[Mise à jour du jeudi 7 juin à 16h15] Toutes les places ont été gagnées et les gagnants avertis par mail.
1) Le 3 juillet : Marcus Miller, Rhoda Scott (Lady Quartet + special guest Bernard Purdie)
- Marcus Miller : Miles Davis broie du noir et touche à peine sa trompette, terré dans son appartement newyorkais. Mais le phénix finit par renaître grâce au jeune Marcus Miller avec lequel il enregistre Tutu en 1986. Sept ans plus tard, l’album The Sun Don’t Lie lance véritablement la carrière du bassiste sous son propre nom. Catalyseur et passeur naturel, producteur, bassiste et clarinettiste funky et généreux, découvreur de talents, Marcus Miller est aujourd’hui un leader épanoui. L’artiste à l’éternel feutre façon Prez visitait Jazz à Vienne en 2012. Deux Grammy Awards et une vingtaine d’albums au compteur, il ouvrait alors un nouveau chapitre avec The Renaissance. L’album Afrodeezia (2015), le premier pour Blue Note, reflétait ensuite ses aspirations d’ambassadeur des musiques noires de la planète. « Je suis un musicien qui a trouvé sa vraie personnalité depuis à peine une dizaine d’années ! », déclare-t-il.
- L’organiste Rhoda Scott pilote depuis 2004 (sur une idée de Jazz à Vienne) le torride et bien nommé Lady Quartet, entourée de ses amazones originelles Julie Saury, Sophie Alour et Airelle Besson. Aussi euphorique et punchy que sa jeune garde au taquet, Rhoda Scott demeure l’une des rares à utiliser encore le pédalier de l’orgue Hammond. Elle fut pour cela surnommée « l’organiste aux pieds nus » (ou « l’orteil absolu », selon Luigi Trussardi ! Notamment responsable du réchauffement climatique des salles de jazz françaises depuis cinquante ans, Lady Scott fête aujourd’hui son quatre-vingtième anniversaire. Elle en souffle non seulement les boogies, mais explose le gâteau de gospel, de jazz et de chorus soulfuĺ. Dernier opus en date, We Free Queens (2017), dont le titre fier détourne celui du We Free Kings de Roland Kirk, a été réalisé en public. On annonce pour Vienne un concert champagne et chantilly, en partie baratté en simple duo orgue / batterie avec le légendaire Bernard « Pretty » Purdie.
2) Le 6 juillet : Youssou Ndour, Rokia Traoré, Mulatu Astatke
- Youssou Ndour : Youssou Ndour est devenu patron de presse, possède à Dakar un studio d’enregistrement et fut jusqu’en 2013 Ministre de la Culture du Sénégal, nous rend une nouvelle visite (il était ici en 2014) précédée de son dernier opus (Africa Rekk – 2016) que la star décrit comme « un voyage entre l’Afrique moderne et l’Afrique traditionnelle ». De culture à la fois sérère, toucouleur et wolof, le natif de la Médina (en 1959) poursuit depuis l’album Rokku Mi Rokka un voyage au coeur de la tradition. Une tradition déjà largement actualisée via la pop (7 Seconds avec Neneh Cherry date de 1994), le reggae et la production numérisée. Il reprend aujourd’hui la route avec son groupe fétiche, ce légendaire Super Étoile de Dakar, enrichi depuis le Grand bal de Bercy 2013 de cadors camerounais (la super basse de J.J. Obam Edjo’o !) et dont le dernier témoignage discographique date également de 2013 : la réédition de Live – Fatteliku (feat. Peter Gabriel), un fabuleux concert de 1987 enregistré à Athènes.
- Rokia Traoré : La chanteuse malienne publiait en 2016 NéSo, un sixième album engagé. Rokia Traoré est une artiste nomade qui partage sa vie entre Bruxelles, Bamako où elle a grandi (elle est née en 1974 dans la banlieue de la capitale) et les États-Unis où elle travaille régulièrement. Produit comme le précédent par John Parish (PJ Harvey, Eels), Né So est un disque concerné, tressé de sonorités rock et de mélodies mandingues composées après les événements tragiques de 2012 au Mali. Rokia évite pourtant le pathos. C’est même ce qui fait son style : la sobriété, la distance. D’une voix acérée, entourée de choeurs et de ses invités Devendra Banhart et John Paul Jones (Led Zeppelin), elle chante en français, en bambara, et en anglais sur l’emblématique Strange Fruit de Billie Holiday.
- Mulatu Astatke : Grâce notamment au film Broken Flowers (2005) de Jim Jarmush, Mulatu Astatke (75 ans) n’est plus tout à fait ce secret le mieux gardé des musiques éthiopiennes que se partagent les explorateurs de la merveilleuse collection Éthiopiques (éditée dès 1999 chez Buda Musique). Ainsi, depuis 2005, celui qui est considéré comme le père de l’éthio-jazz offre désormais à tout un nouveau public ses musiques envoûtantes au système modal le plus souvent pentatonique. Un jazz hors norme, à la fois cosmique et ondulatoire, comme millénaire, qu’il sculpte dès la fin des années 60 au vibraphone, sur ses congas ou un clavier Wurlitzer. Le maître Astatke, qui fut le premier étudiant africain du célèbre Collège de Musique de Berklee à Boston (E.U.) et qui joua notamment un temps chez Duke Ellington, expose toujours avec la même fraîhhcheur son groove abyssinien.
