Mediacités nous apprend que les députés et médecins Jean-Louis Touraine (La République En Marche) et Cyrille Isaac-Sibille (Modem) sont proches, à des degrés divers, de laboratoires pharmaceutiques.
Avant d’être élu sous l’étiquette du Mouvement Démocrate (Modem) en juin 2017, l’activité de praticien rapportait à Cyrille Isaac-Sibille, médecin et député du Rhône, environ 9 000 euros nets par mois.
Un salaire classique pour une blouse blanche, que Cyrille Isaac-Sibille a choisi d’agrémenter en jouant les boursicoteurs : il possède des actions dans 34 grands groupes dont le fleuron pharmaceutique français Sanofi. Il détient 92 parts de la multinationale, implantée notamment à Lyon, d’une valeur de 7 785 euros, selon sa déclaration accessible sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
Cyrille Isaac-Sibille : passage à onze vaccins et soupçon de conflit d’intérêts
Plus Sanofi réalise de profits, plus le député gagne de l’argent. De quoi le rendre particulièrement attentif aux intérêts du premier groupe pharmaceutique de l’Hexagone. Et de quoi le soupçonner de conflit d’intérêts quand il réaffirme son soutien au passage de trois à onze vaccins obligatoires, mesure polémique finalement votée dans la loi de finances de la sécurité sociale 2018.
Un changement réglementaire favorable à Sanofi qui fabrique le vaccin hexavalent (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, bactérie Hæmophilus Influenzae et hépatite B), vendu plus cher que l’anti-diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) (les trois seuls vaccins obligatoires auparavant), quand il était encore disponible…
Cyrille Isaac-Sibille est cité à de multiples reprises sur le site transparence.sante.gouv.fr, qui répertorie les liens d’intérêts qu’entretiennent les médecins avec l’industrie pharmaceutique.
C’est le troisième député-médecin du Palais bourbon le plus gâté par les firmes pharmaceutiques, selon le classement exclusif réalisé par Mediacités, obtenu grâce à l’extraction de données du site gouvernemental réalisée par l’association Regards citoyens.
Jean-Louis Touraine, parrain des événements des labos pharmaceutiques
Depuis son élection à l’Assemblée nationale en 2007, Jean-Louis Touraine ne portait la blouse blanche qu’à temps partiel seulement, et il a pris sa retraite en 2015. « Il n’exerce plus, alors il n’est plus sollicité par les visiteurs médicaux car il n’est plus prescripteur de médicament. En revanche, en tant qu’homme de loi médecin de profession, il est considéré comme « leader d’opinion » et est connu pour accepter de parrainer des événements organisés par les laboratoires pour réaliser la promotion de leurs produits », dénonce Anne Chailleu, présidente du Formindep, association pour une formation médicale indépendante au service des seuls professionnels de santé et des patients.
Jean-Louis Touraine a répondu a Médiacités. A ses yeux :
« il n’y a pas plus de liens d’intérêts dans le secteur de la santé que dans le domaine syndical, industriel ou journalistique, mais cela révulse davantage car ils aboutissent à des prescriptions pas forcément nécessaires. L’argent aurait pu servir à mieux soigner les gens. C’est pourquoi il y a, et il le faut, une surveillance plus forte que dans d’autres secteurs ».
Cyrille Isaac-Sibille finit par répondre
Alors que le député n’avait pas répondu à Mediacités, il a expliqué sur le site Lyon Mag, pourquoi il possédait des actions Sanofi :
« J’ai donné mandat à ma banque afin qu’elle gère en intégralité ce PEA par l’achat ou la vente d’actions. La possession d’actions Sanofi n’est pas un choix de ma part et ne saurait être un lien avec ce laboratoire pharmaceutique » conteste Isaac-Sibille .
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