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Cécile, écologiste convertie, hésite entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon

Chercheuse en géographie sociale et urbaine, installée à Lyon, depuis avril 2016, Cécile (prénom modifié) s’est mise aux Verts il y a quelques années. Dans quelques jours, celle qui se qualifie de « nouvelle bobo » devra composer en l’absence de l’écologiste Yannick Jadot. Elle hésite alors entre Benoît Hamon (rejoint par EELV) et Jean-Luc Mélenchon.

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Cécile, 32 ans, chercheuse en géographie sociale et urbaine hésite entre Hamon et Mélenchon. Photo François Mallet/Rue89L

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Une électrice qui hésite entre Benoït Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Tic tac à quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle. ©François Mallet / Sciences Po lyon avec Rue89Lyon.

Au détour d’un bloc de composte dans le quartier des Universités, Cécile attend patiemment avant de vider son sac, comme tout le monde. 2017 est l’occasion pour cette jeune chercheur de 32 ans d’affirmer la fibre écolo qu’elle cultive depuis longtemps et qui ne trouve d’écho que depuis peu de temps.

« Depuis mes 18-20 ans, les Verts m’attirent. J’ai toujours été convaincue par leur programme et j’ai toujours eu envie de voter pour eux mais, quand j’arrivais aux urnes, impossible de mettre le bulletin.

Passer aux petits partis, ce n’est pas évident. En 2007, par exemple, j’ai voté Ségolène Royal au premier tour, pas Dominique Voynet ».

Ascension sociale, « boboïsation » et écologie      

Banlieusarde de naissance et élevée en HLM par un père dessinateur en bâtiment et une mère opticienne, Cécile est éduquée à travers ce qu’elle appelle le « bien manger ». A côté de cela, ses parents ne sont pas portés écologie. Ils votent PS et son petit frère, lui, est tendance communiste voire anarchiste.

« Mon père a toujours été très critique à l’égard des écolos. A l’époque où on discutait de politique ensemble, je me tâtais toujours à voter pour les Verts après nos conversations. Inconsciemment, je pense qu’il m’en dissuadait ».

Cursus LMD validé avec brio en 2013, la géographe connaît d’abord le chômage pendant un an et demi avant de décrocher son premier poste de chercheur au CNRS.

Toujours en contrat CDD, aujourd’hui à Lyon, Cécile reconnaît que son avancée dans l’échelle sociale et son nouveau mode de vie qu’elle qualifie de « bobo » relèvent presque du cliché.

« Avant de vivre dans une colocation composée d’un pilote d’avion anglais, d’un doctorant en maths brésilien et d’une jeune femme en reconversion dans le domaine de la langue des signes, j’ai habité avec un autre géographe.

Il était hyper écolo, il faisait son compost tout seul, il était socialiste tendance Mélenchon. Il était très sympa et sans imposer sa vision des choses, il m’a donné envie de faire de même ».

Depuis quatre ou cinq ans, Cécile mange donc bio, seule ou avec son conjoint, car elle a envie de vivre dans un esprit « écologiste quotidien », qui se cultive depuis qu’elle a voté pour les Verts pour la première fois, aux élections européennes de 2009.

Les Verts, « un parti qui réfléchit beaucoup plus au commun »

Pour cette ancienne membre non militante du Mouvement des Jeunes Européens, l’écologie politique est un tout qui lui ressemble. L’ouverture des Verts sur la jeunesse et la parité lui parlent énormément.

« Aux primaires de la droite toutes récentes, j’ai voté Nathalie Kosciusko-Morizet. Aucun rapport a priori avec l’écologie et l’esprit paritaire puisque la droite est antiféministe mais il n’en reste pas moins que c’était la seule femme et la plus progressiste. D’ailleurs, si on prend la carte de ceux qui votent Verts et de ceux qui ont voté NKM à la primaire, il s’agit de la même … ».

Cécile, assurément féministe bien que jamais manifestante, adhère surtout à la proximité qu’Europe Ecologie Les Verts (EELV) a avec les réalités quotidiennes des citoyens lambda.

« Les écolos réfléchissent beaucoup plus au commun, à la vie en communauté. Le côté environnemental et développement durable est aujourd’hui fondamental pour moi.

Les Verts ont une toute autre réflexion sur nos modes de consommation et d’existence, a contrario de la très grande majorité des hommes (et quelques femmes…) politiques qui ne pensent pas à grand chose à part faire l’ENA et skier ensemble dans les stations huppées pendant qu’ils y sont ».

Sur les questions d’éducation par exemple, elle est déçue de la politique menée par le gouvernement d’Hollande, à qui elle a bien entendu donné sa voix en 2012 au deuxième tour. Les écologistes, eux, semblent bien plus en phase avec la nécessité de préserver une éducation nationale fertile.

Avec qui construire une nouvelle alliance entre l’écologie et la société ?      

Après avoir voté pour Eva Joly au premier tour en 2012, Cécile aurait a priori bien réitéré son opération Verts en 2017.

« L’écologie est le premier sujet qui devrait venir sur la table. L’emploi, l’économie, la santé, etc. devraient s’imbriquer dans cette logique plutôt que de placer au dessus de tout les appels à une « croissance positive » pendant que de vrais problèmes sont laissés pour compte ».

Sauf que le ralliement de Yannick Jadot à Benoît Hamon a changé la donne.

« Je me sens très proche du candidat socialiste, de ses idées rationnelles mais je ne me sens pas non plus convaincue, notamment car il est arrivé rapidement sur le devant de la scène.

Jean-Luc Mélenchon a, lui, un programme bien mieux bâti à mes yeux. Il est entouré par des personnes de confiance depuis plus longtemps et son côté légèrement extrême me donne envie face au ras le bol des affaires comme celles autour de François Fillon ».

L’écologie « pure et dure » n’ayant plus pas de candidat officiel pour 2017, Cécile se tournera donc au dernier moment vers celui qui fera le plus battre le coeur de ses idées insoumises, dans l’isoloir.


#Présidentielle 2017

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