Entre deux commandes, Clémence Bévalot s’accorde une petite pause dans un café bio du bas des Pentes, où nous la rejoignons. Pour une rencontre avec une entrepreneuse à la recherche de ce qu’elle estime être le meilleur pour ses enfants et ceux des autres.
Dans son sac, plusieurs produits prêts à être empaquetés et envoyés : petits coussins en coton, miroir artisanal pour chambre d’enfant… Parisienne arrivée depuis peu à la Croix-Rousse, elle est la présidente du concept-store écolo Prairymood.
Après des études de commerce, elle travaille pour des PME dans le domaine du jouet. En 2010, c’est le déclic :
« J’en ai eu marre de vendre du plastique et des produits qui venaient de Chine. Je voulais trouver un travail plus en adéquation avec mon mode de vie bio, et compatible avec ma vie de famille. »
La jeune femme, qui voit sa conscience écologique grandir au fil des années, s’attelle à la création d’une épicerie bio en ligne. Alors enceinte de sa première fille, elle peine à tout mener de front et revend finalement son projet.
« J’ai beaucoup appris de cette expérience et j’ai eu envie de recommencer. En achetant des vêtements avant l’arrivée de ma deuxième fille, je me suis dit qu’on ne pouvait plus consommer comme ça. Je voulais des produits respectueux des conditions de travail des personnes qui les fabriquent, avec un bon bilan carbone et des matières saines pour la peau de mon bébé. »
Et bientôt… un salaire
Elle rentre alors en contact avec Véronique, la créatrice de Prairymood, concept-store né en 2010. Cette dernière cherche à céder le fonds de commerce pour des raisons familiales. Le courant passe si bien qu’en juin 2016, Clémence rachète Prairymood, et crée une SAS.
Sa première expérience l’aide à anticiper son business-plan. Les fruits de la vente de son premier site sont en grande partie réutilisés dans le projet, dont l’enveloppe totale avoisine les 60 000 euros :
- Rachat du fond de commerce avec le stock : 32 000 euros
- Rachat du stock d’un site similaire, embauche d’une agence de référencement, location d’un petit local pour entreposer les articles : 10 000 euros
- Création d’un fonds de roulement : 17 000 euros pour la première année
L »entrepreneuse est aussi intéressée par le potentiel de Prairymood, en termes de chiffre d’affaires. Les premières années, il était estimé à plus de 100 000 euros. Actuellement, Clémence ne touche pas de rémunération venant du site, même si elle est en phase avec ses objectifs :
« C’est un niveau que j’espère retrouver rapidement. Ainsi que rembourser mes frais à partir de l’année prochaine et me verser un salaire. »
99,9% de textile bio et 4000 visites par mois
Pour l’instant, à défaut de se rémunérer, Clémence investit dans ce qu’elle envisage comme une passion. Son catalogue regroupe environ 2500 articles : puériculture, mobilier, vêtements enfant jusqu’à 8 ans, décoration. Le tout fait la part belle à la consommation « éthique » : 99,9% du textile est en tissu bio ou en pure laine.
Pour les jouets, Clémence privilégie les produits artisanaux, le made in France, le bois issu de forêts gérées durablement. Ses articles de puériculture sont certifiés sans bisphénol A. Produit phare de la catégorie : une poussette fabriquée entièrement avec des bouteilles d’eau recyclées.
« Je travaille avec plus d’une centaine de créateurs, principalement des artisans français ou européens. Même si la plupart me sollicitent, je fais beaucoup de veille sur des sites spécialisés comme Pinterest ou Etsy… Les clients veulent des articles à la pointe de la tendance. »
Et le créneau fonctionne : le chiffre d’affaire de Clémence table 20% au dessus de ses prévisions initiales. Malgré une refonte totale du site avant la vente, qui l’oblige à repartir à zéro en termes de référencement, Prairymood attire 4000 visites par mois.
Le challenge étant d’en générer 3000 de plus avant la fin 2017, tout en gérant la partie logistique. A l’inverse de l’ancienne propriétaire qui passait par un prestataire, Clémence Bevalot prépare et expédie elle-même ses commandes.
« Pour l’instant je peux gérer cela moi-même, pour économiser le coût d’un transporteur. Je préfère avoir un vrai contact avec mes produits, les voir, apprendre à les connaître. »
Clémence est aussi mère de deux filles en bas âge. Un statut qui lui permet de tester ses produits auprès de sa troupe, à la maison, et d’anticiper les éventuelles envies de ses clients. Il lui arrive de craquer pour certains articles. Le dernier en date est une cabane en toile de coton bio, adoptée par sa fille de 4 ans.
« Je préfère avoir cela chez moi que ces structures en plastique, que j’ai vendues pendant longtemps. »
Malgré un démarrage laborieux, notamment à cause de la difficulté à gérer l’ensemble de ses vies, Clémence Bevalot voit comme un avantage le fait de travailler chez elle :
« C’est beaucoup moins confortable que le salariat, je pense. Mais cela permet une plus grande liberté. J’évite de prendre les transports en commun et je suis juste à côté de l’école et de la nounou. Quand on est à son compte, on s’organise comme on le souhaite. Si j’ai besoin de travailler le soir et le week-end, je peux prendre une après-midi de vacances avec mes filles. »
Le référencement du site, nerf de la guerre
Pour l’instant, aucune boutique physique n’est prévue, et la priorité est au référencement. Etre bien classé dans les moteurs de recherche : voilà le nerf de la guerre. Si Clémence est aidée par une agence, elle tient à en comprendre le fonctionnement.
« Le but, c’est que quand quelqu’un tape « body pour bébé » sur Google, mon site apparaisse comme premier résultat. J’ai appris le web sur le tas, lors de ma première expérience. Quand je m’y suis remis avec Prairymood, tout avait évolué par rapport à ce que j’avais connu en 2010. Je continue donc à me documenter sur le référencement. »
En attendant, Clémence Bevalot liste une série de chantiers. Le prochain : la traduction du site en anglais pour pouvoir toucher le public européen, friand du style « à la française ».
A chaque commande reçue, elle ressent une forme de fierté :
« Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Je suis ravie d’avoir fait ce choix. »
Et puisque le mobilier fonctionne très bien – la meilleure vente est une étagère-mouton en carton recyclé – la jeune entrepreneuse est en quête de créateurs pour étendre la gamme.
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