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Michael Schwartz de La Cordée : « Les gens ont besoin de trouver du sens dans leur entreprise »

Michael Schwartz est le cofondateur de la Cordée, réseau d’établissements dédiés au coworking. Pionnier sur ce créneau convoité des nouveaux espaces de travail, il compte treize établissements, dont six à Lyon et qui emploient vingt personnes. C’est aussi son fonctionnement et ses rapports internes qui ont fait de la Cordée une forme d' »exemple » managérial et une réussite en matière de communication.

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Michael Schwartz et Julie Pouliquen, les deux fondateurs de la Cordée, réseau de lieux de coworking dans Lyon et sa région. Photo DR

Pour Michael Schwartz, la dimension collaborative du travail et l’organisation des entreprises est devenu un véritable axe de développement. Il n’a de cesse de parler d’un besoin pas si neuf, celui de répondre à la volonté forte de (re)trouver du sens dans son travail et de changer la façon de décider collectivement de la stratégie de son entreprise. Et de dessiner les contours de l’entrepreneur de demain.

C’est ce dont il parlera au toujours très instructif Forum de l’entrepreneuriat à la CCI de Lyon Métropole, les 8 et 9 novembre prochains.

Quelle est la place de la Cordée aujourd’hui alors que le coworking s’est beaucoup développé ?

Michael Schwartz : Le coworking est très à la mode aujourd’hui. Beaucoup de projets se sont développés, parfois très immobiliers et parfois très collaboratifs. Entre les deux, les Cordées ont continué à bien vivre. Quand c’est saturé à un endroit, on ouvre un autre lieu. Comme à Jean Macé ou Valmy en 2016. Notre credo, c’est combattre l’isolement.

On a un public qui est plutôt autonome par rapport à la maîtrise des outils ou dans la façon de mener un projet.

Mais on se tourne aussi vers d’autres publics. À Valmy, en collaboration avec la Métropole notamment, on accueille un public en insertion. Des demandeurs d’emplois, des réfugiés ou des créateurs d’entreprise issus des quartiers.

On a donc établi un pacte en terme de dimension et d’organisation des locaux. On ne veut pas de bureaux fermés ou dédiés. Cela nous permettrait sûrement de gagner plus d’argent mais nous voulons maximiser l’entraide et ne pas laisser de public à l’écart.

Michael Schwartz, cofondateur de la Cordée, réseau de lieux de coworking dans Lyon et sa région. Photo DR
Michael Schwartz, cofondateur de la Cordée, réseau de lieux de coworking dans Lyon et sa région. Photo DR

Comment assurez-vous la mise en relation et la dimension collaborative dans vos établissements ?

Dans chaque lieu, il y a un « couteau suisse » qui aide aussi à mettre les gens en contact. Des ateliers formels ou informels sont organisés pour donner un coup de main ou partager des compétences.

Il y a aussi des permanences pour des besoins de développement informatique, de communication, commerciaux ou juridiques avec des avocats.

Nous ne proposons pas de services clés en mains, on n’impose rien. Nous ne sommes pas une pépinière d’entreprise ou un incubateur plus classique. Mais notre objectif est de créer un écosystème pour permettre la réalisation de projets, la rencontre avec des investisseurs par exemple. La plus belle façon de sortir de la Cordée c’est de créer sa société.

On fait appel à nous pour modifier des locaux, des bureaux. Pour rendre des espaces de travail plus collaboratifs. C’est notre cellule des « éclaireurs » qui s’occupe de ces projets pour créer des structures collaboratives.

« Couteaux suisses », « éclaireurs »… Personne n’a un nom de poste traditionnel (chargé de communication, commercial, etc.). Quel est l’objectif de cette démarche et qu’est-ce que cela change dans le fonctionnement de votre structure ?

Est-ce qu’on est une entreprise libérée ? Je ne sais pas. En tout cas nous avons une organisation très horizontale, à double niveau. En interne et dans le rapport avec les usagers.

On pense les rémunérations en équipe, y compris la mienne. Entre le plus petit salaire et le plus élevé l’écart n’est même pas de 1 à 2. Personne n’a de bureau attitré. Personne n’a de nom de poste classique. Il y a les couteaux suisses, les porte-voix, les éclaireurs, les jeunes crétins… Tout ça est fait pour faire réfléchir les gens au sens d’une structure et à créer une culture d’entreprise particulière.

« Les patrons de grosses boîtes ont peur de se dire qu’ils ne sont plus les seuls à avoir raison »

Il y a ce mot qui est très à la mode : celui de bienveillance. On pourrait presque le trouver galvaudé, est-ce que c’est pourtant ça qui a guidé vos pas de manager et de chef d’entreprise ?

Aujourd’hui, il y a une grosse demande pour une « entreprise bienveillante ». Les patrons se rendent compte que proposer des grosses rémunérations ne suffit plus pour garder ou attirer des gens dans leurs entreprises. Les gens ont besoin de sens.

Quand nous postons une offre d’emploi, on prend 25 000 vues sur l’annonce sur Facebook. Des gens salariés dans une autre société avec une bien meilleure rémunération postulent. L’entreprise du 21e siècle n’a plus rien à voir avec celle d’avant.

Quand on me félicite moi ou Julie (Julie Pouliquen cofondatrice de la Cordée, ndlr) pour ce qu’on a fait, je n’accepte pas le compliment. On a allumé une mèche mais c’est l’équipe de 20 personnes qui croient au projet et dans ce qu’elles font qui font la réussite.

De quoi ont peur les structures beaucoup plus verticales dans leur mode de fonctionnement ?

J’interviens devant des patrons d’hypermarchés, d’entreprises du CAC 40, des structures bien plus grosses que la nôtre mais qui se disent peut-être qu’on a pas tout à fait tord. Leurs craintes sont souvent liés à l’égo en réalité. Ils ont peur de se dire qu’ils ne sont plus les seuls à avoir raison.

Si d’autres personnes ont de bonnes idées, il faut s’en servir et c’est ce que nous leur disons. Mais en réalité ce ne sont pas forcément les grands P-DG qui ont peur mais plutôt les managers à des niveaux inférieurs. Avec une autre organisation, ils ne voient plus vraiment leur utilité.

Les choses bougent dans ce sens selon vous ?

Je crois que si en haut de la hiérarchie ça ne change pas, les gens finissent par quitter ces sociétés. Les choses bougent par la base.

Est-ce que cela change quelque chose dans la manière de communiquer, de parler et faire parler de soi et de son entreprise ?

Ce changement d’organisation c’est aussi un changement complet de posture et donc de communication. Dans la façon de parler de soi, de communiquer en interne et de faire parler de soi en externe. La façon de s’habiller change, la façon de parler change.

On essaye d’expliquer qu’il ne faut pas voir les confrères comme des concurrents comme par le passé.

Auparavant, quelqu’un qui était sur le même créneau était forcément un concurrent et la manière de communiquer tendait à dire « venez acheter chez moi plutôt que chez lui ». Aujourd’hui, il faut davantage montrer ce qui nous démarque et fait notre originalité plutôt que dénigrer le concurrent.

J’ai monté par ailleurs une structure de cours de yoga. On est allés voir les autres structures similaires sur Lyon, on a participé à leurs campagnes de crowdfunding et elles ont participé à la nôtre pour se lancer. On pense que chacun peut trouver sa place.


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