C’est lors d’une conférence de presse sur le bilan 2017 de la qualité de l’air, le 5 avril dernier, que le vice-président de la Métropole de Lyon, Thierry Philip, a fait cette annonce. Dans le collimateur, les émetteurs de dioxyde d’azote et de particules fines.
Au 1er janvier 2020, ne pourront circuler dans cette Zone à faibles émissions (ZFE) que les véhicules utilitaires et camions possédant la vignette Crit’Air 1 et 2.
Seront donc interdits les poids-lourds et les utilitaires les plus polluants, à savoir :
- Poids-lourds : les diesels d’avant 2014 et les essences d’avant 2009.
- Véhicules utilitaires légers : les diesels d’avant 2011 et pour les essences d’avant 2006.
Le périmètre de la ZFE est le centre de la Métropole, à savoir :
- Lyon et Villeurbanne à l’ouest du périphérique
- Un petit morceau de Caluire (à l’ouest de la montée des soldats)
- Un bout de Bron et Vénissieux (seulement les parties à l’ouest du périphérique)
Thierry Philip a expliqué ce choix en citant un chiffre :
« Ces véhicules [poids lourds et utilitaires, ndlr] représentent 25 % des kilomètres parcourus mais 50 % des émissions de NOx ».
Selon le vice-président de la Métropole, 26% des véhicules utilitaires (40 000 sur 150 000) et 17% des poids lourds (3 000 sur 17 500) sont concernés.
Si le périmètre a déjà été défini, la « phase de concertation » entamée en décembre dernier continue dans différentes commune de l’agglomération lyonnaise. Une délibération doit être présentée en conseil de Métropole fin 2018.
Fédération nationale des transports routiers dénonce une « discrimination »
La mise en place d’une « Zone à faibles émissions » ou ZFE dans la Métropole de Lyon n’est pas une nouveauté. Cette mesure était contenue dans le Plan Oxygène voté en juin 2016.
On savait à cette époque que cela concernerait les poids lourds et les utilitaires les plus anciens et les plus polluants.
Et en novembre dernier a été annoncé le périmètre (le centre de la Métropole).
La nouveauté est l’annonce du calendrier : l’interdiction au 1er janvier 2020.
Cela n’a rien de surprenant également puisque cette mesure intervient à la suite de l’annonce par la préfecture du Rhône de l’interdiction de tous les véhicules qui n’ont pas la vignette Crit’Air 1 et 2 lors des plus forts pics de pollution à partir de l’hiver 2017/2018.
Malgré ces annonces en chaîne, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) a fortement réagi dans un communiqué de presse délivré le lendemain de la conférence de presse à laquelle participait Thierry Philip.
Les représentants des routiers avaient déjà exprimé leur désaccord lors d’une réunion de concertation organisée le 6 mars entre la Métropole de Lyon et les professionnels.
Pour la fédération des entreprises des transports routiers, il est impossible à d’interdire ces véhicules les plus polluants au 1er janvier 2020.
« Le délai de 2020 pour du tout EURO 6 (la vignette Crit’Air 2 pour les diesels, ndlr) est beaucoup trop court : il est impossible de renouveler les parcs de poids lourds qui font de la livraison en ville et qui circulent déjà en EURO 5 (pour les diesels, ndlr). Cette mesure représenterait des investissements beaucoup trop lourds pour les entreprises impactées, sans compter la perte de valeur des poids lourds à la revente. Par ailleurs, les délais de commande de nouveaux véhicules seraient impossibles à tenir dans cette échéance. »
En conclusion, la FNTR dénonce le « caractère discriminant du dispositif » :
« [La FNTR] dénonce le comportement des pouvoirs publics qui ferment les yeux sur certains secteurs bien plus polluants. »
Le patronat routier propose de trouver « un calendrier plus raisonnable et réaliste ».
Pour les écologistes, tous les véhicules les plus polluants doivent être interdits
Non sans humour, les écologistes d’EELV ont envoyé leur propre communiqué titré « Zone à Faibles Émissions : les transporteurs routiers ont (presque) raison ». Naturellement, ce n’est pas pour tresser des lauriers au transport routier mais pour rappeler que les restrictions de circulation prévues par la Zone de faibles émissions (ZFE) « ne concernent pas les voitures particulières, dont certaines sont très polluantes ». Thomas Dossus, secrétaire de EELV Métropole déclare :
« Pourquoi seuls les professionnels de la route devraient participer au combat contre la pollution ? »
Et de proposer que les voitures les plus polluantes (celles qui n’ont même pas droit à la vignette Crit’Air 1 et 2) soient interdites de circulation dans la ZFE dès 2019. Thomas Dossus doute de « la volonté de la Métropole d’agir réellement deux à trois mois avant les élections » et il conclut :
« Réduire les émissions, réduire la pollution n’est pas une option, c’est une obligation ! La Métropole a mis quatre ans pour se rendre compte qu’il fallait prendre des mesures contraignantes. Ces mesures ne doivent pas cibler une seule profession, nous devons collectivement faire diminuer le nombre de véhicules polluants qui circulent dans notre Métropole ».
Le chauffage au bois, première cause de pollution aux particules
Pour rappel, selon le dernier rapport d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes (l’organisme en charge de la surveillance de la qualité de l’air), les émissions de particules fines, secteur par secteur, se déclinent ainsi :
Où l’on voit, toujours, que le chauffage au bois non-performant (essentiellement les foyers ouverts des cheminées) est la cause principale de la pollution aux particules fines.
On remarque également que concernant les transports, les voitures représentent 60% de la pollution, essentiellement imputable au diesel.
Le sentiment des transporteurs routiers de devoir faire des efforts pour les autres est donc légitime en matière de particules.
En revanche, les routiers devraient faire davantage profil bas concernant les émissions de dioxyde d’azote. Une pollution qui n’est pas abordée par la FNTR dans son communiqué.
Toujours si l’on se réfère aux chiffres d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, 64 % des émissions de NOx (NO et NO2) sont imputables aux transports. Et les poids lourds représentent 30 % des émissions dues transport. Et 18% pour les véhicules utilitaires légers. Soit un total de 48%. C’est ce chiffre qu’a repris le vice-président de la Métropole de Lyon en conférence de presse.
Mais Thierry Philip a oublié, au passage, que les principaux pollueurs restent, pour le dioxyde d’azote, les automobilistes.
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