Lyon prend des airs de Lisbonne pour quelques jours. Elle n’a pas autant de collines (sept pour la capitale portugaise), mais peut se targuer d’accueillir la crème de la crème des artistes lisboètes.
Une sélection pointue, autrement dit « une prise de risque importante, que nous permet la gratuité de l’événement » dixit Violaine Didier, fondatrice d’Arty Farty et programmatrice.
Côté artistes, on note une grande variété de styles et de profils.
« Notre but est de représenter au plus près la réalité, et non de faire venir des artistes que tout le monde connaît déjà. Cela implique une part d’artistes émergents, expérimentaux, qui font la scène de Lisbonne aujourd’hui. »
Soit pas mal d’artistes rock, beaucoup aussi qui puisent dans leurs racines portugaises pour leurs compositions comme Rocky Marsiano & Meu Kamba Sound, aka D-Mars dans la galaxie hip-hop old school, digger de pépites de semba angolais comme de marrabenta du Mozambique, qui a exploré la collection discographique de Rui Miguel Abreu pour le projet live qu’il vient présenter avec percussionnistes et danseuses (jeudi à 18h30).
Dj Marfox est aussi de la fête : représentant hyperactif de la scène alternative, ambassadeur du batida, courant futuriste qui puise ses références dans les sons traditionnels, la dance des années 90, le kuduro angolais et la techno, il est également fondateur du label Principe Discos, référence ultime (jeudi à 19h30).
The Legendary Tigerman également, un one-man-band blues inspiré par Tarantino et Lynch, qui vient présenter son nouvel album (samedi à 17h15).
Radio Quântica
Autre évènement de taille, la venue de Radio Quântica, pointue, indépendante et engagée.
Fondée en 2015 par les artistes Photonz (aka Marco Rodrigues) et Violet (aka Ines Coutinho) dans l’objectif de structurer la scène alternative et underground de Lisbonne, la webradio est dédiée aux scènes émergentes et donne aussi la parole aux militants d’aujourd’hui : féministes, queers…
Selon Meryl Laurent, programmatrice de l’European Lab :
« Elle fait état de la culture aujourd’hui dans une ville qui a vécu la crise, où les artistes sont dans une situation compliquée. Ils ont su trouver des solutions fascinantes, dans la lignée Do It Yourself, dont on a beaucoup à apprendre, même si on est moins touché par la crise en France qu’au Portugal. »
Au programme : un focus sur l’histoire de la scène underground, des années 1990 à aujourd’hui (vendredi à 16h15) et des discussions sur la façon dont les porteurs de projets réussissent à concrétiser des idées avant-gardistes dans une ville qui reste conservatrice et marquée par le catholicisme (jeudi à 20h).
Graça Fonseca
Comme par exemple le Village Underground Lisboa : créé par Mariana Duarte Silva qui s’est inspirée du Village Underground de l’East London, ce véritable tiers-lieu qui abrite des soirées, un espace de co-working et un café installé dans un autobus, est aujourd’hui selon Meryl Laurent :
« L’un des lieux culturels les plus intéressants de Lisbonne. »
La fondatrice intervient dans le cadre de la conférence “Revitalisation de la ville de Lisbonne : un cas d’école” (jeudi à 13h30), aux côtés de Graça Fonseca, secrétaire d’État à la modernisation administrative.
Son titre à lui seul en dit long. Ancienne adjointe au maire de Lisbonne qui est devenu président du Portugal, elle participe aujourd’hui à réformer les institutions.
L’un de ses principaux projets est le budget participatif portugais, première initiative mondiale de ce type. Soit la mise à disposition de budgets pour les quartiers en crise, soumis à un appel à projet sanctionné par une commission citoyenne.
La plupart des lieux culturels, comme par exemple la Casa Independente dans le quartier de l’Intendente, ont été créés grâce à ces budgets. Une conférence intitulée “Budgets participatifs : des outils au service de la reconquête démocratique en Europe ?” est dédiée au sujet (vendredi à 13h).
Quand les industries créatives travaillent pour la relance économique et la revitalisation urbaine, on rejoint le questionnement de l’équipe programmatrice : Lisbonne est-elle le nouveau Berlin ?
Carte blanche à Lisbonne
Aux Subsistances du jeudi 25 au samedi 27 mai
Dans le cadre de Nuits Sonores et de l’European Lab
Retrouvez toute la programmation du festival :
European Lab
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