Il est l’un des invité-e-s de « La Chose Publique », un festival des idées organisé par La Villa Gilet et Res Publica, qui se décline en une série de rencontres et de débats du 16 au 25 novembre 2017.
Rue89Lyon en est partenaire et nous publions les contributions des auteurs que vous pourrez rencontrer en novembre. Ici, « Généalogie de l’Europe » par François Hartog. Il vient de publier « La nation, la religion, l’avenir : Sur les traces d’Ernest Renan (Gallimard, 2017,).
Posons d’emblée qu’il y a, non pas une généalogie, mais des généalogies de l’Europe. Quatre au moins : une courte, une longue, une en termes de civilisation, une enfin structurelle. Ici, elles seront justes évoquées.
Première question : quel rapport entre le nom, tel qu’on en use quotidiennement et cette figure un peu évanescente que les Grecs nommaient Europè ? À première vue, aucun, sinon le mot lui-même. Mais, nous disent les linguistes, son étymologie est obscure.
Aujourd’hui, l’Europe existe assurément, on connaît sa date de naissance (il y a 60 ans) et on peut faire l’histoire de sa construction (les « petits pas » prônés par les fondateurs). Il s’agit là d’une généalogie courte, dont se chargent les sciences politiques : du surgissement d’un objet politique nouveau jusqu’au Brexit. Mais, aussi documentée soit-elle, cette généalogie courte débouche sur de l’incertitude : que signifie « entrer dans » et « sortir de » l’Europe ? Où commence-t-elle et où finit-elle ? Quelles sont ses frontières ?
De l’incertitude depuis les Grecs
Du côté des Grecs, et si différent que soit le contexte, on trouve également l’incertitude. Pour l’Europe, reconnaît Hérodote, « on est sans lumière sur l’origine de son nom… à moins de dire qu’elle reçut ce nom de la Tyrienne Europè… Mais il est certain que cette Europè était originaire d’Asie, et qu’elle ne vint jamais dans ce pays que les Grecs appellent Europe ». Mystère donc.
A tout le moins, quels usages en ont-ils faits ? Un mot suffit : un usage polémique (au sens fort). Pour eux, l’Europe se définit dans son opposition à l’Asie (qui commence aux rivages orientaux de la Méditerranée). L’Asie, c’est le monde perse, c’est-à- dire aussi le monde barbare. Cette partition et cette vision du monde auront une longue postérité.
L’Europe, par opposition à l’Asie ?
L’approche en termes de civilisations (Athènes, Rome, Byzance). Elle a pour elle la longue durée, mais elle risque de figer ce qui est circulations, conflits, reprises. Vaut-il mieux partir de la Chrétienté, mais qu’est-ce que la Chrétienté sans Jérusalem, et, à partir du XIe siècle, la Chrétienté est double ? On a aussi usé (et abusé) de la notion d’Occident : une généalogie de l’Europe ou de l’Occident. Mais voilà qui nous renverrait vers le partage grec initial entre l’Europe et l’Asie.
Plus opératoire me semble une généalogie de l’Europe qui repère, fait jouer et suit quelques grands couples organisateurs qui ont fourni l’armature intellectuelle de l’Europe, à commencer par ce couple inaugural, forgé par les Grecs et à leur usage, des Grecs et des Barbares.
Aux sources de l’Europe : Ahtènes, Byzance et Rome, table ronde avec Jean-François Colosimo, François Hartog et Pierre Vesperini, mercredi 22 novembre de 18h à 19h30 au Musée des Confluences (86, quai Perrache Lyon 2e)
> Titre et intertitres sont de Rue89Lyon
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