Ce vendredi 9 février au matin, les familles installées à proximité de l’esplanade Mandela dans le quartier de la Part-Dieu ont été expulsées. De nationalité albanaise et en demande d’asile pour la plupart, ces personnes s’étaient installées sur une bande de terre coincée entre le bâtiment d’Orange et la piste cyclable fin septembre, au moment de la visite d’Emmanuel Macron.
Au fil des arrivées, le nombre de personnes avait augmenté sur le campement, jusqu’à atteindre 200 personnes, qui vivaient essentiellement sous des toiles de tentes. Ce nombre avait diminué suite à l’ouverture de squats fin décembre/début janvier (lire ici et là).
La préfecture ne les considérait pas « réellement à la rue »
Les personnes de ce campement n’étaient en effet pas considérées comme prioritaires dans le cadre du plan froid car n’étant pas « réellement à la rue » (dixit la préfecture).
Depuis ce lundi 5 février, après la chute des températures et l’activation « plan grand froid », plusieurs dizaines de personnes avaient pu rejoindre un gymnase ouvert dans le 6e arrondissement.
Jeudi soir, la préfecture du Rhône a recensé 35 personnes qui étaient restées sur place.
Immédiatement après l’expulsion des personnes, le terrain a été vidé. Des grilles vont être posées pour empêcher un nouveau squat.
Sixième expulsion, un gymnase ouvert et une « redirection »
Il s’agit de la sixième expulsion de demandeurs d’asile albanais en un an. Cette dernière fait suite à une décision du tribunal administratif de Lyon du 31 octobre dernier.
Le terrain appartenant à la Métropole de Lyon, le préfet du Rhône a usé de la force publique à la demande de la collectivité.
Sur décision de la préfecture (compétente en matière d’hébergement d’urgence) les personnes évacuées ce vendredi vont être hébergées au gymnase Dargent, dans le 8e arrondissement, pour environ 10 jours.
La porte-parole de la préfecture du Rhône affirme que ses services ont distribué à toutes les personnes un papier leur expliquant de se présenter au gymnase.
A la fin de ces dix jours, ces personnes seront « redirigées vers d’autres structures », dixit la préfecture.
Agnès, une bénévole du collectif Agir Migrants, présente sur les lieux depuis le début de l’évacuation n’a pas vu de «récépissé » invitant les personnes expulsées à se présenter au gymnase :
« La consigne qui a été donnée est d’appeler le 115 à 14h pour aller dans le gymnase. Or nous savons que la ligne est surchargée. Ce n’est pas une solution. Il leur faut un vrai toit. »
Jean-Paul Vilain, le président de la Coordination urgence migrants va dans le même sens et reste dubitatif concernant la promesse de « réorientation » :
« Être hébergé dans un gymnase, cela veut dire être mis à la porte tous les jours à 9h et resté dans le froid toute la journée. A la fin des dix jours, ils seront remis dehors. »
Ces associations plaident, toujours, pour une mise à disposition des locaux vides des collectivités dans le cadre d’un hébergement à titre temporaire.
Ne voyant rien venir de la part des pouvoirs publics, elles se mettent à ouvrir des squats.
Lundi, ces responsables seront devant le tribunal d’instance de Villeurbanne suite à « une réquisition citoyenne » visant à mettre à l’abri une soixantaine de personnes du bidonville de la Part-Dieu. La Métropole de Lyon, propriétaire de l’immeuble, les assigne pour demander l’expulsion.

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