Si vous avez récemment mis les pieds dans un bar lounge de la presqu’île de Lyon ou chez un de ses coiffeurs, vous êtes peut-être tombé sur ce magazine en Une duquel votre maire, non plus Gérard Collomb mais bien Georges Képénékian, s’affiche « en toute intimité », aux côtés de son épouse.
Ils partagent un air complice, à moitié hilares de se prêter au jeu de la pipolisation ; « pour se faire un peu mieux connaître des Lyonnais », nous a-t-on dit au cabinet du maire « remplaçant ». Il s’agit du couple que Geneviève et Georges Képénékian forment, de l’image qu’ils ont envie de donner d’eux et de leur vie privée, dans leur appartement haussmannien.
Avec son numéro de novembre, Lyon People, le magazine dont le titre dit tout de l’intention éditoriale, a fait un coup avant Noël. Pour la couv’, c’est le photographe de presse Jean-Luc Mège qui a été choisi, pour assurer quelque chose de propre, de très « Paris-Match ».
En double-page intérieure, le couple est entouré de deux femmes : Clara, belle-fille et épouse du fils Vahan, sur les genoux de qui se tient un tout petit garçon, le petit-fils Melik ; et Lori, la fille. Ils sont assis tout sourire sur un canapé de cuir rouge, assorti aux assiettes disposées autour d’une tarte aux pommes.
On ne va pas se le cacher, ce genre de papier est assuré d’obtenir un taux de lecture de 100% (tandis que le maire de Lyon se fait shooter dans son salon, Brigitte Macron fait le job dans les colonnes de Paris Match).
On y apprend que la mère comme la fille sont endocrinologues. Georges, que le mag appelle encore « Képé » alors que l’intéressé déteste ce sobriquet dont il est affublé depuis 2008, depuis qu’il a dirigé la campagne survolée par Gérard Collomb aux municipales, a quant à lui délaissé sa carrière de chirurgien urologue. Maire de Lyon, c’est un job à temps plein. Auparavant, Georges Képénékian jonglait, entre l’hôpital où il continuait à consulter et à opérer, et les soirées au théâtre, les réunions de cabinet, enchaînées sur son agenda de premier adjoint et d’adjoint à la Culture.
Cet affichage permet donc d’en savoir davantage sur celui qui officie à l’Hôtel de Ville, et qui n’a par ailleurs jamais été avare de son récit. Où l’on plonge dans l’histoire familiale écrite comme une légende, où l’on traverse l’Arménie, où l’on rencontre le grand-père romanesque, Donabedian, où l’on fait un tour rapide dans le « Kemp », quartier arménien de Lyon 3e.
Il y a même des photos tirées de l’album rangé dans la commode : voici Georges petit garçon aux côtés de son papa -portrait craché- épicier de la Grande Rue de la Guillotière ; le revoilà en train de faire valser Geneviève quelques années plus tard, lors de leur mariage ; ou encore en train de donner le biberon à l’un de ses trois enfants.
Georges Képénékian s’est prêté au jeu et pas qu’à moitié.
Gérard Collomb : « si vous suivez la route, vous irez loin »
Comme un fait exprès, le magazine de la confidence célébrait ce week-end ses 18 années d’existence et, pour l’occasion, son directeur Marc Engelhard a réussi à faire venir Gérard Collomb himself à la petite fête. Si Lyon People a toujours soutenu les candidats de droite aux élections locales (l’un des fondateurs du canard a un passé de militant politique à Lyon 3 et se présente aujourd’hui comme royaliste) face à la gauche, fût-elle celle de Gérard Collomb, l’ancien maire ne lui en tient pas rigueur.
Le ministre de l’Intérieur s’est donc saisi du micro pour, entre autres, raconter comment son ambition de petit élu local s’est vérifiée au travers des photos que Lyon People a prises de lui pendant ses quasi deux décennies. C’est en effet la spécialité du mag : des clichés pris dans les soirées plus ou moins mondaines de la ville et dans lesquels certains s’amusent à se chercher/trouver.
Dans la vidéo (visible ci-après) Gérard Collomb déclare :
« 18 ans. J’étais à l’époque un élu qui cherchait à percer un peu. Et je me disais : il faut faire les soirées […]. Et je crois qu’à un moment donné, ils m’avaient dit, Marco et Nico [les fondateurs de Lyon People] : mais finalement, vous êtes l’élu le plus photographié. Il y en a quelques uns, ici, je peux le leur dire : ça paie. Il faut continuer, parce que si vous suivez la route, évidemment, vous irez loin. »
Un conseil qui aura été donné à Georges Képénékian quelques semaines avant, ou bien une façon de re-confirmer publiquement l’adoubement d’un poulain/compagnon/successeur.
Georges, David et… Caroline
Dans les faits, les hommes placés, qui à la Métropole (David Kimelfeld), qui à la mairie de Lyon (Georges Képénékian), n’apparaissent pour l’heure que comme des appuis solides, de confiance mais aussi de transition.
L’actuel ministre n’a de cesse d’exprimer son intérêt -que disons-nous, son amouuur- pour Lyon et pour sa Métropole dont on sait qu’il continue à suivre les dossiers ; il le fait même sur un ton provocateur, comme pour montrer qu’à ce stade de son parcours, il n’a pour ses détracteurs que des pichenettes à distribuer.
Le ministre de l’Intérieur devant une tireuse à bière, en campagne hyperactive
Concernant l’extrême droite, Georges Képénékian se distingue de Gérard Collomb
Pour sa rentrée, David Kimelfeld règle son pas sur celui de Gérard Collomb
Georges Képénékian ici, David Kimelfeld là. Mais pour combien de temps ? Pour conserver la main et le reste, c’est à Caroline Collomb qu’a été confiée la gestion politique et partisane du territoire : elle a pris la tête du mouvement départemental de La République en marche. Peut-être finira-t-elle par ouvrir elle aussi la porte de son salon, dans le but de donner à dire sur ses ambitions -mais à Paris Match, rien de moins certainement.
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