3) Le 13 juillet : Morcheeba, Dhafer Youssef, Electro Deluxe, Sofiane Saidi + Mazalda, Moon Hooch
- Morcheeba : Le trio originel formé en 1995 par les frères Godfrey (Paul et Ross) et la chanteuse Skye Edwards a produit son huitième et dernier album sous le nom de Morcheeba en 2013 (Head Up High). Aujourd’hui, Skye Edwards et Ross Godfrey démontrent en duo que Morcheeba, c’est encore et toujours eux. Les deux complices dévoilaient à l’été 2016 un album (le premier… Ou le neuvième !?) simplement intitulé Skye-Ross. Après la tempête lascive d’un premier opus (Who Can You Trust, en 1996) qui fit naître un genre, le trip folk, il y eu l’énorme succès de Big Calm et son opulence discrète.
- Dhafer Youssef : Natif (en 1967) de Teboulba, un modeste village de pêcheurs tunisien, Dhafer Youssef est devenu un maître de l’oud, un compositeur créatif, innovant et sensible et, de plus en plus dans son oeuvre, un pur vocaliste. Aujourd’hui installé à Paris, après le succès phénoménal de son album Birds Requiem, Dhafer Youssef revient avec ce Diwan Of Beauty And Odd (2016) qui mêle harmonieusement la beauté hypnotique du chant soufi aux textures du jazz le plus contemporain. Pour ce disque émouvant et brillant enregistré à New York, le musicien franco-tunisien est pour la première fois uniquement entouré de cadors américains. Onirique, le recueil poétique (diwan) de Dhafer Youssef oscille avec grâce entre l’étrange et le beau.
- Electro Deluxe : Tout juste sacré Groupe de l’année aux dernières Victoires du Jazz, Electro Deluxe fondé en 2001 est d’abord un groupe atypique qui mêle la soul, le funk et le jazz à quelques machines esclaves. Les membres du groupe s’inspirent alors d’artistes tels que Herbie Hancock, Buckshot LeFonque (le groupe de Brandford Marsalis) ou Meshell Ndegeocello. Electro Deluxe a enregistré cinq albums. Désormais emmené (depuis 2010) par le chanteur James Copley, Electro Deluxe propose enfin Circle (2016), un sixième recueil 100% organique et soul funk.
- Sofiane Saidi + Mazalda : On croyait le raï définitivement retourné à ses origines communautaires, oublié du grand public et des aventuriers de la création musicale. Mais à Pigalle, Sofiane Saidi, un chanteur débarqué il y a longtemps de Sidi Bel Abbès, attend chaque soir que la nuit tombe pour rejoindre les étoiles (El Ndjoum). Comme les cheikhs (vieux) ou les chebs (jeunes), il leur parle, sans détour en arabe dialectal, mais Sofiane craint aussi que le raï ait peu d’avenir, alors il essaye d’inventer autre chose. Lorsqu’il sent qu‘un partenaire possède du talent, de la profondeur, de belles convictions et que leurs intuitions communiquent, il n’hésite pas à partager l’aventure. C’est ainsi qu’il rencontre Mazalda, une talentueuse bande de musiciens affranchis des frontières et des styles. Ensemble ils se montent un répertoire, qui à force d’invention devient inédit, les reprises laissant la place à des créations. De répétition acharnée en concert extraordinaire, les morceaux se patinent, gagnent en efficacité ouvrent la route aux intuitions lumineuses. Au bout de trois ans vient le temps de l’enregistrement. Ainsi, le raï est bel et bien de retour avec l’album « El Ndjoum », entièrement rénové, désintoxiqué des scories inutiles et superficielles, dont il s’affublait depuis un moment.
- Moon Hooch : Forgé dans le métro new-yorkais où il a fini par être interdit, ce trio de Brooklyn composé de diplômés de la New School for Jazz and Contemporary Music invente ce qu’ils nomment la « cave music ». Après leur concert de décembre dernier aux Trans Musicales, celui de Jazz à Vienne s’annonce abrasif et décoiffant ! Ces trois activistes de la neutralité carbone et du régime vegan catapultent un mélange enflammé de dubstep, de hip-hop, d’électro minimaliste et de jazz free. Tandis que les saxophones s’emportent, les percussions de James Muschler ancrent brutalement le tempo. Une musique à la fois sauvage et dansante. La formule deux saxes/batterie, déjà passablement atypique, prend une dimension sonore parfois dantesque avec l’irruption, outre le vrombissant baryton, la clarinette basse ou le ténor passé dans une trompe façon büchel (le cor des Alpes suisses, long de deux mètres !), d’un synthé basse que martyrise Wenzl McGowen et des vocaux de Mike Wilbur corrodés par un effet mégaphone.
Plus d’infos sur le site de Jazz à Vienne
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- le nom, prénom d’une des deux personnes
- le concert choisi
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