On le connaît bien à Lyon, où il a longtemps été correspondant pour Libération, et hyper-actif sur feu le très bon blog Libélyon. Olivier Bertrand, journaliste et cofondateur du site Les Jours, a été arrêté vendredi en Turquie où il a été détenu trois jours.
Il travaille depuis un an sur l’actualité politique et sociale de ce pays, via une rubrique du site d’infos intitulée La charnière.
Il était donc de retour en Turquie, à Gaziantep (sud-est du pays), à proximité de la frontière syrienne, pour lancer des articles consacrés à l’après coup d’état, lorsqu’il a été interpellé. Son matériel a été saisi vendredi dans l’après-midi.
Il était accompagné d’un photographe turc qui a été relâché le vendredi soir.
Olivier Bertrand a été placé en garde-à-vue, la police invoquant un manque de documents et d’accréditations pour exercer son métier de journaliste.
Dimanche soir, il a finalement pris l’avion, renvoyé par les autorités turques en France.
Olivier Bertrand vient d’arriver à Paris pic.twitter.com/WneVJEFbgw
— charlotterotman (@charlotterotman) November 13, 2016
Ce lundi matin, Olivier Bertrand annonce via Facebook le récit à venir de ces trois jours suspendus :
« […] Je veux écrire le récit de ces trois jours un peu kafkaïens. Ils ne sont rien malheureusement à côté de ce que des centaines d’opposants subissent en ce moment dans les commissariats et les prisons turcs. Mais ils racontent d’une certaine façon une part de cette Turquie qui devient folle, plonge dans la dictature.
En détention, j’avais un livre précieux. De Yachar Kemal. Précieux parce que j’aime beaucoup cet auteur turc, découvert cet été et qui m’a tenu jolie compagnie en cellule.
Et parce qu’avec un bout de crayon fourni par un co-détenu (quelles belles solidarités j’ai croisées…), j’y ai consigné jour après jour ce qui m’arrivait, ce que je voyais autour de moi. Je suis en train d’écrire cela pour Les Jours, ce sera en ligne demain matin si je ne traine pas en route.
Quelle que soit la façon, je suis déterminé à continuer de travailler sur la Turquie. Plus déterminé qu’avant ces trois jours… »

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