La transformation de GUD en Bastion social s’est réalisée en deux temps. D’abord, en mai dernier, avec l’ouverture d’un squat à une encablure de la place des Jacobins (Lyon 2e). Ce bâtiment « réquisitionné » a, le premier, porté le nom de « Bastion social ».
À la manière des néofascistes italiens de Casapound, les militants du GUD voulaient faire de cette occupation le principal levier de leur propagande. Le propos tenait en un slogan : héberger « les nôtres avant les autres ». Ils ont été expulsés trois semaines après l’ouverture.
Après l’occupation, le mouvement a continué sur sa lancée. Cet automne, le GUD s’est fondu officiellement dans le Bastion social, en annonçant dans un communiqué du 21 novembre la mise en sommeil du groupuscule qui avait été refondé en 2009.
Dans son intervention à la « XIème journée Nationale et Identitaire » de Synthèse Nationale, le 1er octobre 2017, devant tous le gratin nationaliste (dont Jean-Marie Le Pen), Steven Bissuel théorisait la pensée du groupe qu’il préside :
« C’est un mouvement politique, pas un énième groupuscule. Il se veut « fédérateur », avec trois axes d’action « contre l’immigration, l’Union européenne et la préférence étrangère ». »
Fédération de groupuscules et ouvertures de locaux à Strasbourg et Chambéry
En décembre dernier, ce nouveau mouvement (fait avec de l’ancien) a ouvert un local à Strasbourg (lire l’article de Rue89 Strasbourg).
Toujours à l’échelle nationale, le Bastion social fédère également plusieurs groupuscules dont « Edelweiss Pays de Savoie », qui va inaugurer un local début février à Chambéry.
Enfin, à Clermont-Ferrand, une section du Bastion social a été créée avec le projet d’ouvrir un local, elle aussi.
Dans ces villes comme à Lyon, la préférence nationale se met en pratique car, pour l’heure, le Bastion social n’envisage pas de se présenter à des élections, préférant soutenir le FN lors de ces échéances.
Le mouvement veut des « actions qui apportent des résultats ». Cela passe essentiellement par :
- Des récoltes de denrées alimentaires et des maraudes auprès de certains sans-abri.
- Des rassemblements anti-immigrés. A Lyon, le Bastion social s’est illustré à deux reprises. En septembre à Dardilly et aux côtés du FN lors de la manifestation contre l’installation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Villars-les-Dombes en décembre dernier.
Ces militants d’extrême droite ont également tenté d’organiser des manifestations à Lyon. Toutes ont été interdites par la préfecture (le 15 juillet et le 7 octobre).
Fermeture du local de Saint-Just par la Ville de Lyon
Dans ses terres lyonnaises, l’ex-GUD/Bastion social rencontre des difficultés pour implanter durablement son local politique.
Pour rappel, en septembre 2016, le GUD inaugurait discrètement son local politique, le « Pavillon noir ». Situé dans le quartier Saint-Just, sur la colline de Fourvière (Lyon 5ème), ce rez-de-chaussée commercial d’environ 40 m2 (avec mezzanine) accueillait les activités du groupuscule.
Il y a un an, on pouvait par exemple y rencontrer les membres de deux groupes de black metal néonazi après leur concert de la veille, dans la région.
Le 12 décembre dernier, à peine un peu plus d’un an après son ouverture, le GUD devenu Bastion social a annoncé la fermeture du local. C’est que le « Pavillon noir » situé rue des Farges était condamné. Compétent en matière de petit local accueillant du public, la Ville de Lyon avait en effet pris un arrêté municipal de fermeture.
Début février 2017, la commission communale de sécurité a émis « un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation » suite à une visite de contrôle conduite par Jean-Yves Sécheresse, l’adjoint à la sécurité.
La mise en demeure d’effectuer des travaux est restée sans réponse. Suite à une nouvelle visite de contrôle et à un nouvel avis défavorable, un arrêté municipal a été pris par le maire de Lyon, la veille de Noël.
Encore avant, en mai 2011, sur ces mêmes motifs, la Ville de Lyon avait fermé sur décision administrative le « Bunker Korps Lyon ». Pendant un an et demi le « BKL » (pour les intimes) était le lieu de convergence de ces militants d’extrême droite adeptes de « bière, foot et baston ».
Agression le soir de l’anniversaire du « Pavillon noir »
Par ailleurs, une enquête de police est en cours suite à une agression qui a eu lieu dans la nuit du 30 août au 1er septembre 2017, lors du premier anniversaire du « Pavillon noir ».
Selon les éléments que nous avons pu recueillir, l’agression s’est déroulée vers minuit. Six amis, âgés d’une vingtaine d’années, descendaient de Fourvière pour se rendre à Saint-Jean. En passant rue des Farges, ils ont reçu des « insultes racistes » proférées par trois personnes. Les jeunes ainsi interpelés ont répondu verbalement. Quelques minutes plus tard, une vingtaine de personnes sont sorties du local du GUD pour leur courir après.
Parmi les six amis, deux se sont faits rattraper et frapper, un a perdu connaissance et a terminé à l’hôpital. Bilan : traumatisme crânien et neuf jours d’ITT. Une plainte a été déposée.
Cette agression vient s’ajouter à une liste de violences déjà longue. Les militants du GUD sont en effet responsables de nombreuses agressions racistes (lire ici ou là) ou dirigées contre ceux qu’ils considèrent comme « gauchistes » (voir ici et encore ici).
Le GUD finit par trouver un nouveau local dans le Vieux Lyon
Depuis le printemps dernier, le GUD cherchait un local, avant même sa transformation en Bastion social.
Pendant cette période, selon la mairie, les services municipaux ont déjà dissuadé trois propriétaires qui avaient été approchés par le GUD pour transférer leur local militant du haut de Fourvière au bas de la colline, dans le Vieux Lyon.
Mais le mouvement d’extrême droite a fini par trouver un lieu à louer.
Pour l’inauguration de son nouveau « Pavillon noir » (le nom a été gardé) ce samedi 13 janvier, le Bastion social n’en communique pas l’adresse. Il s’agit encore d’un rez-de-chaussée commercial qui se situe dans le Vieux Lyon, à proximité des deux boutiques que ces « gentlemen fascistes » (comme ils se définissaient du temps du GUD) ont ouvertes.
Rassemblement antifasciste « contre l’ouverture du Pavillon noir »
Ce samedi 13 janvier à 17 heures, une quinzaine d’organisations de gauche et d’extrême gauche appelle à un rassemblement contre l’ouverture du Pavillon Noir.
Il aura lieu à 17h, place de la Comédie (Lyon 1er).
C’est une nouveauté dans la galaxie antifasciste lyonnaise dispersée. Pour la première fois depuis novembre 2014, des organisations qui font ou faisaient partie du Collectif de vigilance 69 organisent une manifestation contre l’extrême droite. Avec le soutien des antifas de la Gale.
Dans un communiqué, ces organisations affirment :
« Depuis peu, les agressions commises par ces groupuscules se multiplient et laisser le Gud-Bastion Social avoir un local ouvert au public sur Lyon n’est pas une option tolérable : ce lieu leur permettra de rassembler, de former idéologiquement et au combat. »
Le lieu, place de la Comédie, face à l’Hôtel de ville, n’a pas été choisi au hasard. Ces organisations entendent faire pression sur la mairie de Lyon et, indirectement, son ancien maire et ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, pour faire fermer ce local.
L’adjoint à la sécurité, Jean-Yves Sécheresse promet de regarder « ce local avec la plus grande attention, à l’image de ce qui a été fait pour la première version du « Pavillon noir ».
Contacté, le Bastion social n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.
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