Les journées de l’économie (dites Jeco) à Lyon constituent un événement placé au centre de la vie politique de la ville sur la période, avec un programme de conférences relativement variées et faisant appel à des personnalités du monde de l’entreprise, des sciences humaines, de l’université, etc.
Gérard Collomb les inaugure traditionnellement et, pour cette édition 2016, il a axé son propos sur… l’école.
Issu d’un milieu modeste…je ne suis pas sûr que l’école d’aujourd’hui m’aurait permis d’avoir le parcours que j’ai eu.#JECO2016
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) November 8, 2016
Un thème pris non pas sous l’angle local et, dans le ton, assez éloigné de ses discours introductifs, habituellement centrés sur la modification du visage de la ville de Lyon et ce qu’il y réalise depuis maintenant trois mandats. De quoi étonner Eric Lafond, qui a été conseiller municipal d’opposition et qui voit là une forme de « nationalisation » du débat chez le maire PS, qui est le premier VRP depuis quelques mois d’Emmanuel Macron.
Si ce dernier n’a toujours pas fait acte de candidature en vue des élections présidentielles, ses soutiens et ses équipes s’agitent sur le terrain. Gérard Collomb ne va pas s’en priver.
Un virage dans la compol’ de l’édile de Lyon qui n’a pas échappé à Éric Lafond. Il relève :
« Je n’avais jamais entendu le Maire de Lyon s’exprimer avec autant de vigueur sur le sujet. De prime abord, j’acquiesce à cette déclaration, tant je partage l’idée que notre École doit être repensée en profondeur pour répondre aux attentes de ses acteurs (apprenants, enseignants, parents d’élèves) et de la société.
Il a été conseiller municipal dans le 3è arrondissement et s’est présenté plusieurs fois aux élections face à Gérard Collomb, sur une liste Modem en 2008 avant de se débarrasser de l’étiquette orange en 2014 (il a obtenu cette année-là 3,7% des voix). Lors de cette campagne à Lyon, Gérard Collomb a dit d’Eric Lafond qu’il avait de « bonnes idées ». Dans ce communiqué que nous publions sous forme de tribune, l’élu local fait sans surprise acte de candidature pour les prochaines élections municipales. Rue89Lyon
Puis, je m’interroge sur les motivations de celle-ci. Notamment à l’aune du débat des dernières élections municipales où le Maire sortant avait montré si peu d’appétit pour une approche ambitieuse de la réforme des rythmes scolaires.
On se souvient que cette réorganisation était abordée uniquement comme une contrainte, budgétaire notamment. A aucun moment, elle ne fut envisagée comme une opportunité pour la politique locale d’impacter favorablement le système d’instruction publique.
Nous fûmes les seuls à proposer une réforme articulée autour des nouveaux rythmes imposés par l’Etat dans la perspective d’élargir les horizons des enfants et de proposer, au sein de l’Ecole, des savoirs complémentaires à ce qu’apportent les enseignants. Et le refus des autres candidats de venir sur ce sujet empêcha le débat.
Au final, ce qui a été mis en place est au mieux une garderie, au pire une simple mesure technique pour s’adapter à la loi. Son impact éducatif sera nul. Rappelons ici que plus de 40% des enfants ne participent pas à ces temps du vendredi après-midi.
La faiblesse récurrente de l’Etat sur le sujet impose que les collectivités locales s’impliquent sur la question de l’instruction publique. Le Maire de Lyon a raté l’opportunité en 2014. Voudra-t-il faire avec la Métropole (écoles primaires et Collèges) ce qu’il n’a pas imaginé pour la ville ?
A moins qu’il ne s’agisse que d’une déclaration pour seulement étayer son engagement dans la politique nationale. Son soutien actif à Emmanuel Macron le conduit à s’éloigner le plus possible du bilan gouvernemental. De facto, la déclaration est aussi un non satisfecit à celui de la Ministre de l’Education Nationale qui, depuis 3 ans, était supposée avoir « refondé » l’École. D’une pierre deux petits coups politiques, mais aucun changement à attendre. »

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…