Le constat est sans appel : en quatre décennies, la part des ouvriers a été divisée par 3 dans Lyon. En 1975, la ville abritait 34% d’ouvriers, ils ne représentent plus en 2013 que 11,7% de sa population. C’est ce que quantifie une étude publiée par l’INSEE Auvergne-Rhône-Alpes le 21 décembre dernier.
Dans les quartiers de la Croix-Rousse et des Pentes, la progressive disparition de la population ouvrière autrefois fortement implantée est même spectaculaire.
- 1er arrondissement : 40,2% d’ouvriers en 1975, seulement 7,6% en 2013
- 4e arrondissement : 33,8% d’ouvriers en 1975, seulement 9,2% en 2013.
L’INSEE parle très directement d’un « laboratoire de la gentrification ». Du nom de ce phénomène sociologique décrivant la transformation sociale d’un quartier historiquement populaire où s’installe une population plus qualifiée issue des classes moyenne et supérieure et devenant progressivement dominante.
Avec des répercussions sur la vie du quartier ou ses types de commerces.
Le 1er arrondissement est un de ceux où la part des cadres et professions intellectuelles est la plus importante (36,6% des actifs). Même chose pour le 4e arrondissement, avec 33% de cadres parmi ses actifs quand la moyenne de Lyon est de 29%.
Une évolution spectaculaire sur les Pentes
Pour l’INSEE, l’évolution est même davantage marquée dans le secteur des Terreaux et des Pentes de la Croix-Rousse que sur son plateau. Un propos et des chiffres qui vont dans le sens du travail de la sociologue Anaïs Collet qui avait choisi le quartier des Pentes de la Croix-Rousse pour mener et illustrer une étude sur la gentrification en France.
Le 1er arrondissement est un secteur où la population qualifiée n’a cessé de croître ces quatre dernières décennies. En 2013, près de 44% des plus de 25 ans ont un niveau d’études supérieur ou égal à Bac+3. L’institut relève également que la population du 1er arrondissement présente davantage de professions des arts et du spectacle (7%) que les autres arrondissements de Lyon où elles représentent en moyenne 2% des actifs.
Ceci explique que le niveau de vie dans ces arrondissements « gentrifiés » reste toutefois inférieur à d’autres secteurs de la ville (comme le 6e) où la part de cadres du privé est plus importante parmi les professions qualifiées. Profession qualifiée n’étant pas toujours synonyme de haut revenu. Ainsi, le revenu médian annuel s’élève en 2013 à 21 600 euros dans le 1er arrondissement contre 28 300 euros dans le 6e arrondissement. Il est de 23 900 euros dans le 4e arrondissement.
Le 4e est donc plus riche que le 1er et présente également un taux de population vivant sous le seuil de pauvreté plus faible (9% contre 16% pour le 1er). Toutefois, 1er et 4 arrondissements présentent des niveaux de revenus supérieurs à la médiane de la ville établie à 21 700 euros annuels.
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