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À l’Épicerie Moderne, les enfants aussi ont droit à leurs concerts

Non contente de délivrer l’une des plus belles programmations de musiques actuelles dans l’agglomération, l’Épicerie Moderne est, depuis son ouverture en 2005, à la pointe d’une programmation jeune public qui s’est fait une spécialité de proposer aux enfants les mêmes musiques qu’aux parents.

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À l’Épicerie Moderne, les enfants aussi ont droit à leurs concerts

Explications avec Karine Fage, en charge des relations avec les publics et de l’action culturelle.

L’Épicerie Moderne a sans doute été la première salle de musiques actuelles à proposer des concerts rock pour les enfants. Aviez-vous dans votre convention à l’égard de la municipalité une incitation à faire du jeune public ?

Karine Fage : Rien dans la convention ne stipulait que l’on devait mener une programmation à destination des enfants, des familles ou des scolaires. Mais l’idée de l’Épicerie étant d’avoir un projet artistique et culturel le plus ouvert possible, le choix s’est imposé, dès la première année, de faire une proposition à destination des familles, depuis les tout-petits à la fin de l’élémentaire. On l’a intitulé « Les Petites gourmandises ».

L’idée c’était de proposer des choses sur les différents temps de leur vie : en plus du temps scolaire et du temps de loisir, qui sont des outils pour permettre à des enfants de faire des sorties culturelles qu’ils ne feraient pas avec leurs parents, il fallait aussi privilégier les temps en famille.

Les toutes premières saisons, c’était assez discret, mais très vite, on a créé une vraie plaquette dédiée à ces programmes. Aujourd’hui, on a vraiment pris le parti d’être sur les musiques actuelles et l’offre s’étend aux collégiens avec un concert pédagogique de musiques actuelles par an.

« C’est intéressant de proposer des sorties en famille : qu’ils puissent transmettre et partager des choses sur des esthétiques qu’ils aiment. »

Les musiques actuelles, c’est une manière de coller à l’ADN de la salle ?

Oui. D’être le plus en lien possible avec ce que l’on peut faire sur les concerts du soir. Cela a plus de sens : le pluridisciplinaire, les gens peuvent le trouver ailleurs, il y a beaucoup de centres culturels et de théâtres. Parmi les personnes qui viennent voir des concerts chez nous, beaucoup ont des enfants, parfois dans différentes tranches d’âges.

C’est intéressant de leur proposer des sorties en famille : qu’ils puissent transmettre et partager des choses sur des esthétiques qu’ils aiment. Que les enfants puissent voir ce que font leurs parents quand ils vont aux concerts. Le tout dans un cadre moins formaté que celui d’une sortie scolaire.

Les Zinzins © Pierre Grosois

Vous proposez des spectacles qui s’adressent à des âges très différents. Comment se gèrent l’auditoire et le spectacle, en fonction de son âge, de sa capacité d’attention ? Vous avez appris à le gérer, ou les artistes le prennent en charge ?

C’est partagé. Les projets artistiques sont conçus pour des tranches d’âge, et l’équipe artistique va délimiter en fonction la durée du spectacle, qui est très différente pour des moins de trois ans et des plus de six ans.

Le travail au niveau sonore est toujours pensé pour être adapté aux plus jeunes. Nous sommes aussi partie prenante dans la manière d’accueillir les enfants, en fonction de l’âge, du cadre, de l’éclairage de la salle, pour qu’ils se sentent à l’aise, notamment pour les petits en crèche.

On accompagne les assistantes maternelles qui n’ont pas forcément toujours une pratique du concert. Et les parents, sur les Petites Gourmandises, nous appellent souvent pour organiser la sortie avec leur enfant quand ils ne connaissent pas le lieu. On leur explique comment ça se passe, on est vraiment dans l’échange : il faut que ce soit vraiment un moment de plaisir.

« Qu’ils aiment ou pas, ce n’est pas grave, mais qu’ils le vivent »

On imagine qu’il y a beaucoup plus d’interactions avec le public ?

Cela dépend des artistes. Pour les moins de trois ans, ce sont de toutes petites jauges de 60 à 80 personnes, accompagnateurs compris, sachant que quand des enfants viennent avec une structure petite enfance, on a un accompagnateur pour deux enfants.

Au-delà de trois ans, on a la liberté de définir la jauge mais on ne dépasse jamais les 200, pour le confort des enfants.
Avec des groupes comme les Zinzins, qui présentera le Gambettes Symphonie le 19 avril, les enfants sont pleinement associés à leur démarche. Ça fait vraiment du bien de casser les codes, les barrières.

Pour certains concerts, les enfants sont tout autour de l’artiste, à un mètre. Ce qu’on dit aux parents et aux enfants, c’est que cette liberté là est importante : l’enfant a envie de se lever, de danser. On essaie de faire en sorte que ces spectacles soient des moments vivants.

L’idée n’est pas de dire aux enfants : « vous vous asseyez là, il va y avoir un spectacle, et dans une heure ce sera fini », mais qu’ils vivent ce moment. Qu’ils aiment ou pas, ce n’est pas grave, mais qu’ils le vivent.

Par Sébastien Broquet sur Petit-Bulletin.fr


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