Née « sur le sol français » d’un père immigré russe, la jeune femme trouve inconcevable d’accueillir et d’aider les réfugiés :
« On ne peut pas aider tout le monde, il faut les reconduire à la frontière »
La question de l’immigration la fait bouillir. Les invectives fusent « Ils nous piquent notre travail ! » ou encore « Ils sont sales ! ».
Elle aime donc particulièrement les propositions de Marine Le Pen sur l’immigration. Même si elle avoue n’avoir pas lu entièrement son programme sur ce point. Elle refuse notamment, comme sa candidate, le droit du sol. Quand on lui fait remarquer qu’elle-même est née d’un père étranger, elle fronce les sourcils :
« Moi, ce n’est pas pareil. Ma mère est française. Et nous sommes dans une autre époque, ce n’est plus la même situation qu’il y a 30 ans »
Talia n’est pas une « assistée »
Elle explique son choix de vote par son histoire personnelle. Elle a eu « la vie dure ». Elle a commencé à travailler à quatorze ans après que sa mère l’ait abandonnée et elle a accumulé les tuiles en cours de route.
Pour elle, tout est « une question de travail et de mérite », n’ayant pas eu les moyens de faire des études. Elle renonce à toutes les aides de l’État, ne voulant rien devoir. Elle a ainsi toujours refusé de toucher les allocations chômages parce qu’elle n’est pas une « assistée ». Elle ne veut pas également se faire rembourser ses arrêts maladie, pour la même raison : elle n’est pas une « assistée ». Elle martèle ce mot encore et encore.
Elle explique aussi son choix par sa situation présente.
« Je bosse comme une folle dans la restauration pour un salaire de misère alors que ma voisine vit mieux que moi avec son RSA et ses allocations. Comment ne pas être en colère ? »
Même si cette affirmation est arithmétiquement fausse, elle n’en démord pas. Et la colère monte. Et sur ce point, la politique économique du FN est, pour elle, « pleine de promesses ».
Un avenir ailleurs
Des promesses qu’elle ne risque pas de voir tenues puisque Talia s’en va au Cambodge. Elle n’attendra pas de voir Marine Le Pen appliquer son programme si elle est élue. Elle ne croit pas en un avenir heureux en France et rêve de monter son petit hôtel sur une île exotique.
« C’est impossible de monter son affaire aujourd’hui en France alors j’ai décidé d’économiser au maximum et faire mes valises dans 6 mois pour l’Asie. »
Elle qui refuse l’arrivée d’immigrés sur le sol français a décidé d’émigrer sous le tropique du cancer. Contradictoire. Quand on lui fait remarquer, elle hoche la tête en signe de dénégation :
« Non, ce n’est pas pareil. Moi, j’y vais pour travailler. »
« Manipulation et lynchage médiatique »
Talia en est sûre, Marine Le Pen fait l’objet d’une « manipulation médiatique » et se voit constamment rabaissée par les médias. Elle déplore l’attitude des journalistes de télévision qui ne font pas leur travail « démocratique » :
« C’est une des seules femmes dans cette campagne et on la lynche en permanence. Alors, oui, je la soutiens parce que j’en ai marre que chaque fois qu’une femme dit les choses cash et est en position d’accéder au pouvoir on la mette plus bas que terre. »
La jeune femme a une position ferme concernant la place des femmes dans la société. Pas de compromis, pas de recul :
« On n’est plus au 15ème siècle, il faut que les hommes – oui, je dis bien les hommes – arrêtent avec leur bullshit patriarcal. Les femmes ne sont pas les ennemies. Ce n’est pas dur de donner à une femme un salaire égal à celui d’un homme. Ce n’est pas dur de dire que oui, la femme est libre de faire ce dont elle a envie de faire, qu’elle elle est libre. »
Dans son programme présidentiel, Marine Le Pen parle de cette égalité : « mettre en place un plan national pour l’égalité salariale femme/homme et lutter contre la précarité professionnelle et sociale ».
Avortement : « chaque femme devrait pouvoir avoir le choix »
Si Talia devait émettre une réserve sur la candidate, ce serait sur sa position concernant le droit à l’avortement.
« Elle fait un peu la girouette sur ce sujet. On ne sait pas trop ce qu’elle pense. Dans tous les cas, je ne suis clairement pas d’accord avec sa position actuelle sur la réduction des avortements et l’interdiction de ce que les politiques appellent l’IVG de confort. Chaque femme devrait pouvoir avoir le choix. »
Talia critique le conservatisme de l’ensemble de la droite sur ce point aussi.
« Je pense que c’est le problème de la droite en général. Ils ne veulent pas que les femmes aient le droit de disposer de leur corps. Je ne sais pas si c’est une tradition conservatrice mais il faudra un jour qu’ils se rendent compte que non, la femme n’est pas un objet ! »
Malgré ces doutes sur ce sujet, Talia votera FN :
« Il n’est pas possible d’être d’accord avec un candidat à 100%. Je choisis celui – en l’occurrence, celle – qui me correspond le plus. »
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