De Jean-Luc Mélenchon à Manuel Valls, tout le monde a le mot « rassemblement » à la bouche. Et les perspectives d’une candidature commune de la gauche s’éloignent de plus en plus.
Alors que la primaire du PS élargie s’accélère, que Mélenchon va entrer dans sa deuxième année de campagne, que Jadot lance la sienne et que la Macron-mania ne passe pas, un petit groupe de militants tente de coller les morceaux.
Lancé le 1er mai dernier, l’Appel des 100 rassemble des syndicalistes, des politiques et des universitaires. Ils entendaient alors profiter de la dynamique du mouvement social contre la loi travail pour impulser un mouvement politique « unitaire », des frondeurs du PS au NPA. Et rattraper le coup de l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, au nom de la France insoumise, qui a pris tout le monde de court.
« On court à la catastrophe et on continue »
Pour éviter le scénario redouté, « une vague bleue azur ou bleue marine », les initiateurs de cet Appel des 100 veulent « mettre l’accent sur ce qui rassemble et non ce qui divise ». D’où l’élaboration de « mesures d’urgence » dans lesquelles la « gauche de transformation » (comme ils la nomment) du NPA au PS pourrait se reconnaître.
Marie-Christine Vergiat, députée européenne, élue sur une liste Front de gauche dans le Sud-Est, est l’une des piliers de cet appel :
« Jadot et Mélenchon ont pour la plupart les mêmes propositions. Mais ce sont les querelles d’égo et les logiques partidaires qui l’emportent. On court à la catastrophe et on continue ».
53 propositions ont été élaborées cet autonome pour montrer que des ponts sont possibles. Les réunions publiques continuent pour creuser ce sillon. La prochaine a lieu ce samedi 14 janvier, à Lyon, sous la forme d’un café-débat.
« Un espace pour rebondir »
Les initiatives locales sont modestes et l’Appel peine à exister nationalement. Lyon est la principale ville où s’est développée la démarche. Notamment autour de la maire du 1er Nathalie Perrin-Gilbert, d’Aline Guitard (PCF), d’Armand Creus (Ensemble) et de quelques écolos.
En bref, il s’agit du réseau déjà mobilisé et uni pour les dernières élections municipales sous l’étiquette « Lyon citoyenne et solidaire ». Une centaine de signataires lyonnais sont revendiqués.
Pour l’instant, on ne peut pas dire que cette démarche a été couronnée de succès. Mais ses animateurs ne sombrent pas dans le découragement.
Pour eux, il est hors de question d’abandonner et d’aller rejoindre la France insoumise pour faire la campagne de Jean-Luc Mélenchon, comme ils ont pu le faire en 2012. L’ancien conseiller régional Front de gauche, Armand Creus, a des mots durs pour le candidat dont il est pourtant le plus proche :
« On veut favoriser l’irruption citoyenne pour construire l’alternative. Or, la candidature de Jean-Luc Mélenchon, c’est du populisme de gauche, la rencontre d’un homme providentiel avec le peuple. Cet espace politique verrouillé ne nous correspond pas. Nous voulons construire un autre espace pour rebondir ».
C’est que les initiateurs de l’Appel des 100 voient plus loin que les élections présidentielles et les législatives, en construisant sur les « décombres » du PS, du Front de gauche et d’EELV. Armand Creus ajoute :
« On veut tirer les leçons des échecs du PS, d’EELV et, surtout pour nous, du Front de gauche. On arrive à s’entendre dans les luttes sociales ou environnementales, pourquoi on n’arrive pas à s’entendre au niveau politique ? Il faut poser des jalons, au-delà de la présidentielle ».
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