaluations réalisées par Forum réfugiés. 17 ont été considérés comme majeurs. Les derniers résultats négatifs ont été communiqués ce matin, quelques minutes avant qu’on ne leur dise de quitter les lieux.
Ceux reconnus mineurs ont été conduits dans des foyers spécialisés, parfois à plus d’une centaine de kilomètres de Lyon, dans la Loire. Parmi ceux reconnus majeurs, 13 étaient encore ce matin dans le foyer. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) leur a proposé de déposer une demande d’asile. Ils ont tous refusé, selon la préfecture du Rhône.
Des recours vont être déposés devant le juge des enfants, a annoncé le collectif d’étudiants « les copains des mineurs » qui les soutiennent.
Trois familles et une personne seule s’étaient maintenues dans ce foyer après la fermeture à la fin du mois de mai. Toujours selon la préfecture, deux ont reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF) et ont été orientées vers le dispositif hébergement/départ volontaire DPAR. La troisième famille et la personne seule ont un « rendez-vous » à l’OFII pour faire « le point sur leur situation ».
Dans un communiqué de presse, le collectif « Jamais sans toit » (qui réunit parents d’élèves et profs) a annoncé l’occupation de l’école Marc Bloch (7ème arr.) dès ce mardi soir pour mettre à l’abri des élèves et leur famille :
« Cette occupation s’ajoute à celle des écoles Robert Doisneau (Lyon 1er), Gilbert Dru (Lyon 7ème) et Ernest Renan (Villeurbanne). Pour reprendre les propos tenus début mai par M. Guy Corazzol, adjoint au Maire de Lyon, délégué à l’Education à propos de l’occupation de l’école Léon Jouhaux, l’école est bien un « sanctuaire ». (…) Les comités de soutien fédérés au sein du collectif « Jamais sans toit » n’accepteront aucune remise à la rue des élèves et de leur famille ».
« Nous aurions souhaité être prévenus »
Rencontrés à la nouvelle permanence pour mineurs ouverte par le Secours populaire, derrière la place Jean Macé, les 13 mineurs étaient déboussolés.
« On n’a pas compris ce qui nous arrivait, raconte l’un d’entre eux. On pensait qu’on allait pouvoir rester dans ce foyer le temps que nos extraits de naissance arrivent ».
Nombreux sont ceux qui expliquent que la Métropole ne les a pas reconnus mineurs car ils n’ont pas pu fournir à temps un original de leur acte de naissance.
Estelle, une des étudiants du collectif « les copains des mineurs » exprime son « incompréhension » au sujet de cette évacuation :
« Les responsables de la Métropole nous avait dit qu’ils pourraient rester jusqu’au 5 juillet, même ceux qui n’étaient pas reconnus mineurs. On aurait pu se retourner. Ils auraient pu au moins nous prévenir. »
Mais elle ajoute, comme piste d’explication :
« Un responsable nous a dit qu’ils n’avaient pas apprécié qu’on ouvre un squat. Mais comment fait-on alors, pour les héberger ? Au bout d’un moment, on va finir par camper devant la Métropole de Lyon. »
Zorah Aït-Maten, L’adjointe en charge des affaires sociales de la Ville de Lyon, explique que ce foyer d’hébergement de la Sarra ouvert pour le plan froid doit être très prochainement détruit pour construire, à son emplacement, un Ehpad.

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…