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OL – Besiktas sous haute tension : éviter de perdre sur le terrain et dans les tribunes

La venue de près de 15 000 supporters du club d’Istanbul inquiète. Sa branche ultra, classée très à gauche, farouchement opposée au président turc Erdogan, pourrait en découdre avec les hooligans lyonnais, la police craint des heurts autour du match de foot.

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Le Parc OL en avril 2016. Photo CC by Net Circlion via Flickr

Jeudi soir à 21h, l’OL reçoit Besiktas en quart de finale aller de l’Europa League. Le match est à hauts risques. À tel point que l’Olympique Lyonnais invite les spectateurs à se rendre au stade dès 18h. En cause : des mesures de sécurité renforcées, notamment de contrôle des billets et de fouilles, qui risquent de retarder l’accès au stade.

Jeudi soir, c’est aussi l’expression des supporters que les pouvoirs publics voudra contrôler. La préfecture du Rhône stipule ainsi dans un arrêté que sera refusé :

« L’accès au stade à tout individu exhibant ou étant porteur des maillots, écharpes, drapeaux, étendards ou banderoles autres que ceux qui porteront les couleurs de la France, de la Turquie ou d’un des deux clubs ».

Pas de message politique dans les travées du stade.

Le match est classé « 4 », en alerte maximum et 1000 stadiers sont prévus (plus que pour un derby OL-Saint-Etienne).

Les ultras de Besiktas en tractopelle contre Erdoğan

Les supporters de Besiktas, club d’Istanbul, sont de farouches opposants au président turc. Notamment son principal groupe d’ultras, Çarşi, classé très à gauche et anti-AKP, le parti du président turc. Il se revendique d’Atatürk tout autant que de l’héritage du combat ouvrier. Il est d’ailleurs jumelé avec son homologue du club italien de Livourne, ville où fut créé le parti communiste italien.

À l’été 2013, ils étaient en pointe lors du mouvement de contestation de la place Taksim. Pour protester initialement contre un projet de bétonisation du parc Gezi à Istanbul, des manifestations s’organisent sur cette grande place de la ville. Elles tournent vite à la contestation du pouvoir.

Les membres de Çarşi sont en première ligne quand les forces de l’ordre turques répriment violemment le mouvement. Pour contrer les gros camions de la police équipés de canons à eau, ils vont même jusqu’à se présenter face à elle à bord d’une pelleteuse. Ils l’avaient empruntée sur le chantier de construction de leur nouveau stade.

La Vodafone Arena a d’ailleurs été inaugurée sans eux. Recep Tayyip Erdoğan a tenu à marquer le coup en venant taper la balle sur la pelouse et faire un petit discours dans le stade de ses opposants pour couper le ruban. Mais le stade était vide. Les supporters et notamment ceux de Çarşi avaient été tenus à l’écart.

Éviter les affrontements dans le contexte du référendum constitutionnel en Turquie

Les dispositions restrictives de la préfecture du Rhône ne sont pas anodines. La Turquie est en pleine campagne pour le référendum constitutionnel. Le scrutin se déroulera d’ailleurs dimanche 16 avril. Suite à la tentative de coup d’État en 2016, le président Recep Tayyip Erdoğan souhaite instaurer un régime présidentiel renforçant ainsi ses pouvoirs.

En 2014, 35 supporters de Besiktas étaient jugés pour « tentative de coup d’État ».

Dans ce contexte, la préfecture ne veut donc pas de tribune politique au Parc OL de Décines. Des réunions publiques en Europe et notamment en France ont aussi créé la polémique.

De source policière, on craint des affrontements entre partisans du oui et du non au référendum constitutionnel dans une agglomération où vit une importante communauté turque. Par ailleurs, Décines abrite une forte diaspora arménienne de laquelle sont réputés proches de nombreux supporters de Besiktas.

Tous les groupuscules présents, « des identitaires au GUD »

Les craintes se portent sur d’éventuels heurts entre supporters des deux équipes. Si ceux de Besiktas sont réputés antifascistes, certains supporters de l’OL sont issus de groupuscules d’extrême-droite.

En 2015, alors que fleurissent de nombreux messages de soutien aux migrants dans les stades notamment allemands, une banderole « Refugees not welcome » est brandie dans le virage sud de Gerland à l’époque. Le groupe de hooligans de Mezza Lyon, proche des identitaires, en est à l’origine.

Photo de la banderole "refugees not welcome" publiée le 12 septembre sur le site fdesouche.
Photo de la banderole « refugees not welcome » publiée le 12 septembre sur le site fdesouche.

Dans ce virage sud, plutôt divers, seul le groupe Lyon 1950 est reconnu par l’OL. Mais à leurs côtés des éléments indépendants gravitent et développent des idées d’extrême-droite. Le virage nord, dominé par les Bad Gones, n’a pas été en reste également dans le passé.

Selon la police, tous les groupuscules seront là « des identitaires au GUD ». De quoi faire craindre des affrontements. Ce fut déjà le cas lors du tour précédent d’Europa League face à l’AS Roma aux abords du Parc OL à Décines.

« Chiks of Lyon » vs « Fuck Çarşi » #OLBES

Ces derniers temps les messages et provocations entre supporters se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Notamment sur Twitter où des supporters ultras turcs, attendus en grand nombre, ont annoncé leur venue à leurs homologues lyonnais.

En réponse, une photo relayée par le compte HooligansTV1, montre une dizaine de hooligans lyonnais poser avec une banderole ornée d’une croix celtique et hostile aux ultras de Besiktas.

 


Les réponses turques n’ont pas tardé.

 


Certaines font même référence aux supporters parisiens du Kop de Boulogne (KOB) et invitent les Lyonnais à ne pas fuir.

 

15 000 supporters turcs ou l’ « erreur de communication » de l’OL

Les supporters turcs devraient être très nombreux. Et ils ne viendront pas seulement d’Istanbul. 3000 supporters de Besiktas prendront bien place dans le parcage visiteur qui leur est réservé. Mais les groupes de supporters du club stambouliote devraient aussi faire le déplacement d’Allemagne ou encore de Suisse.

Ils ont notamment été très réactifs pour acheter leur billet. Et ont profité d’un retard à l’allumage (ou de ferveur) côté Lyonnais.

L’OL a réservé l’achat de places des 1er et 2e anneaux su Parc OL aux abonnés du club à raison d’une place par abonnement dans un premier temps. Dans le même temps celles du 3e anneau étaient ouvertes au grand public à raison de 6 places par personne. Sans que grand monde ne le sache visiblement.

Les supporters turcs eux se sont rués sur ces places. Le stadium manager du Parc OL, Xavier Pierrot, a indiqué que les supporters lyonnais n’avaient qu’à faire de même mais a fini par reconnaître une « erreur de communication ».

Résultat : l’anneau supérieur du stade sera largement garni de supporters turcs qui pourraient au total être près de 15 000.

Au moins 500 CRS et gendarmes mobiles ainsi que 1000 stadiers seront ainsi mobilisés pour cette rencontre.


#Grand Stade

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