Peu avant 18h, la librairie, située à proximité de la place Colbert, a été attaquée.
Selon plusieurs témoins, une vingtaine de personnes avec « pavés et barres de fer » ont foncé sur le local. La douzaine de personnes qui s’y trouvaient ont eu le temps de baisser le rideau. Aux cris de « La France aux français », les assaillants ont tenté d’enfoncer le rideau de fer. Des vitres ont été brisées. Quatre personnes ont été légèrement blessées, touchées par des éclats de verre.
L’agression a duré une dizaine de minutes.
« Ces militants fascistes n’ont pas été inquiétés »
Ce n’est pas la première fois que la librairie est visée. En 1997, à l’époque où elle se situait rue Pierre-Blanc, un incendie criminelle l’avait réduite en cendres.
Aujourd’hui logée au 8 rue Diderot, la librairie sert de local à la Coordination des groupes anarchistes (CGA), principale organisation anarchiste lyonnaise, et particulièrement implantée sur les Pentes de la Croix-Rousse.
Dans un communiqué publié dimanche, la CGA dénonce la « complaisance » de la police alors que le rassemblement des catholiques traditionalistes avait été interdit par le préfet.
La CGA fait le rapprochement entre le service d’ordre de la manif composé de membres du Parti nationaliste français, de l’Action française et du GUD, et l’attaque subie en fin d’après-midi.
« Ces militants fascistes, ouvertement préparés à mener des actions violentes, n’ont pas été inquiétés ou contrôlés par les nombreux policiers présents, qui ont d’ailleurs assuré la protection du rassemblement en tenant à distance militant-e-s antifascistes et autres habitant-e-s du quartier ».
La tonalité est la même dans un communiqué « d’habitants de X-rousse », proches des militants antifascistes, où l’on parle d’« autodéfense » à venir. « Les habitant-es assureront leur propre sécurité », annonce ce texte.
Plaintes des victimes
Au-delà des réseaux libertaires, d’autres organisations de gauche réagissent, des Jeunesses communistes au Parti de gauche qui « attend la réponse la plus ferme de la Préfecture à l’encontre de ces mouvements d’extrême-droite et la condamnation des auteurs de ces actes de violence ».
Quant à la maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, elle vise les organisateurs du rassemblement et étudie la possibilité de porter plainte.
« Nous rappelons que cette manifestation avait été interdite par la Préfecture. Les organisateurs devront répondre des conséquences que son maintien a occasionné ».
Samedi soir, elle avait appelé le préfet du Rhône qui lui avait assuré que des suites judiciaires seraient données.
Pour le moment, ce ne sont pas les élus du 1er arrondissement qui ont porté plainte, mais les victimes qui ont été accompagnées dimanche par trois élus (Nathalie Perrin-Gilbert et deux autres conseillers d’arrondissement) au commissariat central de Lyon.
Au total, trois plaintes ont été déposées pour agression dont celle du trésorier de l’association gestionnaire de La Plume Noire.
Une procédure engagée par le Préfet contre les organisateurs
Contactée ce mardi matin, la préfecture du Rhône annonce qu’une procédure judiciaire a été engagée contre les organisateurs, confirmant les propos de la maire du 1er arrondissement.
C’est désormais au procureur de la République de Lyon de se prononcer.
Rappelons que la manifestation avait fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’interdiction au motif, précisément, qu’ »un grand nombre de militants des droites extrêmes dont le comportement violent a souvent été constaté » étaient annoncés ce samedi.
Une semaine après, un rassemblement de soutien
Quatre jours après l’attaque de la librairie, un « appel à un rassemblement populaire » circule, lancé par La Coordination des Groupes Anarchiste de Lyon :
« Cette attaque n’est pas un fait isolé, elle s’inscrit dans la montée en puissance actuelle de l’extrême droite et la multiplication des agressions contre les minorités, les militant-e-s… »
Cette manifestation devrait se tenir ce samedi, place Colbert à 15h, au même endroit et à la même heure que celle des catholiques traditionalistes.
>> Lire notre article Malgré l’interdiction du préfet, les cathos traditionalistes ont manifesté
> Article mis à jour le 22 novembre à 10h30 avec les précisions sur les plaintes déposées dimanche.
> Mis à jour le 22/11 à 11h25 avec les précisions sur la procédure engagée par le préfet du Rhône.
> Mis à jour le 24/11 à 13h30 avec l’annonce d’un rassemblement le samedi 26 novembre.

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…