« C’est une discipline, mais également un art. Il n’y a rien de mystique ni de sale dans le shibari. Il n’y a que des gens mystiques ou sales. C’est l’individu qui fait la corde, pas l’inverse », explique Hwajae Yong, alias Dragon, qui a créé Lyon Shibari en 2013.
Il s’agit de la première structure associative en France entièrement consacrée à cet art.
FloZif, performeuse et organisatrice d’ateliers autour des cordes, qui sera visible cette semaine à Lyon pour une performance à l’occasion du festival Onlyporn, complète :
« La pratique des cordes se démocratise depuis quelques années, elle devient moins taboue, mais les préjugés persistent car cette discipline est souvent assimilée au sexe, à la soumission et à la douleur. »
« De l’échange, pas de la domination »
Historiquement, quatre pôles ont influencé la pratique du shibari : la torture pendant l’époque Sengoku (la corde servait notamment à écarteler les individus), la justice lors de la période Edo (la corde était un moyen de punir), les arts martiaux (la technique hojõjutsu permettait d’immobiliser un prisonnier) et la sexualité (la corde servait aux viols conjugaux).
Dragon tient à faire quelques précisions.
« L’unique point commun entre ces quatre pôles est le fait que la corde n’était pas du tout consensuelle. À la fin des années 1800, Ito Seiu a décidé d’en faire un art. Les pratiques les plus dangereuses et violentes ont été enlevées ou édulcorées. Aujourd’hui, le shibari est une pratique d’échange, et non pas de punition ou de domination »
La pratique, la promotion et la popularisation de l’art de la corde sont les buts de l’association Lyon Shibari, explique Dragon :
« La première année, nous comptions trente membres. Aujourd’hui, nous en avons une centaine. Notre rôle est de donner la connaissance nécessaire pour pratiquer en sécurité. Le shibari est un art noble, mais dangereux. Une corde mal placée compresse un nerf et on ne commande alors plus sa main… Les risques sont sanguins et nerveux. »
« C’est mon yoga à moi »
Chaque mardi soir, et une fois par mois lors de workshops, une dizaine de binômes investissent les locaux de La Méduze pour apprendre les techniques de base et progresser.
Sur place, des jeunes (majeurs), des plus âgés, des femmes, des hommes, des gens aisés, d’autres moins, des hétéros, des homos… écoutent avec sérieux les conseils distillés par Dragon, apprennent à faire des gote shibari (nœuds) et s’attachent à l’aide d’une corde en jute de huit mètres.
L’ambiance est détendue, l’absence de jugement flagrante.
Dragon ironise :
« Ici, on parle de tout librement. On interdit seulement les allusions sexuelles, pour éviter les dérives. Une main déplacée, c’est ma main déplacée ».
Nathalie, une enseignante de 50 ans, assiste au cours pour la seconde fois :
« C’est mon yoga à moi. J’ai l’impression de me réapproprier mon corps. »
Aurélie, 26 ans et comédienne, pratique le shibari depuis plus d’un an :
« Au-delà de l’excitation sexuelle que cela produit dans le privé, ça m’apaise. »
Greg, 33 ans, informaticien, est un habitué des lieux :
« Plus on maîtrise la technique, plus l’émotion entre l’attacheur et son partenaire passe. »
Dragon confirme :
« Les cordes peuvent faire sortir les émotions les plus enfouies, il y a une connexion et une communication entre l’attacheur et l’attaché, alors qu’il n’y a aucune parole ! »
La condition ? S’accorder avant de s’encorder.
Par Julie Hainaut, sur petit-bulletin.fr

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