Pour ce samedi 17 juin, le préfet impose un itinéraire qui reste en Presqu’île. La manifestation ne passera donc pas par ce quartier du 5e arrondissement, fief revendiqué par l’extrême droite radicale.
Nouvelle étape dans le bras de fer entre la préfecture et les organisateurs de ce qu’on appelle encore la Gay Pride.
Ces derniers tiennent absolument à emprunter le quai Romain Rolland, dans le Vieux Lyon, pour montrer qu’il n’y a pas de quartier « réservé » aux groupuscules d’extrême droite.
Dans ce sens, un parcours avait été déposé en décembre dernier.
Début juin, soutenue par la Ville de Lyon, la préfecture du Rhône avait rendu un avis négatif. Le préfet délégué à la sécurité pointait le passage par le Vieux Lyon, en mettant en avant des questions d’acheminement des secours et de dispersion de la foule, dans le cadre d’un « risque terroriste ».
Dans leur réponse aux autorités, les organisateurs avaient refusé d’envisager un parcours alternatifs en considérant que les arguments de la préfecture n’étaient pas recevables puisque le « risque terroriste » est présent partout à Lyon (lire notre article sur le sujet).
Un arrêté préfectoral qui impose un autre parcours
A deux jours de la Marche des fiertés, la décision définitive de la préfecture est tombée. Dans un arrêté daté de mercredi 14 juin auquel nous avons eu accès, le préfet du Rhône impose son itinéraire :
Place Bellecour, place Antonin Poncet, quai Gailletion, qui Jules Courmont, quai Jean Moulin, rue Puits Gaillot, place de la Comédie, sur Joseph Serlin, Place des Terreaux, rue Paul Chenavard, rue de Brest, rue Gasparin, place Bellecour.
En fixant par arrêté un itinéraire, la préfecture interdit, de fait, le passage par le Vieux Lyon. Outre le blocage des deux ponts et l’« exiguïté des axes desservant les quais de Saône » déjà avancés comme argument principal, le préfet avance deux nouvelles justifications pour imposer un nouveau parcours :
- « le nombre important de manifestations culturelles ou autres concerts en cette période de l’année telles que les nuits de Fourvière ou le Festival Jazz à Vienne qui mobilisent les force de sécurité intérieur ».
- « la situation de l’état d’urgence implique un nombre d’opérations de police et de contrôles des sites sensibles mobilisant très fortement les effectifs des forces de l’ordre et que la priorité de leur action doit être consacrée à la sécurisation générale des lieux de grands rassemblements et ne saurait être détournée pour la gestion de manifestations sur voie publique ».
« De faux arguments »
Les organisateurs de la Marche des fiertés annoncent qu’un recours va être déposé devant le tribunal administratif.
David Souvestre, président de la Lesbian and Gay Pride de Lyon, considère une nouvelle fois qu’il s’agit de « faux arguments » pour empêcher un passage par le Vieux Lyon.
« Dans cet arrêté, le préfet met en avant des événements culturels dont un n’a même pas commencé, Jazz à Vienne. Il est scandaleux d’évoquer des événements culturels au détriment d’un événement politique. L’Etat est censé protéger et garantir la liberté de manifester ».
L’utilisation de l’argument des effectifs de police en période d’état d’urgence fait bondir David Souvestre. C’est précisément pour éviter ce type de problème que le parcours avait été déposé en décembre afin que les autorités puissent anticiper le dispositif d’ordre public.
« Parce que la préfecture du Rhône est gêné dans les grandes largeurs par ce passage dans le Vieux Lyon, elle ressort une fois de plus cette carte.
A l’heure où le gouvernement veut pérenniser l’état d’urgence en l’introduisant dans le droit commun, cette décision montre une nouvelle fois les dérives. Ici, Cela se concrétise par une interdiction partielle de manifester. C’est inacceptable dans un État démocratique ».
La marche s’élancera donc ce samedi à 14h30 de la place Bellecour mais ne traversa pas la Saône.
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