A la veille de Noël, la fédération qui regroupe les associations de l’hébergement d’urgence, la Fnars, agite une fois de plus la sonnette d’alarme.
De communiqué en communiqué, le discours se répète.
Dans le dernier, délivré le 22 décembre, la Fnars « s’inquiète de la situation alarmante en Rhône-Alpes » et particulièrement à Lyon. Et pour cause.
1 800 personnes ont appelé le 115 mais n’ont pas obtenu de place d’hébergement d’urgence. Ce chiffre date de début décembre et prend en compte une période de deux semaines. Depuis, la Maison de la veille sociale (MVS) ne fournit plus cet indicateur.
Audrey Sibellas, coordinatrice régionale, parle d’un « minimum » :
« Cela ne prend pas en compte ceux qui n’appellent plus le 115 car ils savent qu’il n’y a pas de place disponible ».
Les associations adhérentes de la FNARS évoquent ainsi le chiffre de « 2 000 personnes sans solution ».
C’est ce chiffre qui a été repris dans un article du Progrès du 19 décembre, avec ce commentaire attendu du préfet du Rhône, Michel Delpuech :
« Qu’il y ait des gens en situation précaire et qui recherchent des solutions durables, certes, mais il n’y a pas 2 000 personnes à la rue à Lyon. Sinon, qu’on me dise où sont ces personnes et qui sont-elles. »
Audrey Sibellas de la Fnars répond au préfet par une question :
« Est-ce qu’il considère que les personnes qui vivent dans un squat, un bidonville ou dans leur voiture et qui appellent le 115 n’ont pas vraiment besoin d’hébergement ? Évidemment ces personnes là sont des sans abri ».
Un plan froid toujours insuffisant
Comme nous l’écrivons chaque année, à propos de ces plans élaborés pour héberger les SDF l’hiver à Lyon :
Le plan froid 2016/2017 est déjà insuffisant. Il compte 727 places. Il atteint le chiffre symbolique de 1 200, si on ajoute les places de gymnases qui pourraient être ouvertes en cas de « grand froid » et les 63 places de Villefranche-sur-Saône et des alentours.
Qui plus est, ce chiffre reste théorique. Les ouvertures de structures se font progressivement tout le long de l’hiver. Actuellement, 320 places sont disponibles. Et 2 000 personnes appellent le 115 et ne trouvent pas de places.
Le discours d’Emmanuelle Cosse et la réalité
Ces places « saisonnières » viennent s’ajouter aux structures d’hébergement ouvertes toutes l’année qui affichent complets.
A ce sujet, la Fnars note « des efforts » avec 4 563 personnes sans abri aujourd’hui hébergées « dans un dispositif d’hébergement pérenne », selon les seules données disponibles sur le site de la préfecture du Rhône.
Mais la fédération relève un hiatus entre le discours tenu au niveau national par la ministre du logement (ex-EELV) Emmanuelle Cosse et la réalité locale.
Dans un courrier aux préfets relayé par un communiqué de presse, elle annonçait « sortir définitivement de la gestion saisonnière », en insistant sur « mobilisation des préfets » et « l’hébergement inconditionnel ».
Audrey Sibellas de la Fnars s’interroge ainsi sur la volonté politique à l’oeuvre :
« Pourquoi une politique nationale porteuse des valeurs des associations n’arrive-t-elle pas à être appliquée localement ? La question porte aussi sur l’implications des collectivités locales qui freinent des quatre fers quand on parle d’ouvrir un centre d’hébergement. »
L’explication avancée rejoint la critique récemment formulée par d’autres collectifs ou association. Ainsi le Mrap, dans un communiqué, soulignait la dichotomie entre la « relocalisation » dans la région des migrants de Calais et l’absence d’hébergement pour les migrants n’ayant pas transité par Calais :
« D’un côté, le préfet se vante d’accueillir dans la région des centaines de migrants en provenance de Calais (dans des centres d’accueil et d’orientation, ndlr). De l’autre, il laisse à la rue, dans des conditions épouvantables, des dizaines de familles en procédure de demande d’asile ».
Dans un dernier recensement daté de début décembre, le collectif Jamais sans toit dénombrait 115 enfants scolarisés (soit 63 familles) SDF.
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