L’étude sur l’utilisation du vélo dans les déplacements domicile-travail a été publiée ce mardi 17 janvier. Palmarès oblige, il y a les bons et les mauvais élèves. Strasbourg est la ville la plus « cyclable » de France avec 16% de ses actifs qui pédalent tous les jours vers leur travail, suivie de Grenoble (premier cocorico) avec 15,2% d’actifs sur la selle et Bordeaux (11,8%).
C’est le podium des grandes villes.
Un peu plus loin, à la 9e place parmi les grandes villes, on trouve Lyon avec 5,9% d’actifs ayant déclaré se rendre à leur travail principalement en vélo. Lyon arrive derrière les villes suivantes :
- Rennes (7,3%)
- Tours (7%)
- Toulouse (7%)
- Nantes (6,2%)
- Montpellier (6,2%)
- Lyon (5,9%) et présente un chiffre équivalent à celui d’Angers.
Plus de cyclistes que de motards pour aller au boulot
Voilà pour le « top dix ». Autour de Lyon, l’INSEE annonce 4,7% d’actifs à vélo à Villeurbanne, 2,7% à Clermont-Ferrand et 1,1% à Saint-Étienne. Si on élargit maintenant l’échelle de territoire, 3% des actifs du Rhône déclarent aller au travail à vélo et 2,2% des actifs d’Auvergne-Rhône-Alpes. Deux chiffres supérieurs à la moyenne nationale (1,9% des actifs).
Ces chiffres sont disponibles grâce à l’introduction en 2015 d’une catégorie spécifique vélo (y compris à assistance électrique) parmi les modes de déplacement dans les questionnaires. Auparavant, deux-roues motorisés ou non étaient mélangés. Cette distinction permet donc d’avoir des chiffres plus précis et de constater par exemple qu’à cette date en Auvergne-Rhône-Alpes il y avait deux fois plus de cyclistes que de motards (1,1%) sur les routes pour se rendre au travail.
Ces chiffres montrent très clairement que la pratique du vélo pour se rendre au travail est une très urbaine. L’INSEE note ainsi que :
« Dans la région comme en France, l’utilisation du vélo fléchit dès qu’on franchit les limites communales des villes centres des grands pôles urbains. Elle baisse de plus de la moitié dans les communes de leur banlieue et tombe à moins de 1 % dans les communes des couronnes périurbaines. »
De même, l’emploi du vélo est sans grande surprise privilégié pour les distances relativement courtes. Les statistiques de l’INSEE indique que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour les trajets domicile-travail jusqu’à 4 kilomètres, la marche à pied (recensée avec la trottinette et roller) est préférée au vélo.
Il y a ainsi 8 fois plus de marcheurs à pied pour des trajets de moins de 1 kilomètres, 5 fois plus de marcheurs pour des trajets compris entre 2 et 3 kilomètres.
Ce regard porté sur l’utilisation du vélo ne doit pas faire oublier la place de la voiture, toujours largement majoritaire parmi les modes de déplacements pour se rendre au travail. 74,5% des actifs utilisent la voiture (ou une camionnette) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Bien plus que la moyenne nationale (70%).
Dans la région, les transports en commun représentent 10,5% des déplacements quotidiens vers le lieu de travail quand la moyenne nationale est de 14,8%.
Lyon derrière Tours ou Rennes, c’est grave ?
6% d’actifs à vélo quotidiennement ou régulièrement à Lyon, c’est bien ou pas alors ? Pris en compte de façon spécifique depuis peu par l’INSEE, l’évolution de l’utilisation de ce mode de transport est donc difficilement mesurable avec ces chiffres.
Les mesures effectuées par la Métropole de Lyon indiquent eux que la pratique se développe fortement. Trouver Lyon derrière des villes de moindre importance comme Montpellier, Tours ou Rennes pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un résultat plutôt décevant.
Ce chiffre est certainement à mettre en regard, vis-à-vis de ces villes du réseau de transports en commun plus important et développé à Lyon et son agglomération. Une offre qui séduirait donc les usagers au détriment du vélo.
La Métropole de Lyon répète ainsi souvent que 70% de ces trajets se font en transport en commun sur les territoires de Lyon et Villeurbanne.
Toutefois, l’accessibilité et le développement du réseau cyclable de la Métropole ne faisait pas partie des plus performants il y a peu pour l’Observatoire des mobilités actives.
« Le libre service ne suffit pas »
Sur son blog hébergé par Le Monde, le journaliste spécialisé Oliver Razemon, note ainsi que les politiques volontaristes en la matière des maires actuels de Grenoble ou Bordeaux et de plusieurs exécutifs municipaux à Strasbourg portent leurs fruits. Les trois villes sont sur le podium. Certaines en revanche n’obtiennent pas forcément de bons résultats :
« Nantes en a fait des tonnes, notamment au moment du congrès mondial Velocity (récit ici), avec un résultat finalement mitigé : à peine 0,3 points de plus que sa discrète voisine Angers ».
Avec un taux de cyclistes à peine plus élevé (6,2%) Nantes fait donc à peine mieux. Alors pas si mal Lyon finalement ?
Toutefois, les associations de cyclistes alertent régulièrement sur l’intérêt et la nécessité à leurs yeux de faire pour la Métropole de Lyon plus et mieux en matière de vélo dans une ville particulièrement touchée par la pollution atmosphérique.
Cette dernière avance le déploiement du Vélov et l’augmentation des kilomètres de pistes cyclables. Le collectif Valve notamment a ainsi interpellé Gérard Collomb sur son manque d’ambition en la matière dans le projet de rénovation du quartier de la Part-Dieu.
Enfin, pour Olivier Razemon le « libre service » ne suffit pas en matière d’offre de location de vélo. Il remarque ainsi que les deux premières villes du classement proposent des locations de longue durée. Une offre de grande ampleur qui fait encore défaut dans la Métropole de Lyon.
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