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« Grave » de Julia Ducourneau, de la chair fraîche dans le cinéma français

Parabole initiatique apprêtée en conte ogresque, la première réalisation de Julia Ducournau conjugue gore soft avec auteurisme arty. Un galop d’essai qui vaut une pinte de bon sang, même s’il finit, hélas, en eau de boudin. À réserver à celles et ceux qui ont de l’estomac.

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« Grave » de Julia Ducourneau, de la chair fraîche dans le cinéma français

Débarquant en école vétérinaire, la frêle Justine est saisie d’une étrange pulsion : elle se découvre un goût soudain pour la viande… humaine. Cet appétit contre-nature, qui surgit parmi moult perturbations et dérèglements, affecte dans un premier temps cette jeune femme issue d’une famille de végétariens. Avant de lui ouvrir de nouveaux horizons…

Grave, de Julia Ducourneau | © Wild Bunch

Pour asseoir leur aura horrifique, les œuvres d’épouvante font volontiers précéder leur sortie de rumeurs insolites censément survenues lors des premières séances publiques, nourries d’évanouissements, syncopes et autres catalepsies.

Grave n’échappe pas à cette tradition (commerciale) ; il tranche cependant par son origine “exotique” pour un film de genre — la France — et ses aspirations esthétiques revendiquées. Le fait qu’il ait en sus été présenté à la Semaine de la Critique l’a nimbé d’emblée d’un prestige de ravissant monstre, qui a alléché tous les assoiffé(e)s d’hémoglobine scandaleuse et de transgressions sur grand écran.

Le grand écarlate

Julia Ducournau use avec délices des lignes de fuites et des profondeurs offertes par le décor de l’école — un personnage en soi, tout en angles et rugosités grises. Dans chacune des séquences de son film affleure son désir de composer le plan dans sa plus juste architecture, son plus complet équilibre chromatique.

Cette application manifeste trahit la bonne élève, et fait écho au désir de maîtrise de son personnage, confrontée à l’appropriation d’un nouveau mode d’expression — en l’occurrence pour Justine (clin d’œil au divin marquis), un langage primal et organique.

La cinéaste ne manque ni d’audace, ni d’inventivité pour parvenir à l’efficacité brute. Corps putrides et décorations de chairs ne sont pas épargnés pour donner à Grave ce sang dont sont dépourvues les timides tentatives de gore hexagonales.

Manque toutefois encore un peu de substance dans l’écriture, souffrant de la maladie du cartésianisme et d’un de brin court-métragisme résiduel — quelle déception que cette fin à chute !

Notons pour conclure la remarquable cohérence de Julia Ducournau dans le registre sémantique de l’écarlate : elle court jusqu’à son générique, où figurent une comédienne prénommée Garance et la société de production Rouge international. Sang blague !

Grave de Julia Ducournau (Fr, int. -16 ans, 1h 38) avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella…

Par Vincent Raymond sur Petit-Bulletin.fr


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