Le 9 mars dernier, on découvrait enfin le festival promis par Laurent Wauquiez pendant sa campagne en 2015. L’un des plus gros festivals du monde, revendiquant près de 400 000 participants à ses éditions en Belgique, va débarquer dans la région. Dans un an, du 13 au 15 mars 2019, il organisera une édition hivernale dans la station de l’Alpe-d’Huez en Isère.
Laurent Wauquiez et la Région qu’il dirige ont décidé d’apporter leur soutien. Un gros soutien même : 400 000 euros. Mais rien n’est trop beau pour cette grosse machine selon le président du conseil régional :
« Cette manifestation unique à l’échelle internationale s’inscrira également dans les priorités de la politique culturelle régionale et renforcera l’attractivité de la région pour la première édition hivernale du festival. Pour cette raison, la Région a tenu à être le premier financeur public de Tomorrowland. »
Sa vice-présidente en charge de la culture, Florence Verney-Carron, complétait les bienfaits culturels supposés :
« C’est une chance incroyable pour notre territoire et plus spécifiquement pour nos montagnes. Tomorrowland Winter pourra compter sur notre formidable écosystème culturel, fort de nombreux professionnels mondialement reconnus et d’une Région pleinement investie pour la culture. »
Quelle est la cohérence de la politique culturelle de la Région ?
Culture, culture et culture pour la Région. Le monde de la culture régional justement, n’a pas vraiment apprécié ce soutien financier massif à un évènement générant un confortable chiffre d’affaires (25 millions d’euros en Belgique). Un soutien important qui intervient après que la Région a mis au régime sec un nombre important de structures culturelles de son territoire. Pourquoi alors soutenir autant un gros projet venu de l’étranger et qui se porte bien ?
C’est ce que plusieurs acteurs culturels régionaux ont rappelé aux élus régionaux et à Laurent Wauquiez. À travers notamment une tribune publiée dans l’hebdomadaire culturel Le Petit Bulletin. Ils les interpellaient en se plaçant précisément sur ce terrain économique, au-delà même de leur propre valeur ajoutée artistique :
« Ensemble nous représentons : 45 structures, 134 professionnels permanents (et des milliers d’intermittents), 3 262 bénévoles, 18 millions de chiffre d’affaires, et 400 000 personnes en public réunis sur nos manifestations. »
À elles toutes, elles valent autant qu’un Tomorrowland. Une façon d’interroger aussi et surtout la cohérence de la politique culturelle de la Région.
Abracadra ! Tomorrowland c’est en fait… du tourisme
Mercredi 21 mars, des acteurs culturels ont été reçus à la Région. Pas de Laurent Wauquiez ni de Florence Verney Carron en face d’eux. Pourquoi ? Parce qu’entre temps, l’exécutif régional a décidé de transférer cette « priorité de la politique culturelle » (selon les termes de son président) au…tourisme ! Et le budget qui va avec.
Il faut dire que depuis son arrivée à la tête de la Région, Laurent Wauquiez soigne particulièrement les stations de ski. Parallèlement, le monde la culture ne lui porte pas vraiment la même affection.
Aujourd’hui, la région Auvergne-Rhône-Alpes envisage donc cet évènement comme une machine à sous :
« Compte tenu du rayonnement de cette manifestation et des retombées locales induites, la Région perçoit ce festival comme un outil de développement au service des territoires. (…) C’est la raison pour laquelle ce Festival sera porté sur les délégations tourisme et économie. Le budget culture ne sera pas impacté. »
Eh voilà ! Merci d’arrêter de nous embêter avec vos revendications artistiques et culturelles maintenant, en somme. Elle ajoute même une petite couche de pommade en affirmant « souhaiter ardemment » pouvoir signer d’ici fin 2018une convention avec le centre national de la variété et le ministère de la culture (via sa direction régionale, la DRAC) pour aboutir à un « contrat de filière ».
Une petite victoire pour les acteurs culturels.
Chargement des commentaires…