Une nouvelle cheffe qui aimerait bien que seul son prénom ne résonne mais qui est aussi, difficile de l’ignorer, la femme de Gérard. Vous avez dit népotisme ? On dit mieux : saga.
Cela faisait plusieurs années que Caroline Collomb, la femme de l’ex-maire de Lyon devenu ministre de l’Intérieur, tentait de se faire une place à Lyon. Pas facile en étant la femme de.
La voilà placée en tête de gondole, en prenant la tête du « comité départemental » de la République en marche (LREM), sur Lyon et le Rhône donc. Ce territoire déjà tenu par son mari depuis son élection à la mairie de Lyon en 2001.
À la question de la légitimité, Caroline Collomb répondra sans doute qu’elle milite de longue date, au sein de la section PS du 5e arrondissement de Lyon notamment. Elle répondra qu’elle a été en première ligne dans la campagne d’Emmanuel Macron sur le territoire de Lyon et au-delà (voir cliché ci-après, Caroline Collomb avec ses filles au soir de la victoire de leur champion).
Elle invoquera certainement aussi l’argument féministe, selon lequel son investissement ne peut pas être d’un coup d’éponge effacé par la carrière de son bonhomme de mari.
Difficile de ne pas tiquer. La majorité présidentielle s’était engagée à mettre fin aux emplois familiaux. Même si cette règle s’applique aux élus et pas aux cadres du parti, cette désignation de Caroline Collomb qui n’est pas passée par un vote de militants ni d’adhérents, ne correspondra donc pas à la déco de surface de la maison LREM.
Caroline Collomb aux militants PS : « ce n’est qu’un au revoir »
Que reste-t-il d’ailleurs des militants de la République en marche ? Ceux-là qui croyaient dans une nouvelle façon de faire de la politique et qui s’étaient agités sur le terrain pendant la campagne présidentielle. Beaucoup avaient déjà avalé quelques couleuvres lyonnaises lorsqu’ils se sont rendu compte que le renouvellement promis (dans les candidats à la députation notamment) ne se ferait pas à Lyon. Silence radio depuis, pas de réunion citoyenne pour l’heure.
Courant septembre, nous nous sommes rendus à une réunion de la section du PS du 5e arrondissement de Lyon. Celle-là qui a vu Caroline Collomb militer jusqu’à ce qu’elle ne rejoigne son mari et Emmanuel Macron, et qu’elle soit contrainte de « démissionner » du PS.
La désormais cheffe de LREM dans le Rhône avait écrit juste avant les vacances d’été un courrier à ses camarades de section, pour leur signifier qu’il ne s’agissait pour elle que d’ « un au revoir ». Elle s’attèlera certainement à refaire sur les cendres du PS une base militante qui assure le travail, au moins sur les élections locales.
Aux militants et adhérents socialistes de se positionner : être avec Gérard Collomb, le grand chef à Lyon, mais contre le parti socialiste ou ce qu’il en reste ? Ou bien rejoindre des mouvements de gauche plus radicaux sur le territoire ? Et dans ce cas, quid de l’étiquette PS si chérie par nombre d’entre eux, ceux qui s’y trouvent depuis au moins trente ans ?
Lors de cette réunion de rentrée dans le quartier Saint-Just (5e), aucun des socialistes présents n’était encore en capacité de donner une réponse définitive, par ailleurs livrés à eux-mêmes et laissés dans un flou entretenu par les instances nationales du PS.
« Feuille de route pour les mois à venir »
Selon Salade Lyonnaise, avant même l’officialisation de sa nouvelle fonction de tête, Caroline Collomb avait déjà transmis un e-mail invitant à un :
« séminaire des animateurs/animatrices des comités locaux et des commissions thématiques de LREM Métropole de Lyon et département du Rhône » pour « définir ensemble notre feuille de route pour les mois à venir ».
Il y a quelques semaines, l’épouse du ministre de l’Intérieur qui travaille en tant que magistrate au tribunal administratif a réussi à rejoindre la juridiction à Paris, alors même que ce type de mutation n’est pas très aisée. Cela avait suscité une véritable grogne chez plusieurs de ses collègues notamment, voyant à l’oeuvre la mise en place de privilèges inacceptables.
Le tout ne manquera pas de faire pleuvoir les critiques sur ce « système Collomb » -et maintenant sur le mouvement politique du président de la République- consistant en un verrouillage politique contraignant et pyramidal, qui devient alors, avec une nomination intra-familiale, frappé d’un népotisme rarement observé.
Un acte assumé en tout cas et qui montre à quel point l’influence de Gérard Collomb sur Emmanuel Macron reste grande et leur relation très nouée.
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