En quête de proximité, Quais du Polar ? À vrai dire, les liens sont déjà anciens entre l’Italie et le festival-roi du genre. Celui-ci n’a pas attendu la ligne ferroviaire Lyon-Turin pour être convié au Salon piémontais du livre — c’était en 2006 — et il participera en juin prochain au palermitain Una Marina di libri.
L’invitation faite cette année au grand voisin transalpin dépasse l’échange de politesses : elle rend justice à une profusion d’auteurs d’envergure à travers quinze plumes remarquables. Gros calibres ou nouveaux venus, pratiquant le polar en puriste ou par contrebande, ces représentants bousculent volontiers les codes dans leur style ou leur souffle.
Nero è vero
Tel Luca di Fulvio, dont le “gros roman“ Le Gang des rêves (Slatkine & Cie) se place parmi ce qu’on a pu lire de plus prenant et de plus enthousiasmant ces dernières années — la virtuosité de la traduction d’Elsa Damien n’y est sans doute pas étrangère.
Prenant naissance en Calabre, cette fresque traversant la première moitié du XXe siècle est à la littérature ce que « Il était une fois en Amérique » et « Le Parrain » sont au cinéma : une épopée flamboyante teintée d’élégie, narrant une trajectoire à la frontière de l’illégalité, dans ces zones interlopes et fangeuses où se bâtissent les rêves comme la gloire : les bas-fonds de New York et les décors de Hollywood.
Di Fulvio profitera de sa venue pour lancer (vendredi 6 avril à 20h30 au Bistrot de la Passerelle, Lyon 2e), son nouvel opus paru en français, Le Soleil des rebelles — encore un pavé, chic !
Autre “monstre“, Carlo Lucarelli aime aussi explorer l’Histoire. Pour Le Temps des hyènes (Métailié) cet émule de Conan Doyle et Kipling fait infuser dialectes italiens et abyssiniens dans un récit brûlé par le soleil, heurté par la guerre et hanté par l’avidité des hommes.
Désir, convoitise et arrière-plan politique forment également le décor des Pâques du commissaire Ricciardi, le nouvel opus que Maurizio de Giovanni vient soumettre comme un fruit de saison à son lectorat, habitué à respecter le calendrier du policier napolitain.
Si l’on ajoute que l’incontournable “enquête dans la ville” va aussi succomber à la fièvre transalpine (elle s’intitule cette année Vengeance toscane), il n’est pas exclu de penser que les rues lyonnaises vont déborder de tifosi. En tout cas, plus qu’en Russie pour la Coupe du Monde…
Au Palais du Commerce et dans tout Lyon du 6 au 8 avril
Par Vincent Raymond sur Le Petit Bulletin

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