En 2007, lors de la création du parking souterrain du Gros Caillou, celui-ci a été déplacé de quelques mètres. Exit le 4e arrondissement : le symbole du plateau est ainsi passé sous administration de la mairie du 1er, embrassant désormais le Bugey et le Mont Blanc. Mais ici, les enfants comme leurs parents franchissent allègrement cette ligne invisible en buvant l’apéro ou en jouant dans l’espace végétalisé, puisque c’est le boulevard qui délimite ces deux secteurs.
Rue89Lyon explore une autre face de Lyon. Nous vous convions à emprunter les chemins qui ne figurent pas dans le Routard ou pour lesquels les guides touristiques ne font que de pauvres mentions. Outre le fait que ces lieux insolites, décalés, méconnus (choisissez le qualificatif) doivent raconter une histoire, nous avons fixé comme seul critère qu’ils doivent être accessibles au public ou, au moins, être visibles de l’extérieur.
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A priori, c’est un vulgaire rocher gris et blanc, pas plus haut qu’un homme. Pourtant, ce Gros Caillou est un symbole du quartier. Très prosaïquement, il s’agit d’un morceau de moraine (débris rocheux) retrouvé en 1862 lors des percées effectuées pour la construction du funiculaire, qui devait trouver place entre la rue Terme et le plateau.
Il a été déposé là par les glaciers des Alpes : c’est un témoignage de l’ère quaternaire, celle précisément du retour de la glaciation, toujours en cours depuis 2, 5 millions d’années.
Pierre qui roule (pas)
Mais cela n’aurait pas suffit pour créer une légende. À Lyon, ce caillou est la métaphore de l’inhumanité d’un huissier de justice, Jean Tournette, qui après avoir expulsé sans vergogne et en plein hiver une famille pauvre de canuts (l’histoire bégaye…) est poursuivi par Dieu qui l’oblige à pousser devant lui son cœur de pierre jusqu’à ce qu’il rencontre un homme plus intraitable que lui.
Passant par le secteur de la magistrature (palais de justice, quartier Saint-Jean), celui des militaires (Perrache), de la finance (palais de la Bourse), il ne rencontra personne.
Son cœur lourd grossissait au fur et à mesure de son périple. Il le ramena alors chez lui, au point de départ à la Croix-Rousse, où il s’échoua là où vous le voyez encore. Aujourd’hui, il amuse les gones et reste le point cardinal des grands.
Et rappelle, pour qui connaît l’histoire, que l’aide aux plus nécessiteux est la base des rapports humains. Et si on allait narrer cette fable à cet édile devenu sur le tard gardien de la sécurité de tous, sauf de quelques migrants coincés là-haut à Calais ?
Par Nadja Pobel sur petit-bulletin.fr

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