Jamais deux sans trois ? Après les biennales de la danse et d’art contemporain lancées respectivement en 1984 et 1991, une nouvelle venue arrive à Lyon, dédiée à l’architecture donc.
Mais à la très grosse différence des deux premières, celle-ci n’est pas directement organisée par la collectivité, en l’occurrence la Métropole de Lyon, mais largement « soutenue » financièrement.
En France, la première biennale d’architecture par les architectes
Les organisateurs soulignent le caractère inédit de cette démarche en France. Il faut toutefois rappeler qu’une biennale d’architecture existe déjà à Bordeaux depuis sept éditions : l’Agora. Mais pour le vice-président de la biennale de Lyon, Franck Hulliard, ces deux rendez-vous sont tout à fait différents :
« La Biennale de Bordeaux est une commande publique. Agora dure une dizaine de jours et est initiée par une collectivité qui, pour dire les choses clairement, valorise le territoire bordelais avant tout. On sent que tout cela est tenu sur le plan politique et stratégique ».
À la différence de Bordeaux, les pros sont à l’origine du projet :
« Ici, à Lyon, la Biennale procède d’une initiative associative avec le soutien de la Métropole, qui reste organisée par des praticiens et des professionnels. De notre côté, on a défini un comité scientifique artistique pour nous aider à sélectionner les projets. »
Il n’y a pas de thématique précise mais « diverses pistes de réflexion » proposées, comme l’explique Franck Hulliard :
« On veut rassembler l’ensemble de ces acteurs, qu’ils soient industriels, étudiants, enseignants ou chercheurs, afin de débattre de ce que sera notre avenir. Voilà notre objectif, assez rare et singulier. »
L’année dernière à la 15ème édition de la prestigieuse Biennale de Venise, plus de 88 architectes avaient privilégié le social aux constructions impressionnantes, en voulant aider les habitants les plus défavorisés. Grâce, notamment, à des choix de matériaux simples et écologiques.
Comprendre les enjeux d’une ville
Parmi les 30 projets sélectionnés, certains interpellent, tel que celui nommé « les îles blanches ». Conçue par une équipe franco-allemande, cet atelier propose de découvrir les territoires qui échappent à Google View et autres datascapes. Ces clichés sont pris hors radar et s’apparentent à des paysages de données.
On compte sur la carte de Lyon 230 îles blanches en mouvement, de plus en plus réduites. Un procédé technique qui permet d’observer notre agglomération avec un œil nouveau.
Autre expérience attirante : un jeu de simulation urbaine appelé « Re-Générations ». Le but est de faire grandir une ville pendant dix jours grâce à des petits cubes que l’on doit placer sur un grand plateau interactif. En fonction de l’attitude des joueurs, les indicateurs environnementaux varient pour nous alerter sur l’avenir de la planète.
Une expérience ludique et pédagogique que l’un des membres du studio Akkerhuis, mandataire du jeu, est fier de développer :
« Notre jeu propose différentes manières d’agir quant au développement durable. Il n’y a pas une, mais des transitions écologiques possibles. »
Développer des « utopies » pour bâtir la ville de demain
On l’a compris, les projets présentés à cette biennale relèvent du long terme et n’ont pas vocation à être concrétisés immédiatement. De la même manière, si la thématique du développement durable n’est pas au cœur de cette première Biennale Architecture Lyon, impossible de passer à côté.
Par exemple, « Aire d’attente » propose l’installation d’un agro-écosystème urbain. Le but ? Planter à côté de La Sucrière du chanvre, du lin et de la paille, afin qu’ils soient utilisés comme matériaux de constructions bio-sourcés.
Dans le futur, cultiver ces espaces en friche serait alors possible en pleine ville.
Autre projet anticipant cette fois les dérèglements climatiques : « La Source ». Ici, les architectes se sont posés une question : « comment chacun accédera t-il à l’eau à l’avenir ? »
Ceux-ci y répondent en se projetant dans un futur incertain où l’eau courante n’existerait plus. Et, pour résoudre ce problème, des puits aériens suspendus seraient mis en place pour capter et filtrer les eaux de pluie.
La Biennale Architecture Lyon, vitrine de la Métropole
La création de cette nouvelle biennale permet d’attirer les regards sur Lyon. Les élus de la Métropole de Lyon entendent également se saisir de cette opportunité pour faire parler de plusieurs territoires, actuellement en cours de transformation. À l’image, par exemple, de la Part-Dieu ou du renouvellement urbain à la Duchère et à Mermoz.
S’il n’y a pas, dans cette première édition, d’expositions consacrées à ces quartiers, il n’empêche que le choix du lieu, la Sucrière au cœur de la Confluence, n’est pas lié au hasard.
Idem, la présence lors de la visite presse de Michel Le Faou, vice-président à l’urbanisme de la Métropole, n’est pas neutre. Il est là pour faire passer un message sur l’urbanisme à Lyon et particulièrement à la Confluence, en plein chantier :
« À la Confluence, nous avons développé un grand nombre de mètres carrés sans avoir un impact supplémentaire sur l’environnement et en matière de CO2 à l’échelle du quartier. »
L’objectif de la Métropole de Lyon est encore de montrer que Lyon est une place forte de l’innovation en matière de « ville du futur ». Également sur le plan de la réflexion. Michel Le Faou insiste sur la volonté de créer une nouvelle école urbaine :
« Elle permettra au sein d’un établissement universitaire de haut niveau de mixer un certain nombre d’enseignements comme le génie civile, la géographie, la sociologie ou l’architecture, afin que les étudiants puissent avoir pleine conscience des enjeux urbains de demain. »
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